Lettre à Laurent Lessard

Monsieur Lessard,

Dans le Courrier Frontenac du 13 juin dernier, le «petit menteur» que vous êtes affirmait : «À titre d’élu, j’ai été à la rencontre des gens et à leur écoute.» Vous avez eu un sacré culot pour faire une telle affirmation. Dans notre dossier, monsieur le ministre, il est clair que vous avez abandonné votre comté à votre attaché politique.

Vous avez été la risée à l’Assemblée nationale quand vous avez déclaré : «Le ministère a pris la charrue par les cornes.» Malgré l’hilarante confusion linguistique, cet énoncé témoigne d’une véritable détermination, alors que pour notre dossier, c’est non seulement l’immobilisme total, mais vous vous en êtes sauvé au pas de course. Vous avez préféré le salaire d’un ministre au service des citoyens de votre comté.

«… j’ai été à la rencontre des gens et à leur écoute.» Double mensonge! Victimes d’agressions sexuelles durant notre enfance et incapables d’obtenir justice, nous nous sommes adressés à vous à titre de citoyens de votre circonscription, deux fois par lettre, sans jamais obtenir la moindre réponse. LAMENTABLE est un mot faible pour qualifier votre comportement.

À la suite de la parution d’une lettre ouverte dans le Courrier Frontenac le 20 avril 2016, votre attaché politique nous a offert une rencontre, mais sans votre présence. Cette peur de mal paraître après avoir agi scandaleusement s’appelle un manque de courage, monsieur le ministre. Bref, malgré des demandes répétées, nous n’aurons jamais de rencontre avec vous. Selon votre attaché politique, la raison en est que «nous vous avions “blasté” un peu trop fort» dans la lettre ci-haut mentionnée. Foutaise!

Mais pourquoi entretenez-vous cette étrange attitude vis-à-vis du dossier des sévices sexuels subis par des enfants? Pourquoi ce dossier semble-t-il vous brûler les doigts? En l’absence totale de courage, nous ne le saurons sans doute jamais. Notons tout de même que deux de vos collègues libéraux, l’un simple député et l’autre ministre, ont accepté de nous rencontrer et de nous aider. Nous tairons leurs noms pour ne pas leur nuire, mais nous sommes reconnaissants à ces personnes d’avoir bien joué leur rôle de représentants de leurs concitoyens.

Vous nous quittez enfin. 150 000 $ et 17,1 % d’intentions de vote (c’est probablement ce dernier chiffre que vous attendiez dans votre supposée longue réflexion).

Finalement, nous demandons à tous ceux qui sont sensibles à la grave injustice faite par le délai de prescription aux enfants victimes de sévices sexuels de ne pas voter libéral en raison du fait que ce parti a tout fait pour étouffer cette cause légitime et noyer le poisson.

Nous en profitons pour remercier du fond du cœur tous ceux qui nous ont aidés d’une façon ou d’une autre.

Pierre Bolduc (victime)
Denis Cloutier (victime)
Roger Lessard (porte-parole des victimes)