Comment le virus se transmet-il dans la région de Thetford?

Après avoir été épargnée lors de la première vague, la région de Thetford est maintenant frappée de plein fouet par la deuxième. En effet, selon les données de l’Institut national de santé publique du Québec (INSPQ), elle est la deuxième plus touchée au Québec avec un taux de cas actifs de 214,1 par 100 000 de population (91 au total). Elle n’est devancée que par Baie-des-Chaleurs et se trouve devant tous les secteurs des villes de Montréal et de Québec.

Depuis le début de la pandémie et jusqu’à la fin août, la région de Thetford (MRC des Appalaches) ne comptait que 53 cas confirmés de COVID-19 et aucun décès. La tendance s’est renversée au début de septembre. Au moment d’écrire ces lignes, elle en était rendue à 228 cas confirmés et à neuf décès. En à peine un mois, le nombre de personnes infectées a plus que quadruplé et les décès se sont additionnés en milieux d’hébergement pour aînés.

Pourquoi? Il est difficile de répondre à cette question. Est-ce que les citoyens ont été plus imprudents qu’ailleurs? Se sentaient-ils trop en sécurité après avoir connu une première vague timide? Encore une fois, c’est difficile à dire puisque d’autres régions ont aussi été épargnées lors du printemps et, bien qu’elles connaissent aussi des augmentations, elles ne sont pas aussi fortes qu’ici.

Selon la directrice de santé publique de Chaudière-Appalaches, Dre Liliana Romero, la façon dont le virus est arrivé à Thetford est une grande question que peut-être nous n’aurons jamais la réponse.

« Nous savons qu’il a commencé à circuler au niveau de la communauté, parmi des citoyens normaux, des personnes de la population active économiquement, surtout lors de rassemblements privés. Nous avons à présent une transmission communautaire installée », explique-t-elle.

La propagation dans des milieux d’hébergement a été fort médiatisée, dénombrant plus d’une quarantaine de cas à eux seuls. Ils avaient pourtant été épargnés dans notre région lors de la première vague.

Des écoles sont aussi affectées, notamment la Polyvalente de Thetford où il y a 13 cas et six groupes isolés, en plus de la fermeture d’une classe de l’école du Plein-Soleil localisée dans l’établissement secondaire. « Même si ça semble beaucoup à la Polyvalente de Thetford, compte tenu de l’ampleur de l’institution, c’est une éclosion qui est bien contrôlée », précise toutefois Dre Romero.

La Polyvalente de Disraeli et l’école de la Pierre-Douce à Saint-Pierre-de-Broughton ont également des cas positifs et des élèves en isolement. Il y a certaines entreprises qui ont été touchées, mais le virus y est demeuré contrôlé en petites éclosions.

Donc, pour ce qui est de la principale cause de transmission, on en revient aux rassemblements privés, dans les résidences, par exemple, pour des anniversaires, les sorties entre amis, que ce soit au restaurant, dans les bars ou autres lieux publics. La transmission communautaire, elle se fait de cette façon. Bien entendu, Dre Romero ne blâme pas du tout les restaurateurs qui ont fait les efforts nécessaires au cours des derniers mois. Ils ne pouvaient pas prévoir et n’avaient pas de pouvoir sur le fait qu’un simple souper entre amis pourrait amener le virus à se propager entre eux. Des histoires comme celle-ci, il y en a eu dans la région de Thetford.

La directrice régionale de santé publique donne aussi l’exemple d’un groupe d’amis qui s’est réuni dans un chalet pour une fin de semaine. L’un d’eux, pris par une légère congestion nasale et une petite toux, a finalement eu un test positif de COVID-19 et l’a transmis aux autres sans le savoir.

L’objectif n’est pas de pointer qui que ce soit du doigt ou de rendre coupables les citoyens de la région. Ils ne sont pas différents des autres ailleurs au Québec. Le manque de socialisation a fait très mal. Le but est avant tout de comprendre pourquoi aujourd’hui, nous sommes en zone rouge, avec toutes les conséquences que cela implique.

Les prochaines semaines seront importantes. « Nous surveillons les données et nous avons mis beaucoup d’efforts sur le dépistage à Thetford. Maintenant, c’est la période difficile, il faut attendre au moins 14 jours pour voir s’il y a un changement au niveau de l’épidémiologie. Cependant, je crois qu’avec les mesures mises en place, ça va favoriser l’amélioration des conditions dans votre secteur », affirme Dre Romero.

Enfin, elle demande aux citoyens de faire preuve de patience et de respecter les mesures. « Ce sont deux choses qui vont aider à se sortir de cette situation. »