Une des plus polluées de l’est du pays

Selon plusieurs études hydrographiques, l’indice de qualité de l’eau de la rivière Bécancour est très mauvais en aval de la ville de Thetford Mines, l’un des pires dans l’est du Canada dans certains secteurs. Une situation ayant  une influence majeure sur tout l’écosystème de la région.

Le bassin versant de la rivière Bécancour draine une région de 2 620 km2. La rivière prend sa source dans le lac Bécancour, où la qualité de l’eau est bonne, et coule sur une distance de 196 kilomètres pour se jeter dans le fleuve Saint-Laurent. Le secteur de la Haute-Bécancour correspond à la portion supérieure du bassin et c’est à cet endroit qu’elle est la plus polluée, soit en aval de Thetford Mines. L’Indice Diatomées de l’Est du Canada (IDEC) de ce secteur s’apparente à une communauté de diatomées (algues microscopiques) vivant dans les cours d’eau les plus dégradés des rivières de l’est du Canada.

Les suspects: coliformes fécaux

Les coliformes fécaux constituent le principal facteur polluant provenant principalement des eaux usées de Thetford Mines. Or, une problématique de coliformes fécaux ne peut qu’être d’origine humaine ou animale. Ils proviennent donc du milieu agricole et des eaux usées urbaines des villes et villages. Les différentes études de multiples sources répertoriées notamment par le Groupe de concertation des bassins versants de la zone Bécancour (GROBEC) démontrent une augmentation de la concentration en coliformes fécaux en aval du rejet de la station d’épuration des eaux de Thetford Mines.

Bien que la station d’épuration respecte les exigences de rejet fixées pour son effluent, cette quantité demeure importante et contribue au problème d’eutrophisation des lacs situés plus en aval, c’est-à-dire l’accumulation de débris organiques, provoquant leur pollution par désoxygénation.

Traitement des eaux usées

Les débordements fréquents des ouvrages de surverse et leur augmentation durant les dernières années sont une problématique considérable pour la qualité de l’eau de la rivière Bécancour. « Il y a trop d’eau qui arrive à l’usine de filtration, ils ne sont pas en mesure de la traiter, alors ça déborde directement dans la rivière. Il faut séparer les eaux pluviales des eaux sanitaires afin de pouvoir traiter une plus grande quantité d’eaux usées, ce qui représente une lourde tâche considérant la superficie de la ville », explique Simon Lemieux, directeur du GROBEC.

« Les eaux à la sortie de la station de filtration de Black Lake sont conformes aux exigences, les problèmes de débordement se trouvent en amont », souligne Alexandre Meilleur, ingénieur responsable du volet Génie et environnement de la municipalité de Thetford Mines. Les surverses ont des conséquences majeures sur l’environnement, car elles rejettent directement dans l’environnement des eaux usées qui n’ont pas été traitées. La Ville de Thetford fait cependant des efforts d’amélioration de son réseau afin de réduire ce type de problématiques. Des travaux sont en cours afin de séparer et distinguer les canalisations pluviales et sanitaires dont la connexion commune est en grande partie responsable des débordements. « La Ville investie aux alentours de 1 M$ par année. Dépendamment du financement que nous aurons, c’est un programme de 10 à 20 ans financé par le municipal, le provincial et le fédéral », ajoute l’ingénieur.

« On peut considérer que la ville a un impact important sur la rivière Bécancour. On ne peut pas se le cacher, la Ville est au courant, l’Environnement est au courant. On nous a dit qu’il risque d’y avoir un resserrement au niveau des rejets de la ville. Considérant qu’il y a eu des cyanobactéries en aval de la ville, il devrait y avoir des exigences supplémentaires imposées par le ministère dans les années à venir », conclut M. Lemieux.

Bref, il s’agit d’une tâche colossale. Les trois paliers de gouvernement travaillent conjointement à la réalisation de cet objectif qui ne représente qu’une partie du problème de qualité de l’eau de la rivière Bécancour et de son bassin versant.