La deuxième vague est commencée en Chaudière-Appalaches dit la santé publique

Le week-end de la fête du Travail a démontré qu’une deuxième vague est déjà en cours dans la région de Chaudière-Appalaches, alors que 42 nouveaux cas de la COVID-19 ont été répertoriés de vendredi à mardi selon les bilans du CISSS.

La directrice de la santé publique en Chaudière-Appalaches, Dre Liliana Romero, avoue être surprise du constat des derniers jours. « Ça nous inquiète énormément. On s’attendait à ce qu’une deuxième vague arrive dans la région, mais pas aussi tôt. On se rappelle que lors de la première vague, nous avions été l’une des premières régions touchées. Nous avions aussi été l’une des premières déconfinées, car nous n’avions pas beaucoup de cas », rappelle la Dre Romero.

Une éclosion dans une résidence de personnes âgées à Saint-Georges, Le Saint-Guillaume, jumelé au fait que quatre écoles ont rapporté au moins un cas en Beauce, montre que le virus atteint maintenant toutes les tranches d’âge, selon elle.

« Il est partout, c’est la vraie transmission communautaire. C’est vraiment tout le monde qui peut être touché. À Saint-Georges, nous avions deux foyers d’éclosion. Le virus est entré dans la résidence d’abord parce que des employés de l’entreprise de construction ont transmis la maladie aux travailleurs de la résidence. »

Elle remarque également que l’ouest du territoire est davantage touché pour le moment. « On surveille de près ce qui se passe en Beauce et à Thetford. Dans les MRC plus à l’est (Etchemins, Bellechasse, Montmagny et L’Islet), ça se déroule plutôt bien pour l’instant. »

L’arrivée de l’automne

La fin de l’été, jumelée à l’arrivée de la température plus froide, incite aussi la Dre Romero à penser que le virus pourrait circuler davantage. « Il y a eu des études qui ont démontré que le virus peut survivre plus facilement quand il fait froid que lorsqu’il fait chaud. C’est clair. On sait qu’il a muté également. Son degré de contagion est plus important. Au niveau de son agressivité, ce n’est pas clair. On voit que des personnes de 20 ans pourraient en mourir et des gens de 90 ans en guérir. On sait que certaines maladies chroniques peuvent jouer un rôle sur la gravité des cas, mais pourquoi il agit différemment sur les personnes, on ne le sait pas encore. »

Elle suggère aux gens de ne pas sous-estimer les risques de transmission avec l’arrivée imminente de l’automne. « Quand il fait froid, on passe plus de temps à l’intérieur. On y recevra de la visite et la plupart des activités sportives seront intérieures aussi. On aura tendance à relâcher un peu au niveau des mesures parce que c’est notre voisin, un membre de la famille et on les croit tous en bonne santé et de bonne foi. Ce n’est pas toujours vrai. Il faut maintenir la distanciation, le lavage des mains et le masque. »

L’efficacité du masque

Le port du masque a-t-il un effet pervers? Dre Romero n’écarte pas cette possibilité. « On voit que des gens portent le masque, mais ils s’approchent des gens parce qu’ils n’arrivent pas à se comprendre. Ça peut créer un faux sentiment de sécurité. Il faut aussi se laver les mains, parce que le virus peut être sur des surfaces. Les précautions sont toujours de mise. Il faut garder ses distances, mais aussi porter un masque de bonne qualité, avec au minimum trois couches de coton. Un masque qui n’est pas suffisamment épais fera en sorte que vous pourriez attraper la maladie et la transmettre aussi.»

Entretemps, le CISSS Chaudière-Appalaches continue ses préparatifs et mobilise ses effectifs, explique Dre Romero. « On se prépare parce que nous sommes déjà dans une deuxième vague. Nous sommes en train de renforcer notre vigilance au maximum. On mobilise des équipes d’enquêteurs et de dépisteurs. Nous serons prêts, mais c’est plus difficile qu’en mars ou avril parce que nous sommes déconfinés et que l’on a relâché les mesures. »

La situation est aussi complexe qu’imprévisible, explique-t-elle. « Nos chiffres nous indiquent que nous avons potentiellement 137 cas actifs à l’heure actuelle, mais 235 personnes avec lesquelles elles ont eu des contacts. Un cas nous donne environ cinq contacts à rejoindre et ceux-ci peuvent potentiellement en devenir, alors c’est tout un défi. »

Sur l’annonce du ministre de la Santé, Christian Dubé, à l’effet que des alertes régionales pourraient être effectuées, Dre Romero confirme que si des mesures devaient être prises éventuellement, celles-ci pourraient finalement être imposées par territoire. « On le fait déjà dans les régions plus touchées, où il y a des éclosions. Il y a davantage de surveillance dans les milieux de travail. On le fera selon la situation. »