À vaincre sans péril, on triomphe sans gloire

Luc Berthold, candidat du Parti conservateur du Canada (PCC), a profité du déclenchement des élections fédérales pour dénigrer les autres partis politiques qui n’ont pas encore de candidats pour les représenter dans la circonscription en vue du scrutin du 21 octobre prochain. M. Berthold devrait faire une petite introspection pour connaitre les raisons de cette déplorable situation.

Premièrement, lorsqu’il était au pouvoir, le Parti conservateur a frappé un dur coup à la démocratie en coupant dans le financement public des partis politiques, privant les plus petits partis d’un financement public adéquat pour mener à bien une campagne électorale. En effet, contrairement au PCC, ces partis ne sont pas soutenus financièrement par la classe économique aisée qui contribue largement aux caisses électorales des partis traditionnels.

Deuxièmement, lors du dernier mandat libéral, le comité parlementaire chargé d’étudier la réforme du mode de scrutin n’est pas arrivé à un consensus, malgré le fait que le Parti libéral du Canada (PLC) en avait fait la promesse durant la campagne électorale de 2015. Cette absence de consensus est due en partie au PCC qui était contre cette réforme pour plusieurs raisons, notamment car elle aurait nécessairement fragmenté l’électorat de la droite canadienne. Le PCC a pris tous les moyens pour contribuer à l’avortement de la réforme du mode de scrutin. De plus, l’introduction d’un mode de scrutin proportionnel mixte aurait également désavantagé les partis traditionnels et favorisé les plus petits partis qui sont plus progressistes dans plusieurs régions du Québec et du Canada.

L’élection de M. Berthold est un exemple frappant de cette distorsion du vote. En effet, il est le seul candidat de la droite canadienne dans Mégantic-L’Érable en 2015 à avoir été élu avec seulement 35,42 % des votes, alors que les partis plus progressistes, à gauche du PCC, se sont partagés 64,58 % des votes.

M. Berthold, ce représentant local de la droite économique, sociale et religieuse canadienne lance sa campagne en voulant nous faire croire qu’il déplore la situation actuelle de la démocratie dans notre circonscription. Or, il n’a pas de solution pour améliorer cette situation et il n’en proposera pas pendant la campagne. Le système actuel l’avantage lui et son parti.

Je ne crois pas que le député sortant aurait la même attitude si les partis plus progressistes qui ont obtenu près du deux tiers des votes de la circonscription en 2015 se regroupaient pour lui livrer une bataille 1 contre 1 en 2019. Ce regroupement circonstanciel des votes favoriserait l’élection d’un député indépendant plus progressiste et reflétant mieux les valeurs et les priorités d’une majorité d’électeurs de notre circonscription.

Heureusement pour le candidat conservateur et malheureusement pour les 2/3 des électeurs de notre circonscription, cette situation n’arrivera pas à un mois de la date des élections. Face à la division de ses opposants plus progressistes, le PCC risque de l’emporter comme en 2015 dans Mégantic-L’Érable. C’est facile de mener une campagne lorsqu’un parti a une base électorale représentant plus ou moins 1/3 des électeurs et que ces électeurs n’ont pas d’autres options. C’est encore plus facile lorsque les quatre autres partis vont s’entredéchirer et se partager les 2/3 des électeurs plus progressistes.

C’est aussi pourquoi il nous faut réformer notre mode de scrutin au plus vite!

Jean-François Delisle
Thetford Mines