Un travail parfois difficile, mais important

THETFORD. Dans le cadre de la Semaine de la police en cours jusqu’au 16 mai, le COURRIER FRONTENAC a décidé de s’immiscer dans le monde des agents de la paix afin de mieux comprendre leur travail.

À cet effet, nous sommes, entre autres, allés passer une demi-journée avec un policier, le vendredi 8 mai, dans le but de dresser un portrait de la tâche à accomplir par un agent à Thetford Mines. Selon notre accompagnateur du jour, l’agent Rico Dubois, un policier de la Sûreté municipale est bien plus qu’un patrouilleur. Contrairement à bien des corps policiers au Québec, les agents locaux procèdent souvent aux interrogatoires, ainsi qu’au suivi du dossier des contrevenants qu’ils arrêtent.

«C’est intéressant puisque notre tâche est très variée. Personnellement, c’est quelque chose que j’apprécie», soutient celui qui est employé par la Sûreté municipale depuis 2004. Pour lui, il était tout naturel d’exercer son métier ici en étant originaire et résident de Saint-Jacques-de-Leeds. D’ailleurs, il précise qu’environ 90 % des employés du poste proviennent de la région.

Une journée au boulot

Un quart de jour pour Rico Dubois commence à 8 h avec la réunion de son équipe en compagnie du Sergent Yves Simoneau. Pendant environ trois quarts d’heure, ce dernier fait un résumé des arrestations et notices pendant l’absence des cinq patrouilleurs, donne l’horaire des dîners et les actions prédéfinies à effectuer, comme la surveillance de la Polyvalente de Thetford Mines.

Ce matin-là, Rico Dubois arpente les rues de la ville, de la 9e rue jusqu’au centre-ville. Après une contravention exécutée pour un stationnement dans un endroit interdit et plusieurs minutes de patrouille à vérifier la vitesse, le cellulaire au volant et la ceinture de sécurité, un appel pour un délit de fuite lui est transmis. La routine.

Depuis quelques mois, Rico Dubois est devenu l’agent évaluateur pour les stupéfiants au poste de la Sûreté municipale. Après une longue formation, il est désormais en mesure de détecter en 1 h 30, à l’aide de tests, quel type de drogue une personne a ingéré. À cet effet, il est maintenant bien plus facile pour la police d’arrêter une personne pour avoir conduit sous l’effet d’une drogue étant donné la présence d’un agent spécialisé. «Présentement, c’est la formation la plus difficile à l’école de police, raconte l’agent Dubois. Depuis janvier, j’en ai évalué trois à l’aide de ces tests. C’est bien utile puisqu’avant c’était pas mal plus compliqué que ça. Les arrestations pour ce motif se faisaient plus rares.»

Les interventions typiques

Le premier appel d’urgence de la journée survient vers 10 h 30. Un jeune homme est en crise, il est entré dans une maison et détruit tout ce qui se trouvait à l’intérieur. À l’arrivée des policiers, il est en psychose, mais non violent, ce qui est très rare selon Rico Dubois, puisque ce type d’intervention nécessite habituellement de calmer la personne. L’homme a été arrêté pour introduction par effraction, méfait et possession de stupéfiants, il avait une petite quantité de méthamphétamines sur lui. Il sera transporté à l’hôpital où son état sera évalué. La fin de notre demi-journée arrive alors à sa fin.

Ce type d’arrestation est assez récurrente pour un policier de Thetford Mines mentionne l’agent. Les autres interventions les plus répétitives sont également celles concernant, entre autres, la violence conjugale, les disputes de famille et la conduite avec les capacités affaiblies.

Les drogues sont aussi omniprésentes à Thetford Mines, principalement le cannabis, les méthamphétamines et la cocaïne. «Avec le temps, nous venons à connaître les points de vente les plus chauds. C’est quand même quelque chose qui est toujours à recommencer, souvent aux mêmes endroits et avec le même type de personne», affirme Rico Dubois.

Pas toujours facile

En onze ans de métier, l’agent Dubois a vécu des moments plus difficiles que d’autres, notamment deux meurtres sur le territoire de la ville, des tentatives de meurtre, des suicides par pendaison ou arme à feu, des agressions armées et des agressions sexuelles.

«Certaines choses viennent te chercher dans tes valeurs. C’est certain que la violence faite aux enfants vient me chercher. C’est difficile sur le moral et physiquement parce que ce sont de longues heures, parfois de jour, parfois de nuit», avoue celui qui savait depuis le début de son adolescence qu’il voulait devenir policier.

«Le côté positif c’est de se sentir utile pour la société. C’est un métier très intéressant et non redondant. C’est certain que moi je l’ai la passion», de dire Rico Dubois.

La prévention

L’un des mandats du corps de police thetfordois est aussi la prévention, principalement effectuée par la Sergente aux affaires publiques et relations communautaires, Annie Gilbert. Son travail va de la transmission d’informations aux médias et au public, jusqu’à la visite d’écoles et d’organismes pour divers sujets comme la drogue, la violence, l’intimidation et la fraude.

«Dans le cadre de mon travail, je dois être près des gens de la communauté. C’est important que je sois proactive. Outre les rencontres de prévention, je m’occupe aussi du filtrage lors, par exemple, d’embauches d’enseignants pour les écoles ou de bénévoles pour l’hôpital», mentionne Mme Gilbert.

Parmi les côtés plus négatifs, il y a le fait de se rendre compte que le message n’est pas compris pour tous. «Quand je vais dans les écoles rencontrer les jeunes et que je vois ces mêmes personnes être arrêtées pour une histoire de drogue par la suite, je trouve cela désolant. Je me dis tout de même que si j’en ai aidé un, cela a valu la peine», conclut-elle.