Le Dr Philippe Lessard préoccupé par la faible perception du risque

Le Directeur de santé publique de Chaudière-Appalaches, le Dr Philippe Lessard, affirme ne pas être opposé aux projets de valorisation des résidus miniers si le tout est fait de façon responsable et sécuritaire. Il se dit toutefois préoccupé par la faible perception du risque qui existe dans la région de Thetford.

De passage dans le cadre de la deuxième partie de l’audience publique sur «L’état des lieux et la gestion de l’amiante et des résidus miniers amiantés», le Dr Lessard a pris la parole afin de présenter deux mémoires, l’un signé par tous les directeurs de santé publique de la province et un autre de son cru. Ceux-ci font part de plusieurs recommandations en ce qui a trait à la gestion des résidus miniers amiantés.

Ils proposent notamment la mise sur pied d’un grand programme de décontamination et le développement d’une expertise en ce sens. «C’est une piste qu’on lance qui exprime l’importance que si, éventuellement, il y a des travaux qui amènent à intervenir au niveau des haldes et à faire de la manipulation, qu’on ait vraiment une recherche qui permette de rassurer sur le fait que cette activité n’augmentera pas la présence de fibres d’amiante dans l’air», a indiqué le Dr Lessard en entretien avec le Courrier Frontenac.

Ce dernier admet qu’il y a probablement un lien à faire avec l’idée d’observatoire qui a été avancée dans la région et présentée par le Centre de technologie minérale et de plasturgie (CTMP), mardi. «Je ne connais pas bien le projet, mais les fois où j’en ai entendu parlé par des collègues et des partenaires du milieu, c’est qu’effectivement il pourrait y avoir un modèle qui viendrait répondre à des préoccupations que nous avons en santé publique et en même temps donner l’occasion aux différents partenaires d’échanger pour mieux travailler avec les haldes.»

La perception du risque

Le Dr Lessard a également abordé le sujet de la perception faible du risque dans la région de Thetford lors de sa présentation. C’est d’ailleurs selon lui ce qu’il a voulu exprimer à l’occasion d’une entrevue accordée à Radio-Canada en décembre dernier. Rappelons qu’il avait déclaré que s’il était «un citoyen de Thetford qui réside proche des haldes, il serait inquiet».

«La façon dont j’ai sûrement voulu l’exprimer à ce moment, c’était autour du fait que je ne sentais pas que les responsables étaient prêts à prendre leur part de responsabilités dans la gestion de ce risque. Sur cette base, je considérais que si j’étais un résident de ce territoire-là, je serais en effet préoccupé de ne pas avoir l’heure juste et de ne pas être correctement consulté dans un processus qui, éventuellement, pourrait venir encadrer les pratiques d’exploitation de résidus miniers.»

Les résultats du sondage de la firme Léger commandé par le Centre intégré de santé et de services sociaux de Chaudière-Appalaches représentent bien ce fait selon lui puisque «si cette population avait été adéquatement informée, les résultats auraient été très différents».

De plus, le Dr Lessard s’est dit plutôt surpris quant au niveau de crédibilité de la santé publique vis-à-vis la population puisque compte tenu des événements des dernières années, il se serait attendu à moins.

«Je croyais que le point de vue de santé publique serait loin derrière en termes de référence pour les citoyens étant donné la mobilisation médiatique et les prises de position publiques auxquelles les gens ont été soumis au cours de ces années sans qu’il y ait eu beaucoup de contrepartie de notre part. Ça me surprend qu’on soit près des municipalités alors que nous avons des messages, à la limite, opposés. Je ne sais pas comment expliquer ça.»

Manque d’informations

Au cours des audiences, il a été mentionné par des citoyens que l’information disponible quant aux risques était plutôt inexistante. Le Dr Lessard a d’ailleurs été interpellé par les commissaires à ce sujet. Le directeur a rappelé qu’une lettre avait été envoyée aux citoyens en 2009 afin de les informer.

«J’ai cherché pendant plusieurs années à créer une condition où les différentes parties prenantes pourraient communiquer ensemble des messages corrects à la population sans les amplifier ou les minimiser. Ce contexte ne s’est cependant pas présenté depuis 2009», a-t-il soutenu.

Pour lui, la démarche du Bureau d’audiences publiques sur l’environnement (BAPE) est néanmoins une façon de provoquer un contexte de discussions et d’échanges sur la situation et il assure que des étapes de communication devraient s’enclencher par la suite.

À lire : Les citoyens de la MRC des Appalaches en faveur de l’exploitation des résidus miniers