Traumatisme cranio-cérébral : manque de ressources en région

Dans le cadre de la Semaine québécoise du traumatisme cranio-cérébral du 18 au 24 octobre, la famille Boilard souhaite sensibiliser les gens aux difficultés des victimes et au manque de ressources dans la région.

En 2002, Jonathan Boilard était victime d’un accident à vélo alors qu’il avait 16 ans. Un camion l’a en effet percuté et a changé sa vie à jamais. Outre les nombreuses blessures physiques, notamment plusieurs os cassés, le jeune homme a subi un traumatisme crânien sévère qui l’a laissé handicapé. Il a donc perdu ses amis et n’est jamais retourné à l’école.

«Tous les traumatismes crâniens sont différents, mais dans le cas de Jonathan, le problème c’est la mémoire à court terme. Nous devons tout le temps l’accompagner et lui dire quoi faire. Il n’est pas capable de faire le focus sur la tâche à effectuer et nous devons souvent répéter», raconte son père, Réal Boilard.

«Jonathan est quand même autonome dans un sens, il est capable de faire sa toilette et s’habiller seul, mais pour ce qui est des tâches ménagères et de laver ses vêtements, nous devons être là», poursuit-il.

Selon M. Boilard, ils ne sont pas trop à deux pour s’occuper de Jonathan. «Seul, ce serait presque infaisable de vivre avec lui. Quand l’un est fatigué, il faut que l’autre embarque. Il faut trouver la bonne recette pour que cela fonctionne et l’aimer. Il faut trouver la façon de le rendre confortable. Pour nous, c’est par l’humour. Maintenant, Jonathan en rit de son "pas de mémoire", mais ça ne fait pas beaucoup d’années, deux ou trois ans environ.»

La chance dans la malchance

Maintenant âgé de 29 ans, Jonathan Boilard demeure chez ses parents qui ont dû prendre une retraite hâtive afin de s’occuper de lui. Il a la chance de les avoir, mais ce n’est pas le cas pour toutes les personnes ayant aussi un traumatisme cranio-cérébral (TCC).

«Il n’y a pas beaucoup d’alternatives si la famille n’est pas en mesure de s’en occuper. Les victimes vont se retrouver en CHSLD avec les personnes âgées. Il y a cependant de plus en plus de projets pour répondre à ce manque. Comme à Saint-Prosper, il y a une nouvelle résidence avec appartements supervisés qui a profité d’une subvention de la fondation Martin Matte», explique Mélanie Gilbert, éducatrice spécialisée de l’Association TCC des Deux rives.

Même si ce qui lui est arrivé n’est pas facile pour la famille, Jonathan avait 16 ans et habitait toujours avec ses parents quand il a eu son accident, il est «simplement» demeuré avec eux. Mais pour les personnes accidentées qui menaient leur vie d’adulte avant, ce n’est pas toujours évident. Du jour au lendemain, la famille peut devenir tutrice d’un homme de 40 ans et reprendre le contrôle des décisions sur sa personne.

Éloigner les profiteurs

Par ailleurs, ce qui n’est pas évident pour les individus comme Jonathan, ce sont ceux qui essaient de profiter d’eux monétairement étant donné que les personnes souffrant d’un TCC sont souvent incapables de se protéger.

«Les victimes comme Jonathan attirent les requins. Comme ce sont de personnes influençables, les gens le savent. On en connait qui ont vidé leur compte de banque.

Ce sont des personnes qui vont se retrouver isolées et quand certains s’intéressent à eux, ça peut devenir dangereux», précise M. Boilard.

Puisqu’il manque de ressources en région pour les victimes de TCC comme Jonathan, son père tient à sensibiliser les gens à l’importance de ne pas les oublier. Il participe également à la formation des éducateurs spécialisés en racontant son histoire et celle de son fils aux étudiants du Cégep.

«Dans le cas de Jonathan, il n’y a pas beaucoup de ressources à Thetford Mines. Il y a le regroupement des handicapés physique, mais c’est plus pour des difficultés physiques. J’essaie donc de participer le plus possible à faire connaître les difficultés. Depuis sept ans, je fais une présentation aux étudiants en éducation spécialisée au Cégep afin de leur expliquer c’est quoi vivre avec les TCC. C’est le type de petites choses que l’on peut faire pour sensibiliser les gens», conclut Réal Boilard.