Unique en Amérique du Nord

Bien peu de Thetfordois savent que leur ville abrite la plus importante malterie artisanale en Amérique du Nord. En effet, la Malterie Frontenac prépare du malt naturel, sans additif et avec des céréales d’ici; un produit de plus en plus recherché au Québec et partout à travers le monde, tellement qu’elle ne peut répondre à la demande.

Fondée en 2006, l’entreprise augmente sa capacité de production annuellement pour en arriver à 500 tonnes de malt en 2013. Aucune autre malterie artisanale en fait autant en Amérique du Nord et peut-être même au-delà de ces frontières. « On a ouvert le marché, souligne Bruno Vachon, propriétaire de la malterie thetfordoise. Lorsqu’on a commencé, il n’y avait personne d’autre qui faisait ça ».

Le marché de base de la Malterie Frontenac était les micro-brasseries québécoises, comme À la Fût, Les Trois Mousquetaires, Le Naufrageur, Boquébière et bien d’autres. Elle a également élaboré des produits plus spécialisés pour de grandes brasseries à l’international, comme Samuel Adams de Boston, la plus importante micro-brasserie en Amérique du Nord. Cette dernière utilise le malt de Bruno Vachon pour faire l’Infinium, une bière saisonnière brassée pendant l’été et vendue pendant la période des Fêtes.

Un retour aux sources

La soudaine popularité du malt artisanal s’explique par un changement de mentalité des consommateurs. Comme dans d’autres secteurs d’activité, l’on constate un certain retour aux sources qui valorise les circuits courts et l’achat local. « Avoir du malt artisanal c’est quelque chose de vraiment nouveau et de plus en plus populaire. Même si toutes les micro-brasseries du Québec en voulaient, on ne serait pas capable de toutes les fournir », précise le propriétaire, d’autant plus que le nombre de micro-brasseries a explosé dans les dernières décennies au Québec.

« Notre objectif est de faire le malt comme il était fait traditionnellement, c’est-à-dire de fournir un produit qui donne une identité à une bière. Pas quelque chose de générique qui a tendance à donner des bières qui ne goûtent rien! », affirme M. Vachon. Sa méthode de travail a grandement été influencée par une formation d’un peu plus d’un an qu’il a suivie en Allemagne. D’ailleurs, tous les malts de l’entreprise portent la garantie « Reinheitsgebot » qui assure qu’aucun additif n’a été utilisé dans sa fabrication. Elle produit notamment des malts pour brasser des bières de style pilsner allemand, belge, pale ale anglais et blé malté bavarois.

Les Américains en veulent plus

Bruno Vachon a récemment présenté une conférence sur son métier lors de la Craft Brewer’s Conference (CBC) de Washington à la fin du mois de mars dernier. « On a présenté les enjeux du maltage artisanal, ce que l’on offre aux micro-brasseries et ce qui nous différencie des grosses malteries ».

En effet, l’Association des brasseurs américains considère que le maltage artisanal est en train de transformer l’industrie et de devenir un attrait important pour les micro-brasseries. La CBC est le plus grand rassemblement annuel du genre en Amérique du Nord avec plus de 7 000 participants en 2013. « Cette année, un volet sur le maltage était prévu à la conférence. Je faisais partie des trois malteurs artisans invités à présenter leur entreprise, explique-t?il. Il s’agit d’une superbe opportunité de représenter la région de Thetford devant des milliers de participants venus de partout ».

Bruno Vachon a aussi profité de sa présence à Washington pour faire du réseautage avec, entre autres, des universitaires impliqués dans la recherche sur l’orge brassicole et le maltage, de nombreuses micro-brasseries de partout, de même qu’avec diverses associations reliées à l’industrie.

D’ici 10 ans, M. Vachon souhaite que la Malterie Frontenac puisse produire 5 000 tonnes de malt, soit 10 fois plus qu’aujourd’hui.