CATTARA s’oppose au projet de loi 59 dans sa forme actuelle

À l’instar des autres groupes de défense des droits des accidentés du travail ou des victimes de maladies professionnelles, le Comité d’appui aux travailleurs et travailleuses accidentés de la région des Appalaches (CATTARA) s’oppose formellement à l’adoption du projet de loi 59 dans sa forme actuelle. Celui-ci vise la modernisation du régime de santé et de sécurité au travail et est perçu davantage comme un recul.

Pour le directeur Mario Dufresne, il est clair que le ministre Jean Boulet devra retourner à sa planche de travail. « Actuellement, le seul point qui fait l’unanimité entre tous les intervenants, c’est que ce projet de loi ne répond aucunement aux attentes. Tant du côté patronal, que de celui des syndicats ou des groupes de défenses des non-syndiqués, il y a unanimité sur ce point. Même le Collège des médecins a émis certaines réserves. Il y a un grand nombre de points sur lesquels nous sommes en désaccord, toutefois, nous allons nous en tenir principalement à ce que nous défendons depuis plusieurs années. »

Ainsi, pour CATTARA, il est inacceptable que l’on réduise le rôle du médecin traitant au profit des médecins de compagnie. L’organisme insiste pour le maintien de la prépondérance du médecin traitant comme le prescrit la loi actuelle, tant pour les accidentés du travail que lorsqu’il est question du retrait préventif pour les femmes enceintes et celles qui allaitent. « Ce que propose le projet de loi n’aura d’autres effets que de compliquer encore davantage le retrait préventif puisque l’avis du médecin traitant ne sera plus le seul considéré. »

Autre point de désaccord, le traitement réservé aux travailleurs âgés. « Lors de la pénurie de main-d’œuvre, on se mettait presque à genoux pour les inciter à revenir sur le marché du travail, maintenant on songe à leur enlever le peu qu’il leur reste de protection », insiste Mario Dufresne.

Pour appuyer ses dires, il fait remarquer que si, actuellement, le travailleur âgé bénéficie de la présomption d’incapacité lors d’un accident de travail, c’est-à-dire qu’un travailleur qui subit une lésion professionnelle a droit de recevoir une indemnité de remplacement du revenu pendant toute la durée nécessaire à la consolidation (guérison ou stabilisation) de sa lésion, puisqu’il est alors présumé incapable d’exercer son emploi.

Or, le projet de loi viendra, en quelque sorte, abolir cette notion. « La Commission des normes, de l’équité, de la santé et de la sécurité du travail (CNESST), explique-t-il, pourrait déterminer un emploi convenable ailleurs sur le marché du travail pour la personne aînée. En d’autres termes si l’actuel employeur ne peut lui offrir un emploi adapté à sa condition présente, la CNESST aura le pouvoir de l’obliger à faire de la recherche intensive d’emploi, à se réorienter ou à participer à des programmes de recherche d’emploi. Ce sont des personnes accidentées de 60 ans ou plus ne l’oublions pas. Pour nous, cela s’appelle du manque de respect envers les personnes aînées vulnérables. »

Enfin, M. Dufresne tient à attirer l’attention sur le fait que les questions entourant le télétravail sont absentes, de même que celles visant les maladies psychologiques reliées au travail, notamment l’épuisement professionnel (burnout) et finalement ce qui concerne les maladies professionnelles, pas un mot sur la maladie de Parkinson, dont souffrent plusieurs agriculteurs ayant été exposés à long terme à des pesticides, on mise plutôt sur la création d’un comité scientifique dont le mandat consistera uniquement en des recommandations, « ce qui revient à dire donner plein pouvoir à la CNESST et au ministère sur ces questions », déplore le directeur de CATTARA.