René Soucy tirera sa révérence en janvier

THETFORD. Après sept ans à la direction générale de la Ville de Thetford Mines, René Soucy annonce qu’il prendra sa retraite à la fin de la présente année. Il quittera un monde qui l’aura passionné pendant près de trois décennies.

Celui qui aura bientôt 59 ans estime que le présent conseil est sur une bonne lancée et qu’il est temps pour lui de se retirer. «J’ai aimé les 27 dernières années passées dans le milieu municipal. C’est le palier de gouvernement qui livre des projets concrets aux gens. Nous ne créons et ne gérons pas des programmes, nous offrons des services et des infrastructures directement à la population. De ce côté-là, c’est gratifiant et c’est bon de travailler dans un gouvernement municipal», a-t-il confié au COURRIER FRONTENAC.

Bien que son poste demande beaucoup de temps et d’énergie, René Soucy estime que sur le plan personnel ce fut une période de sa vie très enrichissante. «Il y a eu beaucoup de sueurs et de réflexions. La gestion, ce n’est pas une partie de ping-pong. Un moment donné, il faut arrêter la balle et prendre des décisions. Nous sommes aussi payés pour penser et évaluer les alternatives, ainsi que les choix qui s’offrent à nous afin de les présenter à la personne qui va prendre la décision finale.»

M. Soucy dit avoir une relation franche et dynamique avec le présent conseil, même s’il peut y avoir eu divergence d’opinions à certaines occasions. «J’ai toujours pensé que le meilleur projet que je pouvais avoir était celui que j’étais capable de bien vendre au conseil. Après, ça devient son projet et celui de la Ville.»

Il a d’ailleurs accompagné les élus pour que ceux-ci prennent la meilleure décision dans plusieurs gros dossiers, comme celui de l’avenir de la desserte policière par la Sûreté municipale. «C’est un dossier qui s’est étiré sur quelques années. Il y avait plusieurs incertitudes et des variables dans l’équation qui n’étaient pas du tout attachées les unes avec les autres. Il y avait beaucoup d’impondérables et il aura fallu attendre que les planètes s’alignent pour que le conseil soit en mesure de prendre une décision», a-t-il dit.

La réalisation du Centre historique de la mine King a également été un dossier chaud qui demeure toujours critiqué par plusieurs citoyens. «Il faut dire qu’avant l’élection de novembre 2013, nous avons travaillé pendant sept ans avec le même conseil afin de préparer ce projet. Nous avons cependant été obligés de recommencer à zéro avec l’arrivée des nouveaux élus», a partagé M. Soucy.

Il a donc fallu représenter l’information au conseil et le convaincre une fois de plus de sa pertinence. «Définitivement, je crois que c’est un bon projet pour la ville. Ç’a été un beau cas de gestion et c’était bon de voir le conseil s’organiser et se regrouper autour de celui-ci, même s’il y avait des pour et des contre. Au final, le politique a bien géré et bien mené ce dossier.»

Parmi les sujets qui ont également retenu son attention, il y a celui de l’alimentation en eau potable. «C’est un projet que nous avons beaucoup géré à l’interne. Nous étions en mesure de savoir où l’on en était dans ce dossier à tout moment grâce au travail des employés de la Ville. La mise en place de la Commission spéciale de l’eau potable a aussi été une bonne chose», a-t-il mentionné.

La ligne à ne pas franchir

René Soucy croit que ce qui est plus difficile dans le monde politique municipal moderne, c’est la suspicion qu’il y a autour des politiciens et des fonctionnaires. «Mon mentor me disait qu’une ville où ça fonctionne bien, c’est une ville où il y a une bonne complicité entre le maire et son directeur général. Avec la Commission Charbonneau, disons que le mot complicité a changé de saveur.»

Le monde municipal en mutation

Selon M. Soucy, les gestes posés par les gouvernements fédéral et provincial dans le contexte actuel des finances publiques finiront par avoir un impact sur la gestion des municipalités. «Il faudra être sensible à la façon de donner des services aux citoyens en région. Ce que l’on ressent présentement c’est une grande vague de centralisation. Est-ce que c’est un retour de balancier? Ça fait plus de 30 ans que les municipalités réclament plus d’autonomie et plus d’imputabilité, au fil des années ce n’est pas nécessairement cela que l’on voit.»

Le directeur général estime que le gouvernement du Québec met beaucoup de choses sur le dos des MRC présentement. «Les MRC, c’est malheureusement l’organisme qui est mal aimé parce que même avec un préfet élu au suffrage universel, il s’agit d’une structure qui n’a pas beaucoup de comptes à rendre à la population. Il y a de belles choses qui se font dans les MRC, mais souvent ce n’est pas reconnu, entre autres à cause de cela.»

Les défis à relever

René Soucy croit que la région doit se donner les phares dont elle a besoin pour se faire voir ailleurs. Il estime que la vie en région est intéressante et qu’il y a des bijoux de nature près de chez nous. D’après lui, le Centre historique de la mine King sera un atout lorsque celui-ci sera en activités, tout comme le futur centre des congrès. Un troisième appel de propositions a d’ailleurs été lancé lundi.

«Nous avons changé les règles du jeu pour obtenir plus de propositions. Nous avons changé la recette et le four pour que, cette fois-ci, le projet se réalise. C’est un appel d’offres qui sera différent et ce sera à nous au cours des six mois suivant l’ouverture de l’appel à prendre ce projet et l’amener à la phase pré-construction», a conclu celui qui laissera son successeur être le négociateur pour la Ville.

Le saviez-vous?

René Soucy est natif de Mont-Joli dans le Bas-Saint-Laurent. Oeuvrant d’abord à la Ville d’Aylmer à titre d’ingénieur de projet et ensuite comme directeur de l’ingénierie, ainsi qu’au sein du service de la gestion et des opérations du territoire, il est présent dans le milieu municipal depuis près d’une trentaine d’années. En tant que directeur général, il a poursuivi sa carrière à la Ville de Dolbeau-Mistassini et travaille depuis maintenant sept ans à la Ville de Thetford Mines.

Il est détenteur d’un baccalauréat en génie géologique et d’une maîtrise en géologie de l’Université Laval, ainsi que d’une maîtrise à l’École nationale d’administration publique. Depuis plusieurs années, il s’implique au sein de l’Association des directeurs généraux des municipalités du Québec (ADGMQ), dont il a assumé la présidence en 2010-2011.

Source : www.adgmq.qc.ca