Un premier avancement bien mitigé pour le combat de Pierre Bolduc

THETFORD. Poursuivant son combat afin de faire reconnaître les péchés de l’Église auprès des enfants, comme lui, ayant été abusés par des hommes de foi, Pierre Bolduc se dit outré d’avoir été accueilli par un avocat lorsque le diocèse de Québec lui a enfin consenti une rencontre après quatre ans de demandes en ce sens.

Rappelons que le COURRIER FRONTENAC avait relaté l’histoire de l’homme originaire de Robertsonville et de trois autres enfants ayant été abusés sexuellement par le prêtre Jean-Marie Bégin dans les années 1950 à 1970. Ce dernier n’aura finalement jamais reconnu sa culpabilité avant son suicide en 1986.

Depuis quelques années, Pierre Bolduc multiplie les démarches dans le but de rencontrer l’archevêque de Québec, Gérald Cyprien Lacroix, mais ses efforts se sont toujours montrés vains. Ce qu’on lui offre depuis longtemps et qu’il a finalement accepté est une rencontre avec deux bénévoles du diocèse ayant eu lieu il y a près de trois semaines. Il s’agit, selon leurs dires, d’une étape nécessaire avant d’aller plus loin et afin qu’ils puissent faire un rapport de la situation.

Cette rencontre qui a finalement eu lieu dans un restaurant de Québec a laissé Pierre Bolduc sur sa faim. Il n’a surtout pas apprécié le fait que l’une des deux personnes qu’il a rencontrées soit un avocat, soit Me Simon Hébert. «Il était évident qu’il ne s’attendait pas à ce que l’on sache qu’il était avocat. Selon lui, il était là en tant que bénévole pour le diocèse, mais il posait des questions quant à mes intentions, probablement pour savoir quel montant j’allais demander. Il a semblé surpris quand je lui ai présenté des demandes sans compensation financière», explique M. Bolduc.

Selon lui, il a eu l’impression d’être celui qui attaquait une institution alors qu’en fait, c’est l’institution qui l’a blessé pour le reste de sa vie.

Reconnaissance des gestes

Lors de cette rencontre, Pierre Bolduc a remis la liste de ses demandes. La principale, celle qui a mené à cet entretien, est une rencontre avec Gérald Cyprien Lacroix dans le but de lui expliquer ce qu’il a vécu et les séquelles qu’il continue de porter. Il demande aussi que le dossier complet de Jean-Marie Bégin lui soit remis.

De plus, il revendique entre autres que le diocèse reconnaisse sa responsabilité et celle de ses prédécesseurs envers les prêtres pédophiles, dont Jean-Marie Bégin qui a été transféré de paroisse en paroisse, ayant ainsi mis en danger plusieurs enfants. Il s’agit, selon lui, d’un geste que plusieurs organisations catholiques à travers le monde ont posé dans les dernières années.

Enfin, il demande que le diocèse cesse de se cacher derrière le délai de prescription qui empêche les victimes après tant d’années d’avoir recours aux tribunaux afin d’offrir réparation.

Il ne sait pas quand viendront les réponses à ses demandes, mais une chose est certaine selon lui, il n’a pas fini de se battre pour faire reconnaitre les droits des victimes à être traitées avec respect.

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