Végétalisation des haldes minières : plusieurs questions sans réponses

BLACK LAKE. Les membres de la firme EnGlobe Corp. auront beaucoup de travail à faire pour convaincre la population que son projet de végétalisation des haldes minières à Black Lake est réalisable à long terme.

Pour une période de cinq à dix ans, celle-ci prévoit utiliser des matières résiduelles fertilisantes, comme les boues municipales provenant de l’usine d’épuration des eaux et des sols biotraités, afin de faire pousser une végétation et redonner plus rapidement le contrôle à la nature. C’est l’entreprise elle-même qui a sollicité le propriétaire des terrains où s’effectuera la plantation, soit la Société Asbestos.

Plus d’une cinquantaine de personnes ont assisté à une première séance de consultation sur ce sujet, le mercredi 6 mai, et plusieurs ont avoué être demeurés sur leur faim. Le citoyen Laurier Larose trouve que le projet qui a été présenté est très embryonnaire.

«Il n’y a pas de plan de ce que le site aurait l’air à la fin des travaux, ni comment ils vont gérer le ruissellement des eaux et les pentes qui sont très abruptes. Ils vont s’adapter au fur et à mesure. C’est la première fois que nous avons un projet concernant les haldes minières, donc, il ne faudrait pas manquer notre coup», a-t-il confié au COURRIER FRONTENAC.

L’homme se dit d’ailleurs préoccupé par la présence de contaminants dans les cours d’eau qui se trouvent à proximité des résidus miniers. «Si nous ne sommes pas en mesure de contrôler le sable qui voyage dans les rivières aujourd’hui, imaginez si la terre qui se trouvera au haut des haldes descendait jusqu’en bas. Ce serait un désastre incroyable», a-t-il déclaré.

Pour sa part, François-Pierre Nadeau estime que les représentants de la compagnie ont donné une présentation très superficielle du projet. «Ils nous ont lancé de la poudre aux yeux. Il y a beaucoup d’éléments qui ne sont pas clairs, a-t-il mentionné. Même si les gens sont habitués à voir un paysage minier, il n’en reste pas moins que celui-ci est dégradé alors ce n’est pas par le simple fait de le recouvrir de végétation où de modifier son apparence que l’on va régler le problème.»

M. Nadeau estime que le projet présenté par EnGlobe Corp. est trop beau pour être vrai. « Les gens devant nous avaient beaucoup d’élocution, mais leurs réponses étaient toujours incomplètes. J’ai aussi été déçu quand on nous a dit que ce projet allait créer seulement trois emplois à Black Lake. Ce n’est pas cela qui va remettre Black Lake et Thetford Mines sur la "map"», a-t-il renchéri.

De plus, celui-ci ne croit pas que ce projet fera augmenter le nombre de visiteurs dans la région. «Pensez-vous qu’on va attirer des touristes avec des mines qui sont recouvertes de boues venant d’égouts? Je ne dis pas que ça ne verdira pas, je dis que le projet est incomplet et pourrait être de bien meilleure qualité.»

Enfin, le directeur de l’Agence régionale de mise en valeur des forêts privées de la Chaudière, Robert Morisset, ne croit pas que le recouvrement des haldes avec des graminées et des herbacés soit une solution durable à long terme. D’après lui, la firme devrait viser le reboisement pour en arriver à y faire pousser des arbres.

Il ajoute que les préoccupations soulevées par certains citoyens concernant la présence de contaminant dans la nappe phréatique et les différents cours d’eau sont réelles. «Je ne crois pas que ce soit des amateurs, mais je trouve cela tannant de toujours entendre ces compagnies-là qui sont pleines de bonnes intentions et qui nous demandent de leur faire confiance, a-t-il dit. Prouvez-nous par une planification et une description précise que vous avez envisagé toutes les éventualités en cas de problème et que vous mettez en place des mesures de contrôle et d’atténuation d’urgence nécessaires.»

Le promoteur se veut rassurant

Le vice-président principal – Innovation, Développement et Affaires gouvernementales chez EnGlobe Corp., Christian Bélanger, estime qu’il est normal lors d’une consultation publique que les gens qui ont des inquiétudes se lèvent. «Nous sommes habitués de recevoir les préoccupations des citoyens. Notre mandat était de les écouter, de répondre à leurs questions dans la mesure du possible, mais aussi d’ajuster notre plan de communication et d’intervention pour s’assurer que la communauté accepte bien le projet que nous ferons», a-t-il partagé.

Selon M. Bélanger, son équipe a donné beaucoup de détails de manière générique sur comment les surfaces seront préparées. L’an prochain, une fois que les travaux auront été amorcés, il entend communiquer à nouveau avec les citoyens. «Lorsque nous aurons finalisé les études géotechniques du lieu et déterminé les plans d’intervention sur les dix prochaines années, nous serons en mesure d’expliquer avec beaucoup plus de détails les différents niveaux d’intervention que nous aurons réalisés et ceux que nous réaliserons dans le futur», a-t-il ajouté.

«Nous sommes quand même ici pour dix ans. Est-ce que le plan est déroulé de manière très claire pour l’ensemble de cette période? Bien sûr que non! Nous avons une idée pour les premières années, mais nous sommes à finaliser les plans pour l’intervention sur la durée totale du projet. C’est normal que nous n’ayons pas l’ensemble de tous les détails. Nous avons bien pris note des préoccupations et nous verrons au fur et à mesure à fournir ceux qui seront requis», a conclu Christian Bélanger.

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