C’est terminé pour les visites touristiques sur les sites miniers

À la suite de recommandations de la Direction de santé publique, le Musée minéralogique et minier de Thetford Mines a décidé de cesser les visites touristiques qui amenaient les gens sur les sites miniers.

À lire: Fin des visites sur les sites miniers : vives réactions dans la région

«Dans une lettre reçue l’été dernier, on nous demandait d’adopter des mesures qui auraient empêché les visiteurs de sortir sur les sites miniers et de faire en sorte d’enlever toute trace d’amiante sur l’autobus afin de ne pas propager les résidus dans les rues», a expliqué le président du conseil d’administration du Musée, Yvan Faucher.

Selon lui, l’organisation n’avait pas d’autre choix que de prendre cette décision. «La Direction de santé publique ne nous a pas ordonné d’arrêter les visites, mais c’était clair dans la lettre que c’était ça qu’ils voulaient qu’on fasse. Ça n’a pas été une décision facile pour le conseil d’administration puisque les visites minières existent depuis longtemps. L’attrait avait diminué, mais nous allions quand même chercher une moyenne de 2000 visiteurs par année. Nous avons des activités intéressantes avec le Centre historique de la mine King et nos expositions, alors nous ne voulions pas courir de chance et risquer des retombées négatives sur nos autres attractions», a poursuivi M. Faucher.

Ce dernier a avoué que le Musée n’avait pas les ressources nécessaires pour contester puisque ces recommandations s’inscrivent dans un plus grand débat entourant toute la question de la gestion des résidus miniers. «Ça fait longtemps qu’on nous niaise à ce sujet. Ils partent de la base qu’il faudrait presque déménager la ville ou mettre de grosses palissades autour des sites miniers. La vision de santé publique au niveau de la dangerosité est très différente de celle du groupe pro-chrysotile.»

«Cela a vraiment été une décision difficile à prendre de dire qu’on arrête les visites minières, mais le conseil d’administration a jugé que les conséquences auraient été trop pénibles» – Yvan Faucher

Yvan Faucher s’est tout de même réjoui que le Musée ait reçu de bons commentaires par rapport au travail effectué au Centre historique de la mine King. Il a également annoncé que son organisation travaillait déjà sur un autre type de visite de nature patrimoniale, en partenariat avec le Centre d’archives de la région de Thetford. Celle-ci couvrirait les moments historiques de l’exploitation minière et devrait être disponible dès le printemps prochain.

Le président ne ferme pas non plus la porte à un retour des visites sur les sites miniers. «Une fois que tout le dossier de gestion des résidus miniers sera réglé, on verra ce qu’on peut faire», a-t-il laissé entendre.

Présence de fibres d’amiante

Pour René Veillette, médecin-conseil en santé et environnement à la Direction de santé publique, il est avant tout important de comprendre ce que représente la présence de résidus miniers.

«Les gens ont tendance à prendre pour acquis que ça ne contient pas de fibre d’amiante comme tel. Dans le milieu on appelle ça souvent du stérile parce que les gens disent qu’il n’y a pas d’amiante là-dedans. Sauf qu’on a fait plusieurs échantillons avec le ministère de l’Environnement et ce que ça démontre, c’est que les résidus miniers peuvent contenir de fortes concentrations», a soutenu le Dr Veillette.

Pour son organisation, le terme «fortes concentrations» signifie que la présence de fibres d’amiante dans les résidus miniers est de l’ordre de 40 à 60 %.

«Nous avons rappelé dans la lettre envoyée au Musée que l’amiante est un cancérigène prouvé chez l’humain. Comme il n’y a pas de seuil sécuritaire, on demande aux gens de limiter les expositions et d’éviter toutes les activités qui sont susceptibles d’accroître l’émission de fibres dans l’air», a indiqué le Dr Veillette.

De plus, il a souligné que lorsque le sujet des visites sur les sites miniers avait été abordé lors de conversations entourant le projet du Centre historique de la mine King, on leur avait laissé entendre qu’elles se feraient dans un autobus climatisé, les vitres fermées et sans débarquement. Enfin, il a affirmé que la Direction de santé publique était d’accord à ce qu’elles continuent si les recommandations étaient suivies correctement.

À lire: Fin des visites sur les sites miniers : vives réactions dans la région

À lire : La réutilisation des résidus miniers menacée par la santé publique