Un bon rapport dans son ensemble, mais certaines préoccupations demeurent

Le préfet de la MRC des Appalaches, Paul Vachon, s’est dit relativement content des recommandations soumises par la commission d’enquête portant sur l’état des lieux et la gestion de l’amiante et des résidus amiantés.

Même s’il estime qu’il s’agit d’un bon rapport dans son ensemble, il soulève toutefois certaines préoccupations concernant, entre autres, les concentrations atmosphériques d’amiante auxquelles la population est exposée.

« Les commissaires ont pris acte du fait que les fibres d’une longueur inférieure à cinq micromètres sont désormais reconnues par la science pour leur potentiel toxique, alors qu’auparavant cela n’était pas tenu en compte. Je trouve cela embêtant et je suis préoccupé pour les citoyens. Je ne voudrais pas que l’on en arrive au point où il faudrait déménager une population. Je ne pense pas que le gouvernement va aller dans ce sens-là, mais ça m’inquiète. »

Le préfet s’est aussi dit surpris de constater que les travaux réalisés par des particuliers dans des résidences privées devraient désormais être encadrés. « Les commissaires semblent dirent qu’aussitôt qu’il y a présence d’amiante il faut tout arrêter. Ce qui m’inquiète, c’est que si l’on détermine déjà des coûts supplémentaires, ça va être facile de les augmenter immédiatement et si les gouvernements ne sont pas là financièrement, cela peut nous créer un problème. »

Parmi les points positifs du rapport, M. Vachon a tenu à souligner la création d’une entité administrative pour assurer la gestion de l’amiante. « Elle répond à nos besoins. Ce qu’il nous manque comme information, c’est l’endroit où elle sera implantée. Je ne la vois pas à Québec ni à Montréal, mais bien ici. Elle servira de guide pour l’ensemble de l’industrie et de la société. Pour moi, c’est une très bonne nouvelle. »

Le fait que les commissaires ont précisé dans leur rapport qu’il y a actuellement un surcoût pour les Municipalités lorsque celles-ci doivent disposer des résidus d’amiante et que le gouvernement devrait l’assumer est aussi bien accueilli. « Thetford Mines, East Broughton et Saint-Joseph-de-Coleraine, entre autres, sont fortement impactées et je considère qu’elles devraient être aidées par le gouvernement dans leurs travaux de génie civil », a déclaré M. Vachon.

Le préfet s’est également réjoui que la valorisation des résidus miniers sous certains critères soit possible. Enfin, la recommandation visant à mettre tout en œuvre pour que l’impact de l’érosion des haldes de résidus miniers amiantés soit atténué est aussi saluée. « C’est une bonne chose. Ça fait longtemps que la Municipalité d’Irlande se préoccupe de cette situation. »

Le gouvernement du Québec doit payer

De son côté, le maire de Thetford Mines, Marc-Alexandre Brousseau, est catégorique sur le fait que le gouvernement du Québec doit payer pour les coûts engendrés.

Il n’a pas caché sa déception en constatant que la commission d’enquête n’a pas retenu les propositions de la Ville visant à réduire les frais supplémentaires imposés lors des travaux de génie civil réalisés en présence de matériaux contenant de l’amiante.

« La balle est maintenant dans le camp du gouvernement. Le gouffre financier demeure et ça va coûter extrêmement cher à tout le monde, autant à la Ville, aux citoyens qu’aux entreprises. Dans leur rapport, les commissaires disent qu’il était illusoire de la part du ministère de l’Environnement de penser pouvoir décontaminer petit à petit notre ville, mais ils maintiennent les mêmes façons de faire. Nous avions des attentes différentes et nous espérons que l’État va assumer et qu’il aille même plus loin que les recommandations qui lui ont été soumises. »

Quant à la valorisation possible des résidus miniers amiantés, le maire Brousseau s’est dit content. « C’est une bonne nouvelle, mais nous espérons que les contraintes ne seront pas trop sévères afin de ne pas nuire aux projets. Les montagnes de résidus miniers représentent un potentiel de développement économique immense et les entreprises de ce créneau doivent être aidées pour favoriser leur réussite, rejoignant ainsi les principes d’économie circulaire. »

La recommandation de créer une entité administrative pour assurer la gestion et l’élimination sécuritaires de l’amiante est également une bonne chose. « Nous ne voyons pas pourquoi celle-ci serait implantée ailleurs qu’à Thetford Mines. Nous avons des connaissances sur le sujet puisque la problématique est répandue sur l’ensemble de notre territoire. Il faut absolument qu’elle soit chez nous pour que les gens qui y travaillent sachent de quoi ils parlent. Nous aimerions aussi être consultés pour la définition de son mandat », a soutenu Marc-Alexandre Brousseau.

Isabelle Lecours en mode analyse

La députée de Lotbinière-Frontenac, Isabelle Lecours, a mentionné via sa page Facebook qu’elle consacrerait les prochains jours à prendre connaissance du rapport et à l’analyser afin de s’assurer que les préoccupations de la région aient été entendues. Elle a aussi précisé qu’elle en profiterait pour échanger avec le ministre de l’Environnement, Benoit Charette, à ce sujet.

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