Fin des visites sur les sites miniers : vives réactions dans la région

Plusieurs intervenants locaux se sont dit en désaccord avec les recommandations de la Direction de santé publique qui ont forcé le conseil d’administration du Musée minéralogique et minier de Thetford Mines de mettre un terme aux visites touristiques sur les sites miniers.

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Pierre Laroche du Mouvement Pro Chrysotile québécois a souligné que son organisation était très déçue pour le Musée qui perd une source de revenus. «Nous trouvons l’attitude de la Direction de santé publique un peu radicale, pour ne pas dire cavalière. Nous pensons que certains font trop de zèle parce que c’est aberrant et beaucoup trop excessif. Nous comprenons que leur rôle est de protéger la santé des gens et des travailleurs, mais trop c’est comme pas assez», a-t-il affirmé en entrevue avec le Courrier Frontenac.

Il a entre autres expliqué que ce qui est dangereux, ce ne sont pas les fibres comme telles, mais plutôt celles qui peuvent être inhalées. «Je mets au défi la santé publique de nous prouver noir sur blanc que la présence de résidus miniers dans la région est dangereuse pour la santé. Je n’y crois pas un mot», a-t-il dit.

«La population va finir par se fâcher et dire à un moment donné qu’assez c’est assez. Je pense que nous ne sommes pas loin de là.» – Pierre Laroche

Ce dernier a précisé que le Mouvement Pro Chrysotile ne veut pas du tout mettre la santé des gens en péril, il souhaite avant tout qu’on laisse la chance à la région de se développer sans toujours avoir une épée de Damoclès au-dessus de la tête. «Les mines sont fermées et on vient encore faire du harcèlement auprès des institutions et des entreprises. Nous ne pouvons pas vivre avec cette incertitude», a déploré M. Laroche.

Des mesures qui n’ont aucun sens

Le préfet de la MRC des Appalaches et maire de Kinnear’s Mills, Paul Vachon, a aussi abondé dans le même sens. «Je suis complètement outré d’une situation comme celle-là. Il ne faut vraiment pas connaître la région. On applique des normes qui pourraient être correctes à l’intérieur, mais là c’est à l’extérieur… franchement!»

Selon lui, cette position est d’autant plus ridicule considérant qu’il est question de visites très courtes. «Il y a quelqu’un qui va débarquer de l’autobus cinq minutes et on interdit les visites minières. Qu’en est-il de nous? Nous vivons à côté des haldes et nous avons une ville qui est à l’intérieur d’une mine, mais cela ne semble pas avoir d’importance. C’est une directive ridicule et insultante. S’ils veulent déménager la ville, qu’ils mettent un milliard $ pour le faire au lieu de 25 millions $ pour la développer, sinon qu’ils arrêtent de nous écœurer avec ces mesures qui n’ont aucun sens», a martelé le préfet.

Des attentes trop sévères?

De son côté, le maire de Thetford Mines, Marc-Alexandre Brousseau, jugeait la situation déplorable et se demandait encore sur quoi la santé publique se basait pour en arriver à de telles recommandations. «Est-ce qu’ils ont pris des échantillons d’air sur les sites ou est-ce encore la sacro-sainte tolérance zéro», s’est-il demandé.

Celui qui a déjà fait la visite avec sa famille s’est aussi questionné sur la sévérité avec laquelle on dirige le dossier. «Si ça, c’est dangereux, je me demande bien comment on peut survivre dans notre ville. Si c’était aussi tolérance zéro pour tous les autres cancérigènes reconnus, je pense qu’on aurait de la misère à évoluer sur notre planète. On commence à avoir hâte qu’ils traitent l’amiante comme ils traitent les autres cancérigènes», a-t-il conclu.

Laurent Lessard pointe du doigt le directeur de santé publique

Le député de Lotbinière-Frontenac, Laurent Lessard, déplore que le directeur de santé publique, le Dr Philippe Lessard, émette ce type de recommandations sans venir les expliquer à la population et aux intervenants locaux.

«Je suis toujours assez critique avec les positions de M. Lessard sur l’impact des visites minières étant donné que c’est la première fois que celles-ci se passent alors qu’il n’y a aucune exploitation du chrysotile. Comme ce n’est pas passé par un comité d’experts indépendants sur les risques probables, j’espère que le conseil d’administration du Musée l’a seulement pris comme quelqu’un qui émettait une opinion qui va dans le sens traditionnel de ce qu’il a fait au cours des années. Peut-être un jour aura-t-il le courage de venir faire des présentations chez nous», a mentionné le député en parlant du directeur de santé publique.

Par ailleurs, Laurent Lessard a vu dans la lettre quelques recommandations utiles, mais il a tenu à préciser que le Musée a toujours eu une approche responsable de la visite minière, ainsi que de la sécurité des visiteurs et du personnel. «S’il y avait un doute possible, les lois existent toujours. Les personnes peuvent se retirer si elles pensent que leur santé peut être affectée et à ma connaissance, il n’y a jamais eu un cas semblable.»

Luc Berthold réagit

Le député de Mégantic-L’Érable, Luc Berthold, a réagi à la nouvelle via la page Facebook du Courrier Frontenac. «Ridicule, absurde et sans fondement. Ça fait des années que la santé publique tente de tout fermer à Thetford Mines. Les montagnes de résidus sont là pour rester. Il y a de l’amiante partout dans la région, et la santé publique n’a pas été capable de démontrer un seul cas de personne affectée par la présence d’amiante dans la nature. La décision du gouvernement fédéral d’interdire l’amiante a donné des ailes à la Direction de la santé publique au Québec, qui se sent maintenant appuyée au plus haut niveau dans sa lutte à finir contre l’amiante. Le problème est que nous vivons encore ici et que rien n’est fait pour changer le décor des haldes. Si le problème est réel, alors que les gouvernements payent pour tous les dommages causés au fil des ans, en remettant tout ça dans les trous. C’est insensé, je le sais, mais c’est à l’image de l’incongruité de la position de la santé publique. La poussière n’a pas de barrière… Agissez ou laissez-nous respirer en paix!»

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