Des laboratoires de proximité pour faire face à une deuxième vague

Après trois mois de lutte contre un ennemi invisible, force est de constater que les failles dans l’organisation des laboratoires du réseau de la santé et des services sociaux montrent de plus en plus les limites de ces derniers. Nous avons réussi à passer au travers de la première vague, mais il est urgent d’en tirer des leçons pour ne pas être emportés par la seconde!

Cela fait près de 10 ans que nous dénonçons la centralisation des laboratoires, l’éloignement des équipements de tests et la réorganisation du réseau qui créent un exode des professionnels et des techniciens de notre région en déplaçant des postes dans les grands centres.

La crise sanitaire que nous traversons a forcé de nouvelles façons de procéder dans les laboratoires, mieux adaptées pour répondre aux besoins de la population. « Chassez le naturel, il revient au galop », dit l’adage. Avant de relancer de plus belle la centralisation, peut-on tirer des leçons des derniers mois?

La pandémie nous aura appris que la réduction du temps de réponse est névralgique. L’analyse des tests de dépistage de la COVID-19 était d’abord effectuée à Winnipeg, puis dans les laboratoires de santé publique pour finalement multiplier les points de services en mettant à contribution des laboratoires de plus en plus près des gens en ayant besoin.

La centralisation des tests de la COVID-19 au laboratoire de Lévis n’a pas été sans conséquence. Pour libérer les appareils, les analyses de gonorrhée et de chlamydia ont été transférées au laboratoire de Rivière-du-Loup, déjà surchargé, et à l’extérieur de la région. On ne s’explique pas cette décision puisque d’autres laboratoires auraient été en mesure de réaliser ce mandat dans Chaudière-Appalaches, et ce, dans un meilleur délai pour les personnes en attente de résultats.

Depuis le début de la crise, le gouvernement encourage les Québécoises et Québécois à circuler, acheter et manger localement. Le coronavirus a mis au jour l’importance des services de proximité pour l’économie, pour la santé publique, mais aussi pour l’environnement.

Comment penser qu’on oubliera si rapidement ces grandes leçons? Alors que la première vague semble être derrière nous, nous appelons nos personnes élues municipales, préfètes de MRC et députées à faire valoir au ministre de la Santé et des Services sociaux, Christian Dubé, l’urgence de mettre un frein à la démarche OPTILAB. Consultons plutôt les travailleuses et travailleurs des laboratoires pour trouver des solutions, décentraliser les laboratoires et assurer des services de qualité à la population.

Jean-François Travers, représentant national de l’APTS pour Chaudière-Appalaches