L’UPA Chaudière-Appalaches en mode attente

Le président de l’UPA Chaudière-Appalaches, James Allen, accueille l’arrivée de la Coalition Avenir Québec (CAQ) avec ouverture, mais a surtout hâte de connaitre l’identité du prochain ministre de l’Agriculture.

Le syndicat agricole a connu ses démêlés avec le gouvernement libéral, particulièrement lorsque les rennes du ministère étaient occupées par Pierre Paradis. «On va le voir dans l’action. On voyait ce que l’ancien gouvernement faisait. Est-ce que l’on aura un autre ministre comme M. Paradis ou on aura droit à un réel bon ministre de l’agriculture ? M. Lessard (Laurent) avait une écoute attentive. Il souhaitait régler les problèmes agricoles.»

M. Allen a déjà ciblé les fers de lance de son organisation pour les prochains mois. Il se dit en mode écoute, mais espère que la perte de superficie chez ses membres cessera ou que d’autres occasions pourront évoluer. «Il faut trouver des solutions sur les dossiers des taxes municipales par exemple et sur le moratoire des superficies en culture. C’est normal que les villages grandissent, il y a plus de monde. En même temps, on ne peut perdre des terres parce que les villages s’agrandissent. Il faudra pouvoir déboiser à certains endroits.»

Un sujet qui risque de susciter bien des discussions dans les instances régionales sera, à son avis, celui des matières fertilisantes de la Ville de Québec. «Ils sont en projet de construire une usine de biométhanisation et les résidus de cela devront aller à un endroit. De ce que l’on entend, ils ne veulent pas faire plus de 100 kilomètres, donc ce sera forcément dans les territoires déjà agricoles, soit Bellechasse, Nouvelle-Beauce ou Lotbinière. Ils veulent venir jeter ça de notre côté. L’enfouissement des matières organiques, on est pour ça. Nous serons capables de les recevoir au besoin, mais il ne faudra pas tasser des animaux pour cela. Là aussi, nous allons perdre si cela se produit.»

Gestion de l’offre

James Allen est naturellement inquiet des récents dénouements entourant la négociation de l’ALÉNA. Il indique que l’UPA a déjà commencé les discussions avec les gouvernements en place. Il se dit pessimiste, mais préfère attendre d’en savoir davantage avant de développer, puisque des agroéconomistes du syndicat agricole épluchent l’entente.

«Entre deux virgules, on peut voir plein de choses. Le diable est dans les détails. On peut dire que l’on va ouvrir les marchés à 5 000 tonnes de fromage, sauf que les détails sont quoi ? Il faut attacher tout ça avant de comprendre adéquatement ce qui nous attend. Qui va pouvoir importer les produits ? Les grandes chaînes ou les transformateurs ? Pour le producteur, c’est toute une différence. Si ce sont les producteurs de lait du Canada qui réussissent à obtenir les contrats d’importation, on viendrait amoindrir l’impact de tout ça.»

L’épisode du lait diafiltré a laissé un goût amer aux producteurs canadiens, rappelle M. Allen qui distingue une perte de souveraineté du Canada sur l’exportation de lait écrémé. Ce dernier s’attend à ce que les entreprises impliquées dictent la suite des choses. «Les usines sont en affaires. Si les œufs sont moins chers aux États-Unis, c’est là qu’ils achèteront.»