Des bouteilles d’air comprimé contaminées

THETFORD. La Commission de la santé et de la sécurité du Travail (CSST) est intervenue auprès du Service de sécurité incendie de Thetford Mines, le vendredi 25 septembre, après avoir reçu une plainte faisant état de la présence d’une forte odeur provenant de plusieurs bouteilles d’air comprimé.

Le porte-parole de la CSST, André S. Résendes, a fait savoir que la direction du Service avait d’ailleurs entrepris des mesures correctives en date du 18 août dernier. «Avant que la plainte soit logée, celle-ci avait déjà contacté un centre spécialisé pour faire l’analyse des bouteilles afin de déterminer la cause de l’odeur. Selon le rapport, le problème est connu depuis plusieurs mois, mais l’employeur n’a toutefois pas attendu qu’on lui dise quoi faire.»

Selon M. Résendes, environ la moitié des 136 bouteilles appartenant au Service de sécurité incendie de Thetford Mines dégageait une forte odeur. «Des traces d’acétone et de méthyl éthyl cétone (utilisés comme solvants) ont été découverts. Comme tout produit, il y a une certaine dangerosité. La limite maximale de la valeur d’exposition moyenne pondérée est fixée à 500 ppm (parties par millions). Lors des tests effectués, celle-ci était à 0,2 ppm», a indiqué le porte-parole de la CSST.

Malgré ce faible taux, les bonbonnes devront tout de même être décontaminées. L’entreprise Sécurité Maska de Saint-Hyacinthe verra d’ailleurs à nettoyer les 136 bonbonnes alors que la compagnie Aréo-feu de Longueuil fera le même exercice avec les appareils de protection respiratoire.  

Une situation déplorable

Selon nos sources, le problème aurait été rapporté au Service de sécurité incendie en avril dernier par le fournisseur d’air actuel et ce n’est que quelques mois plus tard que celui-ci aurait été pris en charge.

Le COURRIER FRONTENAC s’est d’ailleurs entretenu avec des pompiers qui ont choisi de conserver leur anonymat pour éviter les représailles.

L’un d’eux a confié que la direction était au courant de cette situation bien avant le mois d’avril. «Nous avons appris qu’une compagnie responsable de l’inspection de nos appareils de protection respiratoire a rapporté au directeur Jean-Claude Bolduc, il y a environ deux ans, que des bouteilles dégageaient une odeur. Ce dernier aurait contacté le fournisseur d’air de l’époque pour s’apercevoir que le système de filtration des compresseurs n’était pas conforme.»

Un autre pompier questionné à ce sujet se demande ce qui a été fait avec ces bonbonnes, à savoir si elles ont été décontaminées ou pas. «Nous voulons connaître les actions qui ont été posées par la direction lorsqu’elle a trouvé le problème il y a deux ans. Nous espérons qu’à l’avenir la Ville prendra des précautions», a-t-il dit.

Selon les pompiers interrogés, certains de leurs collègues éprouveraient des problèmes respiratoires et croient que la contamination des bouteilles d’air pourrait être en cause, bien qu’ils n’en aient pas la certitude.

La direction réagit

Le directeur du Service de sécurité incendie de Thetford Mines, Jean-Claude Bolduc, admet qu’il y a eu dans le passé des problèmes avec l’ancien fournisseur et que ceux-ci avaient été identifiés. «Le mot d’ordre qui avait été donné à ce moment-là était de corriger le problème provenant du compresseur d’air et de nettoyer les bouteilles qui dégageraient une odeur, ce qui a été fait.»

Toutefois, selon lui, la même situation semble s’être produite avec le fournisseur actuel. «Quand nous avons commencé à faire affaire avec le nouveau fournisseur, des bouteilles dégageaient encore une odeur et le même mot d’ordre lui a été donné. Lorsque nous avons ensuite fait analyser de nouveau nos bouteilles par un spécialiste indépendant, celui-ci a trouvé quelque chose. Mettons qu’il y a des taches aux dossiers dans les deux cas», a-t-il renchéri.

M. Bolduc a tenu à ajouter que ce n’est pas parce qu’une bouteille dégage une odeur qu’elle est dangereuse. «Ça peut être une graisse ou de la vaseline qui n’a pas été mise au bon endroit et qui donne une odeur à la bouteille. Dans certains cas, c’est ce qu’on a vu.»

En ce qui a trait au manque de confiance de la part de quelques pompiers, le directeur Bolduc estime qu’il s’agit de la nouvelle mode dans la province. «C’est facile de dire que je n’ai plus confiance au boss. Nous avons traité l’affaire de façon diligente. Quand nous avons obtenu un rapport écrit nous confirmant qu’il y avait un problème, nous avons pris acte. Nous avons fait ce que nous devions faire», a répondu Jean-Claude Bolduc.

Pris au sérieux

Le maire Marc-Alexandre Brousseau dit prendre cette situation au sérieux. «Notre Service de sécurité incendie a entrepris toutes les démarches pour nettoyer les bonbonnes afin d’avoir des équipements sécuritaires. Nous tenterons aussi de comprendre ce qui s’est passé pour être certain que cela ne se reproduise plus», a-t-il indiqué.

Ce dernier a précisé qu’il ne s’agit pas d’une situation qui arrive couramment. «C’est préoccupant dans un sens parce que nous avons à cœur la santé de nos gens, mais ce que l’on sait, c’est que cette situation est prise en charge», a-t-il dit.

La Ville de Thetford Mines tentera d’obtenir au cours des prochaines semaines des réponses auprès des fournisseurs impliqués. «Normalement, il n’y a pas de raison pour que la Ville soit responsable d’une contamination. Nous considérons que nos fournisseurs doivent mettre à notre disposition des équipements en bon état. Si cela n’a pas été le cas, nous retournerons voir les gens qui ont failli à leur devoir», a conclu le maire Brousseau.