Une décision difficile à comprendre

THETFORD. Les propriétaires de la Maison de la coiffure du secteur Robertsonville ont eu la mauvaise surprise, en mai dernier, de découvrir que leur projet de rénovation ne serait pas accepté par la Ville, ce qui les obligerait à puiser encore plus profond dans leurs poches dans le but de satisfaire aux exigences municipales afin de refaire l’extérieur du bâtiment.

En effet, après analyse de leur dossier, le Comité consultatif d’urbanisme (CCU) a décidé de refuser le clin de vinyle (clabord) d’abord préconisé, choix qui a été entériné par la Ville de Thetford Mines lors de la séance publique du 15 juin. Les propriétaires Manon Groleau, Sylvie Berthiaume, France Bolduc et Marie-Michèle Sylvain ont reçu l’avis qu’elles devraient plutôt utiliser des matériaux de type parement de fibrociment ou de bardeaux.

«Si nous mettons quelque chose de similaire à ce qu’il y avait avant, soit des bardeaux de cèdre, cela représenterait 12 000 $ de plus dans notre budget. On nous a donné l’idée d’une alternative qui coûterait 5000 $ de plus, mais ça reste quand même beaucoup d’argent. Quand elle fait un budget, la Ville veut le respecter, alors c’est la même chose pour nous», a soutenu Manon Groleau en entretien avec le COURRIER FRONTENAC.

Non patrimoniale

Par cette décision, le CCU et la Ville veulent avant tout protéger l’aspect historique du bâtiment datant de 1875. Cependant, Mme Groleau a du mal à comprendre cette décision puisque sa propriété n’est pas désignée "patrimoniale". «Nous n’avons pas le droit à une subvention puisque nous ne sommes même pas "patrimonial", mais ils prennent la décision comme si nous l’étions», a-t-elle déploré.

Dans l’avis reçu de la Ville, Manon Groleau mentionne que deux des objectifs énoncés sont de renforcer l’image commerciale et améliorer l’aspect visuel du boulevard Frontenac. «On veut seulement améliorer le look et économiser de l’énergie puisque ça nous coûte cher étant donné que ce n’est pas isolé. Nous voulons aussi que ce soit moins d’entretien. De plus, comme il s’agit d’un commerce, nous ne pouvons pas le faire nous-mêmes et les entrepreneurs ont des frais plus élevés pour les commerçants que pour les résidences», a-t-elle affirmé.

Selon la propriétaire, elles n’ont pas le choix de faire ces travaux puisque l’extérieur était devenu propice aux infiltrations d’eau. «En fin de compte, nous n’agrandissons pas et nous ne la transformons pas, nous la laissons intégrale. Au lieu de mettre du bardeau de cèdre, nous voulions mettre du clin en vinyle avec un même look, la même couleur. Ça aurait été un vert similaire. Nous ne changions pas le toit ni la forme du devant.»

La demande de rénovation a été faite en mai auprès du Service d’urbanisme et très vite, elles ont appris qu’il y aurait un problème avec leur demande de permis. Depuis ce temps, rien n’a avancé.

Tout est en règle

Selon la directrice du Service d’urbanisme de la Ville de Thetford Mines, Gina Turgeon, tout s’est fait dans les règles de l’art du côté de la Municipalité. «Ce bâtiment est de catégorie "architectural" et de ce fait, il est soumis au règlement sur les plans d’implantation et d’intégration architectural. Il s’agit de l’une des plus vieilles résidences du secteur et on souhaite conserver la même apparence. Le CCU en est venu à cette conclusion et a fait une recommandation au conseil municipal. Ce dernier a pris la décision finale sur le choix des matériaux qui devront être utilisés pour faire les rénovations», a-t-elle expliqué.

Comme le bâtiment n’est pas désigné en tant que patrimoine, Mme Turgeon a tenu à préciser que le CCU n’a pas été aussi strict qu’il aurait pu l’être. «Même si une décision a été rendue, elles peuvent toujours demander une autre analyse incluant d’autres sortes de matériaux», a-t-elle précisé.

Informer les propriétaires

Le plan-projet a fait l’objet d’un vote lors de la séance publique du conseil qui s’est terminée en faveur de la recommandation du CCU à six voies contre trois. Le conseiller du district de Robertsonville, Daniel Poudrier, faisait partie des trois qui s’opposaient à cette recommandation. «En raison des coûts que cela engendrait aux propriétaires, je ne croyais pas que c’était nécessaire. Au coup d’œil, le clin en vinyle ne changerait pas grand-chose. La maison n’est pas identifiée patrimoniale non plus», a-t-il insisté.

«Pour l’image de la ville, plusieurs voyaient ça comme une nécessité. D’ailleurs, il y a des discussions afin d’identifier ce type de bâtiment et mettre les propriétaires au courant qu’ils ne pourront pas faire n’importe quelle rénovation. Il fallait bien que ça commence quelque part et il semble que ce soit avec cette bâtisse-là», a-t-il conclu.

Décision de la Ville

Voici un extrait de l’avis reçu par les propriétaires de la Maison de la coiffure :

Propriétés situées en bordure du boulevard Frontenac

Les objectifs applicables :

– Mettre en valeur le principal pôle commercial régional

– Encourager l’implantation d’établissements commerciaux d’envergure et d’édifices administratifs

– Renforcer l’image commerciale du boulevard Frontenac

– Améliorer l’aspect visuel du boulevard Frontenac

Critères relatifs à l’architecture :

– L’architecture doit être de qualité, la maçonnerie et le verre sont des matériaux à privilégier