C'est la fin pour l'Aréna 76 - Courrier Frontenac

Le conseil municipal de la Ville de Disraeli a annoncé le lundi 16 décembre la fin des activités de glace à l’Aréna 76 en avril prochain. Cette décision, prise pour des raisons économiques, n’a toutefois pas fait l’unanimité puisque les conseillers Charles Audet et Alain Brochu ont exprimé leur dissidence.

«Nous devons être réalistes. Cette infrastructure est déficitaire à raison de plus de 300 000 $ par année. Il faut ajouter à cela des travaux d’importance à réaliser pour la prochaine saison de 150 000 $ et un investissement de 1,6 million $ pour la remise aux normes du système de réfrigération. C’est sans compter que tous ces investissements bénéficieront à une soixantaine de résidents de Disraeli qui utilisent l’Aréna 76», a mentionné le maire Jacques Lessard à l’occasion d’une séance extraordinaire.

Selon ce dernier, 67 jeunes et adultes demeurant sur le territoire de la Ville fréquentent l’endroit sur une base régulière. Ce nombre ne tient toutefois pas compte des jeunes inscrits au programme hockey de la polyvalente et de la clientèle provenant de l’extérieur de la municipalité.

Malgré le fait qu’une subvention gouvernementale de 800 000 $ a été autorisée afin de couvrir une partie des coûts de rénovation et de modernisation, le maire estime que le cœur du problème demeure. «À ma connaissance, l’infrastructure n’a jamais été rentable. Nous avons utilisé le surplus accumulé de la Ville depuis quelques années afin de balancer le budget et maintenir un taux de taxation raisonnable pour nos citoyens. Nous sommes allés voir nos Municipalités voisines pour qu’elles puissent nous aider financièrement, mais nous avons eu droit à une fin de non-recevoir. Un moment donné, quand il n’y a plus d’argent, il faut faire un choix. Nous sommes arrivés devant un mur», a-t-il expliqué.

À son avis, deux choix s’offraient donc à l’administration municipale pour équilibrer le budget de l’année 2020 soit augmenter le taux de taxation de 0,16 $ du 100 $ d’évaluation ou procéder à la suspension des sports de glace à la fin de la présente saison. C’est sur cette dernière option que la majorité des membres du conseil s’est arrêtée. «Nous sommes attristés par ce choix déchirant, mais depuis plusieurs années l’aréna se trouve sur le respirateur artificiel. Cette fermeture est inévitable.»

En janvier dernier, le conseil municipal avait annoncé la tenue d’une consultation publique quant à l’avenir du centre sportif. Celle-ci n’aura finalement jamais eu lieu puisque la Ville misait sur une possible entente avec les autres Municipalités afin de trouver une solution puisqu’elle considère l’aréna comme étant une infrastructure à caractère supralocal.

Le maire de Disraeli est conscient que la décision prise par le conseil aura des répercussions sur les activités de la Polyvalente de Disraeli, dont une partie de sa clientèle bénéficie du programme hockey. «Nous leur offrons pas moins de 350 heures de glace. Nous recevons cette année 25 $ de l’heure, mais depuis 15 ans nous avons donné quelques centaines de milliers de dollars à la polyvalente. Je pense que les gens de Disraeli ont fait une grosse part pour le maintien de ce sport au sein de l’établissement. Ils ne pourront jamais nous reprocher cela», a-t-il soutenu.

Sur le plan personnel, le maire a confié avoir de la difficulté à digérer cette annonce. «Ça fait une quarantaine d’années que je joue au hockey à cet endroit. Pour moi, c’est un deuil et pour la majorité des élus aussi. C’est vrai que ça vient me chercher dans les tripes, mais des fermetures, il y en aura de plus en plus parce que je crois que les Municipalités ne sont plus capables de maintenir le rythme avec les exigences gouvernementales.»

Le maire Jacques Lessard a annoncé l’arrêt des activités de glace lors de la séance extraordinaire du lundi 16 décembre.

Opinions divergentes

Le conseiller municipal Charles Audet est un utilisateur de l’aréna. Il a admis avoir beaucoup de misère avec cette décision et croit que tous devraient se sentir concernés. «Je ne me suis pas impliqué politiquement pour fermer des installations, mais avant tout pour développer la municipalité et donner des services aux citoyens. Présentement, c’est difficile de constater que la décision prise est de fermer l’aréna.»

Il pense que le conseil municipal aurait pu prendre un autre chemin comme celui d’imposer des coupures dans d’autres services afin que l’établissement puisse survivre une autre année, le temps que la population puisse décider. M. Audet estime toutefois que la Ville a tout fait pour convaincre les autres Municipalités de faire leur part. «Nous sommes allés en conciliation pour leur faire comprendre que si elles ne nous aidaient pas, un moment donné nous n’aurions plus le choix de fermer l’aréna. Nous déboursons pour une infrastructure qui sert à tout le secteur Sud et dont nous sommes les seuls à payer, au niveau du secteur adulte principalement.»

De son côté, le conseiller Alain Brochu a affirmé connaître très bien les finances de la Ville. Malgré tout, il s’est dit personnellement incapable de mettre un cadenas sur la porte de l’aréna. «J’ai fait du sport toute ma vie. Je réside ici depuis 1973 et l’infrastructure a ouvert en 1976. Nous ne sommes plus capables de faire vivre cette bâtisse, mais dans mon for intérieur j’ai encore un sentiment d’appartenance. Le taux de taxes aurait augmenté, je l’aurais payé et je n’aurais pas dit un mot.»

M. Brochu est aussi d’avis que d’autres coupures budgétaires auraient pu être réalisées, mais il croit que le conseil se serait peut-être retrouvé dans la même situation dans un an.

Nouvelle vocation?

La Ville de Disraeli a mandaté le professeur émérite André Thibault afin qu’il puisse réaliser une étude quant à l’avenir possible de l’infrastructure. Au cours de l’été 2020, les résidents seront d’ailleurs invités à prendre part à une consultation publique.

Le maire Lessard estime qu’il faudra être créatif. «Il pourrait y avoir des activités sportives ou culturelles qui ne se tiennent pas ailleurs. C’est sûr que nous ne voulons pas dédoubler les services. Nous tenterons d’offrir quelque chose d’unique qui servira à tout le monde», a-t-il conclu.