Patrick Naud : le travailleur de rue des Appalaches

Travailleur de rue et intervenant au Réseau d’entraide des Appalaches (REA) depuis un an et demi, le natif de Thetford Mines Patrick Naud est en mesure de constater l’évolution de la pauvreté. Sa fonction? Œuvrer en collaboration avec les autres organismes afin de combattre celle-ci et d’aider les gens dans le besoin.

«Mon travail consiste à aller vers les personnes en situation de marginalité, parce que souvent elles ne viendront pas à nous. Je vais dans la rue, les parcs, les endroits publics, les fêtes ou les bars pour les rencontrer directement à la source. Ça peut être n’importe qui, de l’adolescent de 13-14 ans, à l’adulte qui a subi un coup dur, aux personnes seules de 90 ans. Je les écoute, offre de l’aide alimentaire et vestimentaire, distribue des seringues et des condoms, les dirige ou les amène vers les organismes appropriés, les aide à monter leur curriculum vitae et les accompagne aussi chez les employeurs», explique Patrick Naud en entretien avec le Courrier Frontenac.

«Un travailleur de rue est comme un super ami sur lequel on peut toujours compter» – Patrick Naud

Un travailleur de rue est un intervenant qui ne juge pas. «Au contraire, celui-ci doit avoir un grand sens moral avec une grande écoute et beaucoup d’empathie pour être en mesure de bien saisir le problème et de comprendre la situation dans laquelle les gens se trouvent», affirme Patrick.

En 2018, le REA a distribué 2282 condoms et 56 seringues, a fourni 324 dépannages alimentaires et a nourri 871 bouches lors de ses cuisines collectives. Le travailleur de rue est quant à lui intervenu auprès de 2243 personnes.

Une extension aux soins professionnels

Une grande partie des cas que Patrick rencontre dans la région sont liés à la santé mentale et aux problèmes de consommation de drogue. «Il y a aussi beaucoup de besoins alimentaires. Ce sont vraiment les trois côtés que nous voyons le plus.»

Le travailleur de rue sert aussi de filet lorsque le CLSC échappe ces personnes présentant des problèmes de santé mentale et de dépendance. «Je suis là pour aller vérifier si elles sont correctes, si elles ont besoin de quelque chose et si je suis capable de les ramener à leur intervenant. Je peux aussi les accompagner là-dedans jusqu’à ce qu’elles soient à l’aise pour y retourner», souligne Patrick.

Photo Courrier Frontenac – Claudia Fortier

Les gens ont parfois des réticences et se méfient, mais il devient souvent un ami pour eux. «Plusieurs ont des problèmes et ne veulent pas en parler. C’est là que moi j’arrive pour les écouter en toute confidentialité. J’y vais au rythme de la personne en avant de moi. Si je vois, par exemple, qu’elle n’est pas prête à aller au Centre Domrémy pour sa consommation, je ne la forcerai pas.»

Une aide régionale

Patrick couvre un territoire assez élargi, soit celui de la MRC des Appalaches, il peut donc se rendre de Disraeli jusqu’à East Broughton.

«Mon horaire est assez variable, mais généralement vous pourrez me rejoindre le mercredi de 8 h 30 à 16 h 30 et du jeudi au samedi de 14 h à minuit, soit au Réseau au 418-338-2024 ou sur mon cellulaire au 418-814-9429. Si jamais je ne réponds pas, laissez un message et je vous rappellerai dès que possible. J’ai aussi une page Facebook où vous pouvez m’écrire. Il suffit de chercher REA TDR.»

Par ailleurs, il organise les jeudis soir à partir de 17 h des soupers de rue pour les jeunes de 16 à 25 ans sans enfant pour qu’ils puissent se préparer une bouffe ensemble. De cette manière, cela leur permet d’avoir accès à un bon repas et de se détendre en bonne compagnie.

«Ne restez pas seul avec vos ennuis, une main tendue pour vous aider n’est jamais bien loin», conclut le travailleur de rue.