Un transfert de services qui dérange

Le Centre intégré de santé et de services sociaux de Chaudière-Appalaches (CISSS-CA) procédera à la relocalisation de l’un de ses deux centres de jour thetfordois du programme de réadaptation en déficience intellectuelle et en troubles envahissants du développement, soit celui situé sur la rue Dumais Nord. Cette décision n’a toutefois pas reçu un bel accueil de la part d’intervenants locaux.

À partir du 1er octobre, une partie de cette clientèle sera transférée au centre de jour de la rue Notre-Dame Est, tandis que l’autre devrait être prise en charge par l’Association Renaissance des Appalaches. Cet organisme de promotion et de défense des droits des personnes ayant une déficience intellectuelle et de leur famille devrait d’ailleurs recevoir des sommes pour dispenser le service.

La réorganisation envisagée par le CISSS-CA touchera une vingtaine d’usagers. Les quatre employés en place seront déplacés sur la rue Notre-Dame ou dans d’autres secteurs où les besoins sont présents.

«Au centre de jour de la rue Dumais, nous avons entre autres un nombre assez important de personnes qui ne requiert plus nécessairement de services de réadaptation en tant que tels, mais davantage d’intégration dans la communauté ou d’activités offertes par nos organismes», a mentionné au Courrier Frontenac Stéphane Shaink, directeur adjoint au programme Déficience intellectuelle, trouble du spectre de l’autisme et déficience physique.

La relationniste Mireille Gaudreau du CISSS-CA a précisé que les usagers recevront désormais une aide qui correspond à l’endroit où ils sont rendus dans leur cheminement de vie. «Ceux qui ont encore besoin de services plus spécialisés et de réadaptation parce qu’ils n’ont pas atteint leur niveau de développement optimal vont continuer de les obtenir sur Notre-Dame, alors que les autres seront desservis par Renaissance.»

Selon M. Shaink, ce changement a déjà eu lieu ailleurs sur le territoire et s’est bien déroulé. «Nous avons actuellement 14 ententes avec des organismes communautaires pour l’intégration de nos usagers. C’est vraiment avantageux parce qu’ils peuvent avoir accès à une offre variée.»

L’argent ne suit pas

Selon la directrice de l’Association Renaissance des Appalaches, Jessika Lacombe, la problématique en ce moment est le manque d’argent. Elle estime que l’entente proposée par le CISSS-CA n’est pas assez élevée pour que son organisme puisse embaucher un employé à temps plein et le payer minimalement 16,50 $ l’heure.

«Si je regarde cela, nous sommes en perte totale. Nous aurions 25 clients de plus à raison de deux jours par semaine. Cela représente environ 60 000 $ par année, ce n’est pas assez pour nous compte tenu des dépenses engendrées. Je passerais de 60 à 110 usagers. J’aurais donc besoin d’un local supplémentaire. Quant à moi, cela ne nous permettra pas d’offrir un soutien adéquat. Nous tenterons de négocier pour obtenir une mission globale plus élevée parce que sinon nous ne pourrons pas aller de l’avant», a-t-elle affirmé.

Demande de moratoire

Appelé à réagir aux explications fournies par le CISSS-CA, le maire Marc-Alexandre Brousseau demande la tenue d’un moratoire dans ce dossier. «Présentement, je ne peux pas dire que cela me satisfait comme réponse. L’Association Renaissance des Appalaches va recevoir des sommes, mais elles ne seront pas suffisantes pour couvrir les dépenses. Déjà, cela ne fonctionne pas!»

Quant au transfert des employés, M. Brousseau se questionne quant à la pérennité de ces postes à long terme. «Éventuellement, ces gens-là vont prendre leur retraite et ils ne seront pas remplacés. Je suis convaincu que c’est ce qu’il va arriver, à moins que l’on me dise le contraire. Ce sont encore des emplois de qualité qui sont en danger», a-t-il déclaré.

Le maire Brousseau refuse que le CISSS-CA pelte sa responsabilité et la charge financière vers les organismes de la région. «Nous voulons que notre population soit bien desservie, que les emplois de qualité offerts soient maintenus ou qu’il y ait création de postes parce que cela n’arrive jamais, puis que l’organisme qui recevra les usagers soit financé à la hauteur de ce dont il a besoin pour offrir cette nouvelle mission.»