La Chaudière-Appalaches est en santé!

CHAUDIÈRE-APPALACHES. Où vit-on le plus vieux au Québec? Quelle région présente le plus de cas de cancer? Qui fume le plus ou consomme le plus d’alcool de manière abusive? Est-il plus facile de dénicher un médecin de famille à Montréal ou à Québec? Une vaste compilation réalisée par TC Media grâce à la mise en commun d’une foule de banques de données révèle que les habitants du Québec présentent des bilans de santé bien différents d’une région à une autre.

En ce qui a trait à Chaudière-Appalaches, la région se démarque particulièrement au chapitre de la longévité. En effet, c’est en Chaudière-Appalaches que l’on vit le plus longtemps, avec une espérance de vie de 82,6 ans à la naissance et de 21,1 ans à l’âge de 65 ans. La région se démarque également par un pourcentage de fumeurs plus faible qu’ailleurs, soit 21,4 % par rapport à 24,2 % à l’échelle du Québec.

Pourquoi une telle chance? Selon Marie-Noëlle Lavoie, coordonnatrice des services préventifs pour la direction de la santé publique à l’Agence de Santé et de Services sociaux (ASSS) de Chaudière-Appalaches, plusieurs facteurs peuvent influencer sur l’espérance de vie : scolarité, comportement, alimentation, milieu de travail, etc. Également, elle sait que plus de 70 % des décès sont causés par des maladies chroniques, telles que des maladies cardiaques, des maladies pulmonaires et des cancers, lesquels sont souvent évitables par l’adoption de saines habitudes de vie.

À ce propos, mentionnons que le cancer est en effet la principale cause de décès dans toutes les régions de la province. En 2008, tout près de 19 000 Québécois ont perdu leur combat contre les tumeurs malignes, celles-ci étant responsables d’une mort sur trois (32,8 % – 31,2 % en Chaudière-Appalaches). Les maladies du cœur sont la deuxième cause de mortalité la plus répandue au Québec, avec 19,8 % des décès (19,5 % en Chaudière-Appalaches).

Sachant cela, l’ASSS de Chaudière-Appalaches travaille sur plusieurs axes, soit la promotion d’une bonne alimentation (banque alimentaire, cuisine collective, marchés publics…), la promotion de l’activité physique et la lutte au tabagisme. Entre autres, Mme Lavoie croit qu’agir tôt dans la vie des enfants permet d’obtenir de bons résultats à long terme. « Il est plus facile d’inculquer de bonnes habitudes très tôt que d’enlever de mauvaises habitudes plus tard! »

De plus, à l’ASSS de Chaudière-Appalaches, on est d’avis que les choix personnels peuvent être favorisés par l’environnement. C’est pour cette raison que l’organisme travaille de concert avec différents partenaires régionaux et locaux, dont les écoles, les Centres de la petite enfance et les Municipalités.

Par ailleurs, le monde de la santé se bat actuellement contre des géants mondiaux de la restauration ainsi que contre les différents écrans. Or, modifier des lois, créer des programmes et réaménager des territoires peut engendrer des coûts énormes. « On n’a pas les mêmes moyens que les géants, mais les normes sociales se modifient. Si on ne faisait rien, les statistiques seraient bien pires », a souligné Marie-Noëlle Lavoie, en ajoutant que les mentalités ne se changent pas du jour au lendemain, mais plutôt de génération en génération.

Médecins : on se compare, on se console… peu

Concernant le nombre de médecins disponibles, la Chaudière-Appalaches tire plutôt bien son épingle du jeu, avec 109 médecins disponibles par 100 000 habitants (115 au Québec). Dyane Benoît, directrice générale adjointe à la coordination des services, planification de main-d’œuvre et à l’innovation clinique à l’ASSS de Chaudière-Appalaches, parle également d’un indice de consommation de 1, ce qui signifie qu’en théorie, la région est capable de répondre à la demande.

Ceci étant dit, de nombreux médecins partiront prochainement à la retraite. « Les plus vieux médecins sont des travailleurs acharnés qui s’occupent souvent d’environ 2000 patients. Les plus jeunes, eux, acceptent entre 800 et 1200 patients, ce qui fait environ 800 patients orphelins par médecin », a-t-elle expliqué.

Afin de pallier cette situation, sont appelés en renfort les super infirmières, les pharmaciens et tout autre effectif qui permettent aux médecins de faire de la médecine. « S’il y avait 60 médecins de plus, ils travailleraient tous! »

Également, plus d’une trentaine de personnes sont actuellement à l’Hôtel-Dieu de Lévis en attente de places en centres de réadaptation et en hébergement. « On est mieux qu’à certains endroits, mais la situation est assez dramatique », de poursuivre Mme Benoît, en mentionnant la disponibilité de quatre postes pour des médecins à mobilité interrégionale. « On est en opération grande séduction! »

Le désir d’être en santé

Partout au Québec, l’initiative Québec en Forme travaille depuis 2008 avec les communautés locales afin de les aider à adopter de saines habitudes de vie. En Chaudière-Appalaches, huit regroupements ont été créés, dont un pour chacune des trois MRC de la Beauce. Or, depuis 2010, l’engouement serait extrêmement fort dans la région selon Mireille Landry, responsable régionale de la Chaudière-Appalaches pour Québec en Forme.

« Les acteurs veulent se mobiliser et ils veulent le rester. Dans la dernière année, le mouvement s’est vraiment ancré », a-t-elle affirmé. En effet, les divers partenaires auraient constaté des retombées intéressantes dans leur communauté, mais le mandat de Québec en Forme se termine en 2017. Ce faisant, les acteurs souhaitent mettre de l’avant des actions qui vont perdurer. « Nous n’avons pas de chiffres précis, mais on sent l’engouement. Le mouvement a été créé. »