Lacs : une étude pour déterminer les causes de leur détérioration

L’état de santé du bassin de la rivière Bécancour, qui inclut notamment les lacs à la Truite et William, inquiète depuis plusieurs années. Une étude afin de déterminer les causes de leur détérioration sera d’ailleurs bientôt menée par un étudiant du Département de géographie de l’Université Laval.

Originaire de Thetford Mines, Olivier Jacques a récemment décidé d’en faire son travail de doctorat jusqu’en 2020.

«C’est un projet parti avec Réjean Vézina, le président de l’Association de protection du lac à la Truite d’Irlande (APLTI). Il a contacté mon directeur de recherche Reinhard Pienitz. Il a manifesté son intérêt d’une étude paléolimnologique, soit une analyse des caractéristiques des couches de sédiments déposées au fond des lacs au fil du temps, pour faire suite aux études qui avaient déjà eu lieu. L’APLTI veut cerner précisément les causes de l’ensablement», a expliqué l’étudiant.

En effet, situés en aval de la ville de Thetford Mines, les lacs à la Truite et William sont notamment aux prises avec une problématique d’ensablement et d’envasement. La situation du lac à la Truite est particulièrement inquiétante alors que la profondeur maximale du lac serait passée d’environ 7 à 2 m au cours des années 1950. Encore aujourd’hui, une grande quantité de sédiments s’accumulent à l’entrée du lac de sorte que l’on craint son éventuelle disparition.

Les lacs à la Truite, William et Joseph sont également à un niveau avancé d’eutrophisation alors qu’ils sont classés de type mésotrophe à hypereutrophe. L’apparition récurrente d’efflorescences de cyanobactéries (ou algues bleu-vert) à la surface des lacs William et Joseph témoigne d’ailleurs de cette problématique.

«Tout cela nuit aux activités sur ces étendues d’eau, comme la baignade, la pêche, les sports nautiques, tandis que la valeur immobilière des propriétés situées aux abords est diminuée. Cela a aussi des répercussions sur les municipalités où l’on retrouve ces lacs, soit Irlande, Saint-Ferdinand, Inverness et Saint-Pierre-Baptiste», a souligné Olivier Jacques.

Étude

Afin d’en arriver à des conclusions, l’étudiant au doctorat effectuera, à partir de l’été 2017, des analyses granulométriques, géochimiques et diatomifères (micro-algues), accompagnées de datations radiométriques. Elles permettront de détecter des changements historiques au niveau de la provenance et du taux d’accumulation des sédiments, de fournir des indications détaillées concernant l’évolution de l’état trophique des lacs et d’associer ces modifications à des évènements passés survenus dans le bassin-versant.

«Nous voulons savoir de quoi avait l’air ces lacs avant l’établissement des populations humaines. Quelle était leur condition à l’état naturel? Est-ce qu’ils avaient tendance à se remplir de sédiments avant l’arrivée de la population? Est-ce que l’activité minière a eu un gros impact? Tout ça pour savoir ce qui l’a causé et trouver des solutions pour régler la situation», a précisé Olivier Jacques.

Le projet de recherche impliquant l’Université Laval, l’APLTI, le Groupe de concertation des bassins versants de la zone Bécancour (GROBEC), l’Association du lac William (ALW) et l’Association des riveraines et riverains du lac Joseph (ARRLJ) durera quatre années. Un montant total d’environ 160 000 $ est donc à prévoir. Ces associations, avec l’appui d’Olivier Jacques, ont d’ailleurs déjà commencé à rechercher des sources de financement. Notons que l’Université Laval effectuera une contribution équivalente à environ 18 000 $ par année pour ses services et la location de ses équipements.