Interconnexion des Appalaches-Maine : deux communautés autochtones menacent de faire dérailler le projet

Les Innus de Pessamit et les Atikamekws de Wemotaci ont décidé de faire front commun afin de réclamer au gouvernement du Québec d’importantes compensations financières pour les ouvrages de production, les réservoirs et les lignes de transmission qui ont été aménagés par Hydro-Québec sans leur consentement. Pour y parvenir, les deux communautés menacent de faire dérailler le projet d’Interconnexion des Appalaches-Maine dont le point de départ est situé à Saint-Adrien-d’Irlande.

En conférence de presse, le mercredi 5 août au matin, les chefs René Simon de Pessamit et François Néashit de Wemotaci ont mentionné que 36 % de la puissance hydroélectrique totale installée par la société d’État provient des territoires traditionnels Innu, Atikamekw et Anishnabeg, protégés par des droits ancestraux et issus de traités qui n’ont jamais été respectés.

Selon eux, 33 ouvrages de production, 130 barrages et digues, 10 400 km2 de réservoirs, ainsi que des dizaines de milliers de kilomètres de lignes de transport, de distribution et de routes y ont été illicitement mis en place. Ils estiment que ces infrastructures sont toujours opérées par Hydro-Québec à l’encontre des droits reconnus par la Loi constitutionnelle de 1982 et de la jurisprudence émanant de la Cour suprême du Canada.

« L’heure est maintenant arrivée pour nos deux communautés d’opposer une résistance concertée à ce qui est moralement, légalement et constitutionnellement indéfendable. Nous avons l’intention de nous en prendre directement aux revenus que le gouvernement et Hydro-Québec prévoient générer avec leur projet de faire passer une ligne de haute tension, d’une capacité de 1200 MW, vers le nord-est des États-Unis. »

Les Innus et les Atikamekws ont indiqué qu’ils ne pouvaient pas laisser Hydro-Québec tirer profit de leur patrimoine aux États-Unis sans prendre part ouvertement au débat. « Après un siècle de déni de la part du gouvernement du Québec, nos communautés ont une opportunité inespérée de faire respecter leurs droits sur leurs territoires ancestraux. Elles vont résolument saisir cette occasion afin de forcer le règlement qui leur a toujours été refusé. Le gouvernement et Hydro-Québec n’ont jamais eu et n’ont toujours pas la légitimité morale et constitutionnelle pour opérer 33 des 63 ouvrages de production puisqu’ils n’ont jamais consulté et compensé les Premières Nations concernées. Ils ont encore moins la légitimité de vendre de l’électricité aux États-Unis alors que 36 % de la puissance installée au Québec a été usurpée aux dites Premières Nations. »