Syndicat de l’enseignement de l’Amiante : un vote à 77 % en faveur d’un mandat de grève

Les membres du Syndicat de l’enseignement de l’Amiante (SEA), affilié à la Fédération des syndicats de l’enseignement de la Centrale des syndicats du Québec (CSQ), ont voté à 77 % en faveur d’un mandat de grève légale allant jusqu’à cinq jours. Son déclenchement sera déterminé à une date ultérieure selon l’évolution des négociations. Rappelons que les conventions collectives du secteur public sont échues depuis le 31 mars 2020.

Étant donné le contexte, le président du SEA, Francis Jacob, s’est dit satisfait du résultat du vote à la suite de l’assemblée à laquelle 326 membres ont pris part. Notons que ce syndicat représente 500 enseignantes et enseignants du Centre de services scolaire des Appalaches.

« Nous voulons envoyer le message au gouvernement que les enseignants en ont ras-le-bol » – Francis Jacob

L’objectif de ce mandat de grève est de faire réagir le gouvernement afin qu’il s’asseye à la table et qu’il négocie de façon honnête, a indiqué M. Jacob. « Les syndiqués considèrent que les offres patronales sont méprisantes pour le personnel enseignant. Voilà plus d’un an que les représentants syndicaux négocient avec le Conseil du trésor sans avancée significative. Les membres ont donc décidé de mettre de la pression afin d’accentuer leur rapport de force. »

Les dates du déclenchement ne sont pas encore arrêtées et ne risquent pas d’arriver avant la fin du confinement. Les principales revendications au niveau sectoriel consistent à améliorer la composition de la classe, diminuer la lourdeur de la tâche, bonifier la rémunération et améliorer les conditions des enseignants précaires ainsi que leur entrée en fonction.

Les enseignants voudraient d’abord que ce soit plus facile de jouer avec les ratios. Actuellement, qu’il y ait un ou 15 élèves en difficulté dans une classe, le nombre total demeure autour d’une trentaine. De plus en plus de tâches administratives leur sont aussi demandées, au détriment de leur activité première qui est l’enseignement selon eux.

L’ajustement de la rémunération et l’échelle salariale sont également des enjeux. « Il y a des statistiques prouvant que les enseignants québécois sont les moins bien rémunérés au pays. Nous avons 17 échelons alors que dans les autres provinces ils en ont une dizaine pour atteindre le maximum. Le gouvernement avait promis lors des élections qu’il enlèverait les six premiers, mais dans les offres patronales il ne l’a même pas inclus », a déploré Francis Jacob.

Enfin, une amélioration liée à la précarité des postes est une autre des revendications dans ces négociations. « Actuellement, 50 % du personnel n’a pas de tâche pleine. Plusieurs finissent par avoir du temps plein en bouchant des trous ici et là. Ça amène quand même une insécurité pour les jeunes familles. Nous en avons qui sont dans la quarantaine et qui sont encore en situation de précarité, c’est assez spécial », a souligné le président du SEA.

Ce dernier a ajouté que jusqu’à maintenant, c’est une fin de non-recevoir de la part du gouvernement sur toutes les demandes. « Nous essayons de lui faire comprendre que nous sommes en pénurie d’enseignants et que nous avons un taux élevé de non légalement qualifiés qui font les classes. Nous n’allons pas régler le problème si nous n’améliorons pas les conditions des enseignants. Les offres patronales sont pires qu’en 2015 lorsque nous étions en austérité et en compressions budgétaires. Nous sommes à mille lieues de nous entendre. »

Francis Jacob avoue que le « momentum » a changé depuis l’an dernier en raison de la situation actuelle. « Tout le monde était d’accord que c’était le tour des enseignants. L’opinion publique était de notre côté. Les parents voient que leurs enfants n’ont pas toujours l’éducation à laquelle ils ont droit. Un enfant n’ayant pas de difficulté d’apprentissage, mais qui a 15 camarades qui en ont dans sa classe, on s’entend que ce n’est pas avec lui que le professeur passera le plus de temps. L’attention est portée envers les soins de santé présentement, mais cela ne change pas le fait que les problèmes que nous avions avant la pandémie seront encore là après », a conclu le président du SEA.