Un dur coup pour le patrimoine régional

L’incendie ayant éclaté au Magasin général O’Brien a détruit une partie du rez-de-chaussée et de la collection d’objets historiques qui s’y trouvaient. Il s’agit d’un dur coup pour la Société du patrimoine de Thetford Mines qui travaille à transformer ce lieu en un joyau régional depuis des années.

Rappelons que vers 17 h 05 le mardi 17 septembre, le Service de sécurité incendie de la Ville de Thetford Mines a été appelé au centre d’interprétation situé sur la rue du Lac-Noir dans le secteur Black Lake. Le feu a rapidement été maîtrisé et le bâtiment a été sauvé, mais le feu a tout de même causé des dommages considérables. Un problème d’ordre électrique en serait à l’origine. (photos au bas de l’article)

Rénald Turcotte, Denis Bourassa et Guy Toupin de la Société du patrimoine de Thetford Mines – Courrier Frontenac – Jean-Hugo Savard (Utilisation interdite)

Rencontrés près de 24 heures après l’incident, les membres bénévoles de la Société du patrimoine, l’organisme sans but lucratif responsable du Magasin général O’Brien, étaient encore sous le choc, mais se promettaient de tout remettre en ordre.

Questionné à propos du volume des pertes, son président Rénald Turcotte racontait que c’était pour l’instant difficile à évaluer. «À première vue, je dirais que nous avons perdu environ 25 à 30 % de la collection. Heureusement, nous avons des réserves et nous faisons une rotation, mais nous avons perdu des choses importantes comme l’ancienne caisse enregistreuse, le vieux comptoir et plusieurs autres meubles et objets d’origine.»

Guy Toupin, conservateur retraité du Musée de la civilisation de Québec et bénévole à la Société, a notamment mentionné la perte d’une boîte à thé sur laquelle l’adresse du destinataire, un magasin général de Lambton, était encore présente. «La face de l’Indien, c’est ce qui fait le prix, est complètement brûlée. Ce sont des boîtes à 2000 $. Il n’y a plus rien à faire avec cela maintenant. Il y a aussi les textiles et les chapeaux qui ont été abîmés par la fumée», a-t-il expliqué.

Il reste que la plupart de la collection est difficile à évaluer monétairement. «Plusieurs pièces ne sont pas récupérables ni chiffrables. Nous pouvons toujours leur donner une valeur sentimentale, mais pour nous elles faisaient partie de la collection et formaient un ensemble. Nous venons de perdre une partie de la richesse patrimoniale de notre région», a déploré M. Turcotte.

Pour lui, l’événement est d’autant plus désolant, ayant mis personnellement beaucoup d’heures dans ce projet depuis 2003. «Quand je suis arrivé mardi, je me disais que ça ne se pouvait pas. Nous y avons mis de notre cœur et de notre temps. Il ne faut pas oublier qu’il s’agit d’une structure bénévole. Nous le faisons pour la population. Pour nous, c’est une fierté quand les écoles, les groupes de l’âge d’or ou des gens de l’extérieur viennent visiter le magasin et sont impressionnés.»

Le pire évité

Un citoyen qui passait par là vers 17 h a aperçu la fumée et a alerté les pompiers. Sans cela, les conséquences auraient pu être bien plus importantes. «Si c’était arrivé durant la nuit, probablement que nous serions devant un bâtiment complètement en cendres, a précisé M. Turcotte. Nous remercions d’ailleurs les pompiers parce que lorsqu’ils ont fait les ouvertures dans les murs, ils les ont faites parcimonieusement. Ils n’ont pas éventré le toit et ont fait leurs vérifications par l’intérieur. J’ai remercié personnellement le directeur des pompiers.»

La bâtisse, qui date de la fin du 19e siècle, avait fait l’objet de travaux en 2016 alors que la boîte électrique et les fils avaient été changés. Protéger un bâtiment et une collection comme ceux-ci est difficile sans moyens. Selon Guy Toupin, installer un système comme on en retrouve dans les musées ou les centres d’archives coûterait environ 250 000 $, ce qui rend la chose impossible pour un organisme sans but lucratif comme celui-ci.

«Nous sommes des passionnés, donc nous allons essayer de continuer. Les magasins généraux étaient le centre d’achat et économique de l’époque. Si nous ne transmettons pas notre savoir, qui va s’en souvenir?» – Guy Toupin

Évidemment, le centre d’interprétation ne pourra pas ouvrir comme prévu lors des Journées de la culture des 27, 28 et 29 septembre. La Société du patrimoine espère que les travaux de restauration pourront s’enclencher rapidement afin que le lieu soit de nouveau accessible aux visiteurs l’été prochain.

«Le plus tôt sera le mieux, ça va dépendre des travaux, mais parfois les souhaits et la réalité sont deux choses différentes! Je suis toutefois content que la façade ait pu être sauvée», a souligné M. Turcotte.

Une collection à regarnir

Même si le bâtiment était assuré, cela ne couvre malheureusement pas les objets de collection qui s’y trouvaient. «Nous aurions peut-être pu acquérir autre chose pour compenser ce que nous avons perdu si cela avait été couvert, mais là nous ne pourrons pas», a indiqué Rénald Turcotte.

La Société du patrimoine serait toutefois heureuse de recevoir les dons. Il est possible de rejoindre les bénévoles via la page Facebook «Société du patrimoine de Thetford Mines» ou par téléphone au 418-423-3531.

«J’espère que les gens vont continuer à donner et à nous faire confiance. Parfois, la nature fait des choses que nous ne pouvons pas contrôler, mais nous sommes encore fiers de pouvoir le faire», a conclu Rénald Turcotte.

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