Urgence d’agir pour la rivière Bécancour

Les membres de l’Association de protection du lac à la Truite d’Irlande (APLTI) ont adopté à l’unanimité lors de l’assemblée générale annuelle de l’organisation, le 9 juin dernier, ce qu’ils ont nommé une «Déclaration de l’état d’urgence de la rivière Bécancour». Le document préparé, tout en présentant une série de faits et d’interventions réalisées au fil des ans, sonne l’alarme et appelle à l’action.

Depuis plusieurs décennies, la rivière Bécancour (secteur Haute-Bécancour) est fortement touchée par la sédimentation des résidus miniers (haldes) provenant des anciennes mines de la région, le mauvais drainage agricole occasionné par des bandes riveraines inexistantes et les nombreux déversements des eaux usées sans désinfection de l’usine de traitement de Thetford Mines.

Le résultat : le lac à la Truite d’Irlande connaît une eutrophisation inquiétante et l’état des étendues d’eau de la rivière, soit l’étang Stater, le lac William et le lac Joseph, se détériore. La santé de ces plans d’eau est menacée et il est urgent d’agir croit l’APLTI.

La santé de la rivière et de ses plans d’eau comme le lac à la Truite d’Irlande (photo) est menacée.

À la source du problème, les déversements d’eaux usées

En 2016, les déversements à l’usine de traitement des eaux usées de la ville de Thetford Mines, secteur Black Lake, étaient au nombre de 1 442. Cette usine présente le plus haut taux de contamination de toutes les installations au Québec. En effet, la médiane des résultats des échantillonnages de coliformes fécaux effectués par Réseau Rivières à la station d’échantillonnage du pont Marcheterre, en aval de l’usine, est de 3 700 UFC/100 ml. Elle est 4,6 fois plus élevée que celle de Granby qui arrive en deuxième position.

«La situation est critique, a déclaré Réjean Vézina, président de l’APLTI. Il est grand temps que la Ville de Thetford Mines apporte les correctifs nécessaires. Les activités aquatiques récréatives au lac à la Truite d’Irlande sont compromises et la municipalité de Saint-Ferdinand hésite à aménager une plage publique à sa marina. Elle investit d’ailleurs cette année dans l’analyse de l’eau du lac William à intervalles réguliers pour s’assurer qu’elle soit adéquate pour la baignade.»

Une situation connue, mais ignorée

En 1969 et en 1979, des associations sociales, sportives et économiques se sont concertées et ont mené des actions soutenues visant à dépolluer la rivière Bécancour; toutefois, la situation persiste, voire empire. En 1985, le ministère de l’Environnement du Québec publiait le rapport La Bécancour, une tâche urgente destiné à tous ceux qui, de près ou de loin, ont un rôle à jouer en matière d’assainissement des eaux : municipalités, entreprises, exploitations agricoles, groupes environnementaux et population en général. Malgré ce rapport, l’état de la rivière Bécancour est aujourd’hui plus alarmant dit l’APLTI.

La situation est aussi expliquée dans le rapport «Problématique coliformes fécaux-Irlande» remis le 29 mars 2019 par l’APLTI à la députée Isabelle Lecours ainsi qu’aux députés Éric Lefebvre et Luc Berthold. Ce rapport recommande d’imposer à la Ville de Thetford Mines l’installation immédiate d’une filière de désinfection à son usine de traitement des eaux usées.

«Un lac ne se restaure pas par lui-même ni parce qu’on vient d’adopter un règlement. Il faut agir, l’inertie n’est pas la solution. Et c’est ce qu’ont fait les membres de l’Association du lac à la Truite d’Irlande, le 9 juin dernier, en déclarant l’état d’urgence de la rivière Bécancour», a conclu Réjean Vézina.