Une Thetfordoise démarre sa propre ferme maraîchère biologique

Elyse Gagnon de Thetford Mines a décidé de vivre de sa passion pour la terre et la nature en démarrant sa propre ferme de légumes biologiques « Aux coureurs des champs! » qui seront éventuellement cultivés sur sa terre de 93 acres située sur le boulevard Frontenac Est, secteur Robertsonville.

La jeune femme de 27 ans souhaite offrir une mise en marché de proximité en plus de réduire l’impact qu’occasionne l’agriculture sur l’environnement. Les citoyens auront accès, entre la mi-juin et la fin octobre, à une dizaine de variétés de légumes biologiques, à de l’ail, à de la fleur d’ail, ainsi qu’à divers produits transformés.

« Il y a deux ans, je me suis acheté une terre avec mon copain. Avoir une ferme a toujours fait partie de mes projets de vie. Donc, je me suis dit qu’il était temps de m’enraciner quelque part et de lancer un projet qui va demeurer », a mentionné la productrice maraîchère au Courrier Frontenac.

Pour l’été 2020, elle cultivera ses légumes sur les terres de l’Incubateur agroalimentaire des Appalaches à Adstock. Cela lui donnera le temps nécessaire qu’elle a besoin pour procéder à différents travaux qui lui permettront de transférer l’entièreté de sa production chez elle à compter de l’an prochain.

« Nous n’avons pas encore la maison en notre possession. Nous avons toutefois de l’ail qui y pousse, mais nous devons préparer nos champs. Nous voulons aussi rénover et transformer la grange parce qu’elle accueillait auparavant des animaux. Il y a beaucoup de rénovations à faire et de travail sur la terre. C’est pour cela que cette année mes légumes seront cultivés à l’incubateur. Je démarre mon entreprise là-bas, alors je vais pouvoir apprendre et savoir ce que j’aime pour ensuite bien m’installer sur ma ferme », a ajouté Elyse.

Bien qu’il s’agisse de son projet, cette dernière pourra tout de même compter sur plusieurs personnes pour lui prêter main-forte, entre autres, lors des récoltes. « Nous sommes une belle communauté tissée serrée. Nous ne voyons pas cela comme de la compétition. Une ferme permet de rassembler les gens. Des fois, lors des grandes corvées, j’invite des amis et nous plantons l’ail ensemble et nous terminons la journée autour d’un feu. Quand j’ai besoin d’aide, je suis bien entourée. »

(Photo gracieuseté)

Un parcours bien tracé

Cet amour pour la terre, Elyse Gagnon l’a depuis son plus jeune âge. « Ma mère est horticultrice et pour mes parents, le respect de la nature et de l’environnement c’est très important. J’ai toujours baigné là-dedans. »

Après son secondaire, elle a participé à l’expérience Katimavik qui offre aux jeunes adultes l’opportunité d’acquérir des compétences personnelles et professionnelles tout en contribuant au développement communautaire par le biais du service volontaire. « J’ai démarré un jardin communautaire à Collingwood en Ontario. J’ai également voyagé un peu partout, dont en Amérique Centrale afin de travailler dans des fermes biologiques pour apprendre. »

Elle a également suivi une formation DEP en production horticole. « Les gens pensent que nous touchons seulement aux fleurs, mais ce n’était pas cela. Nous avions des serres et nous nous exercions à vendre nos légumes. Nous faisions de la permaculture et même pousser des champignons. Tout était sous régie biologique et nous allions visiter plusieurs fermes en Estrie. »

Lorsqu’elle sera bien installée, Elyse Gagnon aimerait que sa ferme puisse devenir un lieu de rencontre. « En rénovant la grange cet été, nous allons solidifier le plancher du premier étage afin de pouvoir inviter les gens ainsi que des musiciens de la place pour faire des fêtes familiales. Des fois, il y aura des corvées pour récolter les courges et nous pourrons cuisiner ensemble. »

Achat local

En ce temps de pandémie de la COVID-19, Elyse Gagnon espère que les gens seront davantage conscientisés et verront l’importance d’avoir une certaine autonomie alimentaire locale. « Ce serait moins stressant pour nous s’il y avait dans la région plusieurs petits agriculteurs qui pourraient offrir des légumes et des produits locaux. Il suffit que les gens participent. »

Alors que la croyance veut que les produits biologiques soient plus dispendieux, la productrice n’est pas de cet avis. « C’est souvent moins cher que dans les épiceries puisqu’elles se gardent des marges de profit assez élevées. Le but est que ce soit accessible et c’est le cas pour la plupart des maraîchers. Nous comparons nos prix et nous les diminuons. Ce n’est pas parce que c’est bio que c’est nécessairement plus cher. »

Certifié biologique

Les légumes cultivés sur les terres de l’Incubateur agroalimentaire des Appalaches cet été seront certifiés par Ecocert. Entre temps, des démarches sont en cours pour que ceux qui le seront sur la terre d’Elyse à partir de 2021 respectent également les normes.

« Je suis actuellement en processus de précertification avec l’organisme Québec Vrai.  Il y a une panoplie de critères à respecter. De plus, il faut savoir que mes semences seront entièrement québécoises et biologiques. De cette façon, je m’assure d’avoir des légumes résistants à notre climat. »

Notons enfin qu’Elyse Gagnon a remporté l’an dernier une bourse de 3000 $ de Desjardins, dans le cadre du concours « On l’fait? On l’fait! », pour appuyer le démarrage de son entreprise. « C’est une belle tape dans le dos parce qu’une ferme nécessite beaucoup d’investissements et ça va vite, mais en même temps, c’est une passion alors on fonce », a-t-elle conclu.