Un outil exceptionnel pour les agriculteurs de demain

Depuis maintenant trois ans, les futurs agriculteurs de la région ont accès à une terre-école de 16 acres afin de les aider dans le démarrage de leur entreprise. L’Incubateur agroalimentaire des Appalaches, situé dans le secteur Sacré-Cœur-de-Marie à Adstock, met à leur disposition tous les outils nécessaires pour qu’ils puissent se familiariser avec le travail, expérimenter et développer leur marché dans un cadre où les risques sont minimisés.

Ce projet est né d’une volonté concertée de redynamiser l’économie de la région sous un angle différent à la suite du déclin de l’industrie de l’amiante. « Les gens ne s’en rendent pas compte, mais l’agriculture est une force qui génère 120 millions $ par année seulement dans notre MRC et personne ne s’en occupait. Nous voulions en même temps diversifier nos formes d’agriculture parce que dans la région, c’est plutôt laitier, bovin et acéricole. Ici, nous concentrons nos énergies sur la production de légumes biologiques », a mentionné au Courrier Frontenac le président du Comité de développement agroalimentaire des Appalaches, Michel Nadeau.

Pour assurer le bon fonctionnement de l’incubateur, la coordonnatrice Caroline Lessard est présente sur place avec son équipe afin d’accompagner les agriculteurs de demain. « Mon rôle est de gérer le côté terrain en support avec le comité technique. Je m’occupe des incubés et de la maintenance du site. Plusieurs personnes sont venues amorcer leur production ici pour ensuite la transférer sur leur propre terre, tandis que d’autres souhaitaient seulement obtenir des conseils pour bien démarrer. Même si ce ne sont pas tous des incubés, nous sommes pour eux en quelque sorte un modèle d’encouragement. Nous avons contribué à développer plusieurs entreprises jusqu’à maintenant. »

Selon M. Nadeau, l’incubateur a généré autour de 350 000 $ en retombées économiques dans la municipalité d’Adstock depuis sa mise en activité. « Au départ, les gens considéraient cela comme une dépense en voyant la location du terrain, l’achat des équipements et la construction du bâtiment contenant les chambres froides, mais c’est loin d’être le cas. Elles sont minimes comparativement aux retombées générées. Nous avons trois employés rémunérés. De plus, nous favorisons l’achat local pour pratiquement tout, sans oublier l’aspect social. Vous n’avez pas idée de tout le dynamisme qu’il y a ici depuis l’implantation de l’incubateur. C’est fantastique », a souligné le président du comité.

Autonomie financière

:Pour assumer les coûts liés au fonctionnement de l’incubateur, le comité bénéficie de diverses subventions. La vente des légumes cultivés dans des commerces et sur le site engendre également une source de revenus. Cet argent est ensuite réinvesti afin de bonifier les installations.

Michel Nadeau a précisé que le but ultime pour le comité est d’atteindre l’autonomie financière. Il s’est d’ailleurs donné cinq ans pour y parvenir. « En écoulant nos produits, cela nous donne cette opportunité. Nous aimerions que les gens de la région s’habituent à venir se procurer leurs légumes ici. Nous sommes à proximité de Thetford Mines. Il y en a qui viennent, mais nous en voudrions davantage. Cet endroit est accessible à tout le monde. De plus, c’est une roue qui tourne. Plus les citoyens vont nous encourager, plus nous pourrons investir dans la région. »

L’effet COVID-19

La pandémie de la COVID-19 a certes conscientisé plusieurs personnes à l’importance d’acheter local. La coordonnatrice Caroline Lessard a d’ailleurs été prise de court le printemps dernier, alors qu’un fort intérêt pour le jardinage est soudainement apparu. « Normalement, je prévois mes semences et tout le matériel en janvier et en février. Quand il y a eu le confinement au printemps, c’est parti en folie. Tout le monde voulait son jardin. Je me suis rendu compte que je n’étais pas prête et j’ai été obligée de recommander des semences et de refaire mes semis. J’ai eu d’excellentes ventes. Les gens ont compris à quel point c’est important de manger local, bio et de s’autosuffire », a-t-elle souligné.

Mme Lessard a d’ailleurs remarqué que les consommateurs veulent davantage comprendre d’où viennent les légumes qu’ils achètent, connaître les différentes variétés et savoir comment les cuisiner. « Les gens posent plus de questions qu’avant sur ce qu’ils mangent. »

Centre de transformation agroalimentaire

La construction d’un centre de transformation agroalimentaire est souhaitée dans la région depuis de nombreuses années. D’après Michel Nadeau, le projet avance grandement. Une terre de 100 acres située de l’autre côté de la rue de l’incubateur a d’ailleurs été acquise par la Municipalité d’Adstock et le Comité de développement agroalimentaire des Appalaches.

« Nous regardons pour y implanter un centre de transformation. Tout serait à proximité. Nous aurions l’incubateur et cette infrastructure. Ce projet est plus que vivant. Il ne manque pas grand-chose pour le compléter. J’espère que nous pourrons bientôt faire une entrevue à ce sujet. »

Pour Caroline Lessard, ce centre de transformation permettrait d’aider les entreprises agricoles existantes à se diversifier, à être plus rentables, ainsi qu’à d’autres de voir le jour. « Le producteur de fraises et de bleuets qui a trop de surplus ou des fruits qu’il ne peut pas vendre en raison de leur apparence pourra louer l’usine, transformer le tout en confitures et en tartes, et ensuite repartir avec ses produits. »

Sur le plan financier, cette installation serait plus que profitable selon la coordonnatrice. « En alimentaire, une cuisine certifiée MAPAQ représente beaucoup d’investissements et nécessite des permis, tandis que le centre de transformation représenterait pour eux une opportunité d’expérimenter. Pour les incubés, ce serait également merveilleux parce qu’ils pourront produire à l’incubateur et transformer leurs récoltes tout juste à côté. Je trouve que c’est un beau tout », a-t-elle conclu.