L’état de santé des lacs de la rivière Bécancour préoccupant

Le Groupe de concertation des bassins versants de la zone Bécancour (GROBEC) s’associe à l’Université Laval afin de lancer une étude de reconstitution paléolimnologique de l’évolution des lacs du bassin versant de la rivière Bécancour.

Le projet, qui s’échelonnera sur une période de quatre ans, est doté d’un budget de 312 000 $. Il est appuyé par l’Association de protection du lac à la Truite d’Irlande (APLTI), l’Association du lac William (ALW), l’Association des riveraines et riverains du lac Joseph (ARRLJ), les municipalités de Thetford Mines, Irlande, Saint-Ferdinand, Saint-Pierre-Baptiste, Inverness ainsi que les MRC des Appalaches et de L’Érable.

Il sera principalement réalisé par Olivier Jacques, étudiant au doctorat en sciences géographiques et originaire de Thetford Mines, qui sera dirigé par le Dr Reinhard Pienitz, professeur titulaire au Département de géographie de l’Université Laval, qui estime que l’étude est essentielle pour établir un plan de gestion efficace et durable.

L’état de santé des lacs de la rivière Bécancour est préoccupant. Les lacs à la Truite et William en plus de l’étang Slater sont notamment aux prises avec une problématique d’ensablement. Ces trois plans d’eau, en plus des lacs Joseph et Bécancour, sont également à un niveau avancé d’eutrophisation, c’est-à-dire de vieillissement. L’apparition récurrente de cyanobactéries (ou algues bleu-vert) à la surface des lacs William et Joseph, et dans une moindre mesure le lac Bécancour, témoigne d’ailleurs de cette problématique.

«Il y a un amalgame de facteurs qui sont responsables de cette situation, qu’il s’agisse de l’industrie minière ou d’autres activités industrielles, des rejets de nos municipalités ou par l’érosion, il était important de passer à une étude pour comprendre le passé et l’état actuel de ces lacs et pour identifier des pistes de solution afin de les restaurer», a expliqué le président de GROBEC, Gilles Brochu, ajoutant que l’appui des partenaires démontre bien que la problématique est une préoccupation majeure dans le milieu.

Effets collatéraux

Les municipalités sont directement touchées par la condition précaire des lacs, laquelle impacte les activités socio-économiques et réduit le potentiel touristique de la région entière. En effet, le mauvais état de santé des lacs du bassin versant de la rivière Bécancour nuit à l’approvisionnement en eau potable, aux activités de baignade, de pêche, de camping, à la pratique de loisirs nautiques, en plus de diminuer la valeur immobilière des propriétés situées en bordure des lacs.

Pour le préfet de la MRC de L’Érable, Sylvain Labrecque, neuf des 11 municipalités du territoire sont touchées par la rivière Bécancour et ses affluents. «Nous avons un grand intérêt à la réalisation d’une telle étude pour enrayer la pollution et améliorer la qualité de l’eau qui coule dans la rivière Bécancour et pour favoriser l’attrait de nos lacs», a-t-il renchéri.

L’étude utilisera une approche paléolimnologique basée sur l’étude des caractéristiques des couches de sédiments déposées au fond des lacs au fil du temps. Des analyses granulométriques, géochimiques et diatomifères (microalgues), accompagnées de datations radiométriques, permettront de détecter des changements historiques quant à la provenance et du taux d’accumulation des sédiments, de fournir des indications détaillées concernant l’évolution de l’état trophique des lacs et d’associer ces modifications à des événements passés survenus dans le bassin versant. Les premiers échantillons ont été prélevés l’été dernier et la collecte se terminera l’été prochain pour une analyse à temps plein par la suite.

La mauvaise qualité de l’eau du bassin versant de la rivière Bécancour et la situation préoccupante des lacs Bécancour, à la Truite, William et Joseph ont été démontrées à plusieurs reprises dans des rapports publiés au cours des 40 dernières années.

Tous les intervenants s’entendent pour dire qu’il s’agit d’un travail d’envergure qui est ainsi entrepris pour caractériser l’état naturel des lacs, de déterminer si leur capacité de support a été franchie et d’identifier avec certitude les causes précises de l’ensablement et de l’eutrophisation. En plus des lacs Bécancour, à la Truite, William et Joseph, l’évolution de l’étang Slater sera également étudiée afin d’obtenir un portrait global et comparatif des changements survenus dans le bassin de la rivière Bécancour.

Le président de l’Association de protection du lac à la Truite d’Irlande (APLTI), Réjean Vézina, a rappelé pour sa part que ce projet était en quelque sorte né du mémoire «Le lac à la Truite en voie de disparition» déposé en janvier 2015. «Nous fondons de grands espoirs sur les résultats de cette étude pour nous aider à prendre de meilleures décisions dans le futur.»

«Nous aurons ainsi en main les données nécessaires pour éventuellement convaincre les gouvernements de nous aider financièrement dans des projets de restauration», de conclure le président de GROBEC, Gilles Brochu.