Lettre à ceux qui nous gouvernent

Vous m’avez demandé de rester chez moi depuis le 15 mars, je vous ai écouté. Vous m’avez demandé de ne voir personne pendant cette période, je vous ai écouté.

Vous me demandez de me tenir loin de mes semblables, je vous écoute. Vous me conseillez de porter un masque pour ne pas contaminer les autres, je le fais, même si porter un masque est pénible.

Je suis un artiste-peintre, mes revenus proviennent de la vente de mes tableaux par le biais de symposiums qui se tiennent pendant la saison estivale. Ils ont tous été annulés. Là encore, je comprends et j’accepte.

Vous me dites que je ne pourrai pas voyager cet été, enfin si peu, je comprends.

Je respecte ces règles, car il me semble que ça relève du bon sens et que la maladie n’est pas une option ni pour moi ni pour personne. Je ne suis pas seul, presque la totalité des gens du Québec et du Canada respecte cet état des choses, mais il y a un petit « hic », le remboursement des voyages payés par les citoyens aux compagnies aériennes.

Toutes ces compagnies, sans exception, se sont entendues pour offrir des « crédits voyages » à leurs clients. Alors que les gouvernements s’arrangent pour faire en sorte que cette crise soit la moins pénible pour le citoyen, on permet à ces compagnies d’enfreindre sans vergogne les diverses lois de protection aux consommateurs et « le simple bon sens ». C’est scandaleux!

Et que dire des compagnies de cartes de crédit qui considèrent les « crédits voyages » comme un remboursement, cela ajoute l’insulte à l’injure.

Comme je l’ai toujours pensé, quand les pauvres manquent d’argent, on va leur trouver du travail, quand les riches manquent d’argent, on va leur offrir une subvention ou une « mesure de soutien », ou on va déconfiner leurs magasins et leurs usines.

J’ai besoin de cet argent et je connais plusieurs familles qui ont besoin de cet argent pour fonctionner dans ces temps sombres et les sommes des voyages payés seraient certainement mieux dans leurs poches que dans les coffres de ces compagnies qui se foutent pas mal de nous.

Je suis assez triste de voir comment on se soucie d’aider des compagnies pour le renflouement d’un cirque à coup de millions pendant que des milliers de familles veulent « légalement » ravoir ce qui leur appartient.

À voir comment ça fonctionne, peut-être qu’il serait mieux pour moi « d’aller faire tourner des ballons sur mon nez » que d’essayer de me faire rembourser par des compagnies, dont la richesse et l’outrecuidance sont sans bornes.

Serge Nadeau
Artiste-peintre