Des résidus miniers pour la production de fertilisants

Les 400 millions de tonnes de résidus miniers qui dorment sur le territoire pourraient avoir un jour une deuxième vie. En effet, la société KSM de Thetford Mines a conclu un partenariat avec Mazarin et sa filiale Société Asbestos afin de pouvoir y extraire certains métaux pour la fabrication de fertilisants à haute valeur ajoutée.

L’entreprise entend développer un procédé breveté dont la technologie, acquise de Dundee Technologies Durables, repose sur l’utilisation de potasse à faible coût, d’acide sulfurique et de métaux comme le magnésium. «Nous sommes en train de lancer les travaux de pilotage. Nous ferons quelques tonnes de ce fertilisant qui sera ensuite testé en serre et en champs avec un partenaire qui regardera également toute la partie commercialisation», a mentionné le président de KSM, David Lemieux, au Courrier Frontenac.

Une étude de mise en marché permettra notamment de mieux connaître les types de cultures qui utilisent ce fertilisant, les territoires de vente, les coûts en transport et tout ce qui entoure la logistique. La société fait actuellement des essais à même les installations de Dundee Technologies Durables, ainsi que chez Oleotek. L’endroit où seront puisés les résidus miniers n’est pas encore déterminé. «Ça fait partie des essais. Il y a beaucoup de haldes dans la région. Elles se ressemblent toutes, mais elles ne sont pas parfaitement pareilles. Il y a de petites différences chimiques en ce qui a trait à la teneur en magnésium», a ajouté M. Lemieux.

À terme, KSM prévoit la construction d’une usine qui se chiffrerait autour de 30 millions $, selon les données préliminaires, et la création de plusieurs emplois.

Le président de la société KSM de Thetford Mines, David Lemieux

Un projet intéressant

Le président de Mazarin, John LeBoutillier, voit ce projet de valorisation des résidus miniers d’un bon œil. «Les gens de KSM nous ont contactés pour nous expliquer leur plan et leur besoin de financement afin de développer le produit d’abord en usine pilote. Après avoir regardé tout cela, nous avons trouvé l’idée intéressante et qu’elle représentait un risque raisonnable. Nous avons donc décidé d’investir un peu d’argent.»

M. LeBoutillier estime que les résidus qui seront extraits représentent une infime partie de tout ce qui se trouve sur les terrains appartenant à Mazarin et sa filiale. «Il y en a pour des centaines d’années et pour plusieurs projets en même temps. Nous avons des résidus qui sont là et ne servent à rien. Si nous sommes capables d’extraire des métaux et des minéraux, les gens pourront en profiter. C’est bon pour l’économie, pour nous et pour la compagnie qui réussit à le faire.»

Le président de Mazarin est optimiste et croit que le projet de KSM ira de l’avant. «Il faut se croiser les doigts et espérer que ça va bien aller. Ce sont des gens qui sont là depuis longtemps et en qui nous avons confiance», a-t-il dit.

Rappelons que ce n’est pas la première fois que des entreprises souhaitent extraire des métaux et des minéraux contenus dans les résidus miniers. Au début des années 2000, l’usine de magnésium Magnola dans la région d’Asbestos a fermé ses portes trois ans après son ouverture. L’entreprise Nichromet Extraction, aujourd’hui Dundee Technologies Durables, a de son côté déjà tenté d’extraire du nickel des résidus de Thetford Mines, mais sans succès.

«Le fertilisant contient environ 10 % de magnésium. Nous sommes bons pour faire pousser beaucoup de tomates avant d’en manquer.» – David Lemieux

«Il faut que la technologie fonctionne. Une fois le produit fabriqué, il faut aussi que l’on puisse le vendre à profit. Oui il y a des métaux dans les haldes, mais nous devons savoir comment nous pouvons les extraire, combien ils valent et qu’est-ce que l’on peut fabriquer», a précisé M. LeBoutillier.

L’homme d’affaires a confié être ouvert à recevoir d’autres projets puisque le potentiel est là. Selon lui, des compagnies pourraient être intéressées à y extraire du nickel, du chrome, du cobalt et du fer. Les haldes minières contiendraient une quinzaine de métaux à divers degrés.

Bannissement de l’amiante

À l’aube du bannissement de l’amiante au Canada, l’an prochain, le président de Mazarin demande au gouvernement fédéral de ne pas empêcher l’extraction des métaux et des minéraux, ainsi que l’utilisation des résidus miniers à l’air libre.

«Nous voyons passer des sorties en règle de la Santé publique qui dit que la simple existence des résidus est quasiment un risque mortel. Thetford Mines a été construite à partir d’agrégats, de sable et de roches qui proviennent des résidus d’amiante et on ne peut pas dire que la population est plus affectée qu’ailleurs. Il y a des règles aujourd’hui et c’est correct, mais qu’on nous permette de les utiliser», a conclu M. LeBoutillier.