Moyens de transport limités pour les patients atteints de la COVID-19

Les patients atteints de la COVID-19 n’ont pas beaucoup d’options lorsqu’ils doivent se déplacer, par exemple de l’hôpital à leur domicile.

Une infirmière infectée par le virus a communiqué avec le Courrier Frontenac à ce propos. Celle-ci déplorait le fait que sa demande de transport en taxi pour retourner chez elle après avoir obtenu son congé de l’hôpital a été refusée et qu’aucun service de raccompagnement n’était prévu pour ce type de clientèle. La femme, dont l’état de santé nécessitait à ce moment un transport par ambulance, a été obligée de marcher une longue distance avant qu’un proche accepte finalement de venir la chercher, et ce, malgré la crainte de tomber malade.

Consciente de la problématique, la gestionnaire de Taxi Coop à Thetford Mines, Bianca Binet, estime que la santé et la sécurité de ses chauffeurs sont très importantes. « Nous sommes le service de transport en commun de la ville de Thetford Mines et souvent les gens ont tendance à l’oublier. Si la COVID-19 rentre dans les taxis (ou taxibus), nous serons dans le trouble parce que je ne n’ai personne pour remplacer mes chauffeurs. Nous devons évaluer les risques puisqu’environ 80 % d’entre eux ont 60 ans et plus. Nous ne sommes pas à l’aise de les forcer à transporter des cas positifs. »

Également questionnée à ce sujet, la relationniste du Centre intégré de santé et de services sociaux de Chaudière-Appalaches (CISSS-CA), Mireille Gaudreau, a précisé qu’un service de transport adapté pour les 65 ans et plus quittant l’hôpital pour retourner à domicile est disponible, mais que l’organisation ne prend pas en charge les personnes autonomes.

Dans le cas des patients infectés, elle estime que ce refus de les transporter est déplorable puisqu’ils ont besoin de ce service. « Les règles des entreprises de taxi ne relèvent pas de notre responsabilité, mais nous suggérons de dédier un taxi adapté avec un plexiglas pour le déplacement de gens positifs et ainsi répondre aux besoins de cette clientèle. Une personne qui vit ces difficultés peut en informer le personnel soignant pour voir si une aide ponctuelle peut leur être apportée. »

Plus facile à dire qu’à faire

La gestionnaire de Taxi Coop convient que la mise en place d’un transport dédié pour les cas de COVID-19 est une solution, mais elle soutient que cela est plus facile à dire qu’à faire. « Présentement, nous fonctionnons avec neuf véhicules. Pour que les gars fassent un salaire qui a du bon sens, nous ne pouvons pas en mettre plus sur la route. De toute façon, même si nous voulions dédier un taxi pour ces cas, nous n’aurions pas de conducteur. Nous l’avions déjà envisagé, mais personne ne veut le faire parce qu’ils ont peur, et ce, malgré le fait qu’il y a un plastique entre eux et les clients. »

Selon elle, il arrive que des utilisateurs du service ne disent pas la vérité sur leur état de santé et elle déplore cette situation. « Il y a des gens qui ne respectent même pas leur confinement de 14 jours. Une femme est embarquée dans un véhicule pour aller au Walmart alors qu’elle se savait positive. Madame allait faire son épicerie. C’est fou! Les gens commencent à comprendre, mais cet été il y avait beaucoup de partys dans les maisons. Nous le savons parce que ces personnes nous appelaient. Des exemples comme ceux-là, il y en a plein. »

Mme Binet comprend que la situation actuelle est décevante et que pour plusieurs il s’agit de leur moyen de transport, mais elle implore la population de respecter les consignes gouvernementales. « Je dois penser à la société en général. Si le virus rentre à l’intérieur des taxis, imaginez la chaîne de transmission et réfléchissez à tout le travail que cela va apporter à la santé publique. Nous en transportons des gens dans une journée et nous ne sommes pas capables de retracer tout le monde. »