Myriophylle à épi au lac du Huit : Adstock et l’APEL lancent un cri d’alarme

La présence de myriophylle à épi dans le lac du Huit à Adstock inquiète la Municipalité et l’Association de protection de l’eau du lac (L’APEL). Afin de contrer la propagation de cette plante aquatique envahissante, un plan d’action est en train d’être déployé et les riverains sont invités à collaborer.

«Pour l’instant, elle en est à ses débuts dans le lac, mais elle va se propager et en prendre le contrôle si on ne fait rien. L’objectif est d’aller le plus rapidement possible pour éviter cela. On a demandé un rapport préliminaire au Regroupement des associations pour la protection de l’environnement des lacs et des bassins versants (RAPPEL) et on devrait avoir le document final cette semaine», a mentionné Guy Châteauneuf, président de l’APEL.

Le myriophylle à épi, parfois appelé plante zombie, provient d’Asie et a été transporté par les bateaux. Il a commencé à se propager dans les cours d’eau et les lacs du Québec. Il est maintenant présent dans plus d’une centaine de plans d’eau sur le territoire de la province.

«Cette plante a la faculté de se reproduire plus rapidement que les autres et de dominer l’endroit où elle est. Elle pousse entre un et cinq mètres de profondeur et va prendre le contrôle de tout ce qui est dans le lac. Elle va sortir de quelques centimètres au-dessus de l’eau, empêchant ainsi la circulation des bateaux à moteur. Une hélice qui va passer dans un herbier va possiblement faire 10 000 morceaux qui vont se poser là où il y a moins de courant et se transformer en 10 000 plants», a expliqué M. Châteauneuf.

Selon le ministère de l’Environnement, le myriophylle à épi peut avoir des conséquences importantes. Il peut, par exemple, amener une perte de biodiversité ou un blocage de lumière pour les autres plantes du lac. De plus, une densité élevée peut nuire directement aux chaînes alimentaires et réduit l’oxygène présent dans l’eau. Elle peut également déranger les amateurs de pêche et de baignade. Enfin, les conséquences peuvent aussi être économiques, notamment en dépréciant la valeur des propriétés situées autour du lac.

«Malheureusement, il y a des gens qui n’ont pas pris soin du lac et on ne veut plus que ça se reproduise» – Guy Châteauneuf

Plan d’action

Comme le lac du Huit est à la tête d’autres étendues d’eau dans la région, notamment le Lac-à-la-truite et le Grand lac Saint-François, il est primordial de poser rapidement des gestes concrets. Dès l’été 2019, des plongeurs spécialisés travailleront à enlever les plants. Des bénévoles seront nécessaires afin d’aider au travail en retirant les petits morceaux à la surface à l’aide de puisettes. Les démarches se poursuivront en 2020 et en 2021 si nécessaire.

Pour ce faire, des demandes d’aide financière seront envoyées, notamment à la Fédération canadienne de la faune. «On veut avoir un support de la part de la MRC des Appalaches et du politique afin d’aller chercher des subventions pour l’éradiquer. Le conseil municipal veut aussi déployer un budget de 100 000 $ sur trois ans pour lutter contre les végétaux envahissants», a indiqué le maire Pascal Binet.

Collaboration des gens

La présence de le myriophylle à épi est une conséquence de l’insouciance des plaisanciers qui se promènent de lac en lac sans laver leur bateau. Une seule embarcation a pu être nécessaire afin d’amener cette plante envahissante dans le lac du Huit. On demande donc aux riverains et aux utilisateurs du plan d’eau leur collaboration afin que cela ne se reproduise pas.

«Les bateaux qui vont venir de l’extérieur devront chaque fois être lavés avant d’entrer sur le lac. On a rencontré les gens des différents endroits où l’on peut laver nos autos en ville et on leur a demandé de laver les bateaux et les remorques. Il va falloir avoir une preuve que vous avez lavé votre embarcation. On va aussi prendre le contrôle du débarcadère. Il y a présentement au-dessus de 400 clés en circulation autour du lac, c’est fini. Il y aura quelqu’un à la guérite qui inspectera chaque bateau avant d’entrer sur le lac», a soutenu Guy Châteauneuf.

Les gens possédant une descente privée sont invités à collaborer et à s’assurer que leur embarcation ou celles de leurs amis soient bien lavées avant d’entrer sur le lac. On leur demande aussi de ne pas circuler à l’intérieur des bouées sauf pour sortir et entrer à leur quai. Des lettres seront envoyées aux riverains afin de les informer de la situation et de les sensibiliser. Finalement, la Municipalité entend mettre sur pied une consultation publique pour instaurer des mesures de contrôle.