Black Friday mortel inacceptable!

Le vendredi 24 novembre, mon neveu, un jeune homme de 20 ans en détresse a décidé de s’éjecter de sa vie et, par le fait même, d’une société par laquelle il se sentait traqué.

J’en veux à cette société qui a pour complice dans cette affaire des jeunes qui aiment mal, qui aiment trop, des juges qui abordent les jeunes hommes qui font des erreurs comme des bandits, des policiers qui adaptent difficilement leurs interventions aux situations de souffrance vécues par les individus récalcitrants à l’autorité.

Comment expliquer que notre société qui souligne et déplore, depuis plusieurs années déjà, les suicides de jeunes hommes, ne leur propose pas un accompagnement adapté lorsqu’ils vivent des situations difficiles au su et à la vue de la justice.

Mon neveu a vécu des situations d’enfer pour un jeune homme qui commençait sa vie d’adulte. Période où plusieurs jeunes rencontrent des obstacles importants dans leurs recherches au niveau professionnel et personnel. Il manquait d’expériences et d’outils pour trouver des solutions à ses problèmes. Comment s’expliquer que personne du système judiciaire n’ait envisagé de lui offrir du soutien psychologique ou des alternatives?

Je ne suis pas psychologue, ni travailleuse sociale, mais je sais, car c’est bien connu et documenté, que les jeunes hommes, tout comme les hommes adultes, ont de la difficulté à demander de l’aide. Ils pensent être assez forts pour mettre de côté les obstacles ou encore pour s’en sortir seuls. Pourtant, ce n’est pas une question uniquement de force, car cela demande également beaucoup de courage pour reconnaître nos vulnérabilités et de demander de l’aide.

Où ces jeunes hommes trouvent-ils des exemples d’hommes adultes qui acceptent de se faire aider? Pourquoi ne pas accepter qu’une blessure émotionnelle ou relationnelle mérite un traitement approprié tout autant qu’une blessure physique? Les encouragements ponctuels à demander de l’aide pèsent bien peu comparativement à des années d’éducation qui ont convaincu les gars, qu’un gars ça ne pleure pas, ça ne se plaint pas, c’est autonome et indépendant. Après autant de retenue et de solitude, est-il surprenant que certains d’entre eux expriment leur désarroi par des gestes inadéquats?

En tant que féministe, qui travaille depuis des années à l’amélioration de la situation des femmes à de multiples niveaux, j’ai toujours souhaité, et je continue de le faire, que la société reconnaisse les droits et les besoins des femmes, sans toutefois créer des injustices pour les hommes. Mais, condamner un geste violent et l’assortir d’une sentence n’est toutefois pas suffisant! Les personnes ayant vécu de la violence, tout autant que les personnes la perpétrant, ont besoin de soutien et d’accompagnement.

Finalement, je ne puis dire si la perte de mon neveu de 20 ans et la peine qui m’envahit s’estomperont plus vite si je constate dans les mois qui viennent que les jeunes de l’Estrie ont davantage accès à des services adaptés à leur âge et à leur situation. Néanmoins, je serais certainement apaisée d’apprendre que des actions ont été posées afin que les jeunes qui rencontrent des difficultés reçoivent le soutien approprié.

Nous vivons dans un pays développé où les données sur les bonnes pratiques d’interventions auprès des jeunes sont connues et accessibles : combien de suicides devront se produire encore pour qu’on les mette en place? Il importe également que des programmes de prévention, tels que des activités de sensibilisation qui incitent les jeunes à reconnaître leurs besoins, leurs difficultés et à demander de l’aide en cas de besoin, soient mis en place. Je lance un appel à ces dames et messieurs du système judiciaire : devenez des acteurs de détection et de référence positifs pour les jeunes qui se cherchent.

Salut Julien, j’espère que tu pardonneras à cette société qui n’a pas su comprendre ta grande détresse et qui plus est, en a rajouté en te traquant comme un criminel plutôt qu’en t’aidant.

Ta tante Sylvie

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