Michel Dodier prêt pour son mandat

Michel Dodier est devenu le directeur du Service de la Sûreté municipale de la Ville de Thetford Mines, la semaine dernière, alors que s’est tenue la traditionnelle cérémonie d’assermentation. Celui qui est âgé de 41 ans succède donc à Pierre Mathieu qui occupait ce poste depuis 2015. Le Courrier Frontenac s’est entretenu avec le nouveau directeur à la suite de cette officialisation.

Michel Dodier a amorcé sa carrière de policier à Thetford Mines en 2000 avant d’obtenir sa permanence au début de 2001. Il est par la suite devenu sergent en 2005. À partir de 2009, il a été sergent-détective pendant trois ans avant de devenir en 2012 inspecteur-chef à la gendarmerie (directeur adjoint), poste qu’il a occupé jusqu’à sa nomination comme directeur.

Les mêmes fonctions lui avaient été proposées en 2014, mais à ce moment, M. Dodier ne sentait pas qu’il avait l’expérience nécessaire comme gestionnaire et avait donc décliné. «J’avais demandé si c’était possible d’avoir quelqu’un de l’externe pour venir m’aider à me préparer. Pierre (Mathieu) est alors arrivé pour un contrat de cinq ans. Je crois que ça lui avait été mentionné que j’étais peut-être une personne susceptible de prendre le poste par la suite et qu’il aurait à me préparer. Honnêtement, cela a été fait de main de maître. Nous avons toujours travaillé en partenariat. Nous nous entendons très bien et nous avions les mêmes priorités pour l’organisation.»

Le nouveau directeur jugeait également à l’époque qu’il n’était pas raisonnable de prendre cette tâche pour de nombreuses années. «Ce n’est pas un travail que tu peux faire pendant 15 ou 20 ans parce que c’est quand même assez dur. Dans le milieu policier, il y a la gestion des ressources humaines, mais aussi celle des événements majeurs. Quand ça ne va pas bien dans une organisation policière, celui qui est redevable c’est le directeur. C’est correct et ça vient avec la fonction, mais la prendre pour une longue période je trouvais que c’était risqué comme pari», souligne-t-il.

Un autre aspect qui entrait en compte dans sa réflexion était sa famille. Le père de trois enfants trouvait qu’ils étaient un peu trop jeunes il y a cinq ans. «C’est une décision familiale avec ma conjointe et les enfants. Avoir un père policier, ce n’est pas toujours facile, je sais de quoi je parle! C’est une certaine pression même quand tu es enfant.»

De père en fils

Le père de Michel Dodier, Serge Dodier, a également occupé le poste de directeur du Service de la Sûreté municipale à Thetford Mines, soit de 1987 à 1994. «Je connais l’histoire de l’organisation depuis que je suis rentré il y a près de 20 ans, mais à quatre ou cinq ans je me promenais déjà dans le poste parce que j’accompagnais parfois mon père la fin de semaine.»

Était-il donc prédestiné à occuper les mêmes fonctions que ce dernier? Le nouveau directeur ne croit pas qu’il l’était pour autant. «C’est plus un concours de circonstances. C’est certain qu’étant plus jeune, comme tous les autres enfants à un moment donné, je voulais être une police, faire le même métier que mon père, mais en vieillissant j’hésitais entre le droit, l’informatique et policier.»

C’est au début de l’âge adulte, alors qu’il jouait au hockey à Shawinigan, sans trop savoir ce qu’il allait faire de sa vie, qu’il a eu à faire un choix. «Le Cégep de Trois-Rivières offrait techniques policières et j’ai décidé de m’inscrire. Lorsque j’ai été accepté, j’ai eu une décision à prendre. Je ne pouvais pas y étudier et jouer au hockey à Shawinigan en même temps. Je voyais que j’étais rendu là et que je n’avais pas de débouchées dans le hockey, alors j’ai choisi les études.»

À la fin de sa formation, il avoue que son père n’était pas chaud à l’idée qu’il commence sa carrière à Thetford Mines même si de son côté il était déjà à la retraite. «Il voulait m’éviter les problématiques qui viendraient peut-être avec le fait de passer après lui. Toutefois, ça s’est bien passé et j’ai fait mon propre chemin dans l’organisation. Après une ou deux années plus difficiles, les gens ont compris qu’il y avait mon père et qu’il y avait moi, que nous étions deux personnes différentes», soutient-il en ajoutant que si ses enfants venaient un jour à s’intéresser au métier de policier, il aurait probablement les mêmes réticences que son père à ce qu’ils amorcent leur carrière à Thetford Mines.

Le travail de policier en 2020

Comme plusieurs sphères de la société, le métier de policier et la criminalité changent constamment. Les forces de l’ordre doivent toujours s’adapter. L’un des gros dossiers qui occupera le directeur dans les prochaines années est celui de la santé mentale, un problème grandissant.

«À Montréal et Sherbrooke, par exemple, on voit maintenant des travailleurs sociaux dans des véhicules. Ici, nous n’avons pas le nombre d’événements nécessitant cela, mais il faut quand même travailler en partenariat avec le Centre intégré de santé et de services sociaux ainsi qu’avec les différentes ressources. Je crois que nous dépassons à présent plus d’un appel par jour concernant un problème de santé mentale. Parfois, il y a des journées où il n’y en a pas et à d’autres occasions, nous en avons trois au cours d’une même nuit.»

Ce type de cas ne se règle pas en cinq minutes, indique Michel Dodier. «Tu ne peux pas les brusquer, ces personnes ont des droits. Il faut prendre le temps de discuter avec elles et faire appel à des intervenants. C’est une réalité de 2020 et ça n’ira pas en s’améliorant. Le gouvernement tente cependant de voir ce qu’il peut faire pour nous aider.»

Un autre dossier qui occupe les forces policières est celui des crimes technologiques. Que ce soit par la fraude, le leurre informatique, l’hameçonnage, la cyberintimidation ou tout ce qui découle de l’utilisation des appareils comme les téléphones cellulaires et les ordinateurs, en plus des réseaux sociaux, ce type de cas est devenu l’un des principaux auxquels les policiers doivent maintenant faire face.

«Avant, on voyait beaucoup de petits vols. Quand j’ai commencé dans la police, je me souviens que c’était la mode de voler des tours d’ordinateur ou des télévisions. Aujourd’hui, on ne voit plus vraiment cela. Ça s’est transféré sur le Web. La complexité des crimes a augmenté et c’est un aspect qui prend évidemment davantage de temps aux policiers. Nous n’avons pas le choix, nous devons nous adapter», conclut Michel Dodier.