Le vieil orgue Casavant résonnera comme un neuf

SAINT-FERDINAND. Fabriqué en 1903 par le célèbre facteur d’orgues Casavant et frères de Saint-Hyacinthe, le vieil orgue centenaire qui trône dans le jubé de l’église de Saint-Ferdinand résonnera à nouveau comme un neuf… ou presque.

L’instrument qui porte l’opus 173, soit le 173e à avoir été conçu par l’entreprise maskoutaine qui en compte aujourd’hui plus de 3900, avait été acquis à l’époque pour la somme de 1125 $, une véritable aubaine quand on considère qu’un neuf pourrait facilement coûter en 2015 plus de 600 000 $.

Le précieux orgue, qui s’était tu durant plusieurs années, avait repris du service occasionnellement grâce au travail d’un citoyen, Patrick Carey, qui avait rebranché, il y a quelques années, la soufflerie électrique. Comme sa sonorité n’était plus aussi juste, un autre citoyen, Yves Charlebois, supporté par la présidente de la Fabrique, Lise Carrier, a eu l’idée de créer un événement pour recueillir des fonds avec l’objectif de permettre à l’orgue de renouer avec ses lettres de noblesse.

C’est d’ailleurs ce qui a amené le prestigieux orchestre de réputation internationale, la Musique du Royal 22e Régiment, à se produire en concert en mars dernier à l’église de Saint-Ferdinand, événement qui a permis de recueillir près de 10 000 $.

Du haut de gamme

Une restauration complète de l’orgue aurait coûté dans les 50 000 $, mais l’entreprise artisanale Lévesque et Roussin de Thetford Mines, qui a réalisé les travaux au cours des derniers jours, a pu redonner à l’orgue son air des belles années pour une somme de quelque 5300 $ en procédant au recuirage du réservoir d’air principal, à la réparation des tuyaux endommagés et en accordant l’instrument.

«Il s’agit vraiment d’un instrument haut de gamme comme celui qu’on retrouve à l’église Saint-Calixte à Plessisville», explique le facteur d’orgues Yves Lévesque qui se surprend d’une fois à l’autre de l’ingéniosité de ses concepteurs pour construire et installer de tels orgues, celui de Saint-Ferdinand comptant entre autres 956 tuyaux.

Des passionnés

Si le métier de facteur d’orgues requiert la maîtrise de nombreuses disciplines, dont la menuiserie, la mécanique et le travail et formage des métaux, il nécessite aussi des connaissances musicales et acoustiques très sérieuses.

Yves Lévesque d’Inverness et Jacques Roussin de Thetford Mines sont de véritables passionnés. Avant de lancer leur entreprise il y a près de 15 ans, les deux ont agi durant plusieurs années comme organistes, le premier à l’église Saint-Alphonse et le second aux églises Notre-Dame et Sainte-Marthe à Thetford Mines.

«L’orgue sur lequel je jouais était dans un mauvais état et j’ai pondu un plan de restauration que j’ai soumis à l’entreprise Guilbeault et Therrien de Saint-Hyacinthe qui m’a ensuite offert un poste de technicien», de raconter le sociologue de formation qui a donc choisi de quitter l’enseignement au collégial après une quinzaine d’années et de devenir facteur d’orgues.

Sept ans plus tard, il se joint à Jacques Roussin qui était contrôleur pour la Boulangerie Roussin et décident de démarrer leur propre entreprise artisanale qui, incidemment, logera dans l’ancien entrepôt à sucre et à farine de la boulangerie Roussin qui avait été fondée par le grand-père de Jacques en 1930 sur la rue Saint-Alphonse à Thetford Mines.

Leur entreprise compte aujourd’hui dans sa clientèle régulière pas moins de 370 églises réparties principalement au Québec, dans les Maritimes, dans le Maine et au Vermont. «Ça représente 55 000 km de route par année», d’indiquer M. Roussin.

Les deux restaurateurs de l’orgue se sont d’ailleurs fait plaisir après avoir complété leurs travaux en se livrant chacun à un petit récital sur l’opus 173, lundi, avant de plier bagage.

Notons qu’une partie de l’argent restant sera versé à la chorale de l’endroit et servira aussi à faire accorder le vieil orgue au moins une fois par année, faisant suite à la recommandation des facteurs d’orgues.