Rivière Bécancour : l’urgence de réduire les apports de sédiments amiantés

Un plan de contrôle visant à réduire les apports de sédiments amiantés dans le secteur minier de la Haute-Bécancour est en cours d’élaboration depuis le mois de décembre. Ce projet, mené par le Groupe de concertation des bassins versants de la zone Bécancour (GROBEC), doit se poursuivre jusqu’en janvier 2022.

Cette démarche vise principalement à déterminer des moyens de retenir les résidus amiantés s’érodant des sites miniers de Thetford Mines. Le GROBEC estime qu’il y a urgence d’agir puisque cela cause un préjudice à la rivière Bécancour ainsi qu’aux lacs à la Truite à Irlande, William à Saint-Ferdinand et Joseph à Inverness.

« Il n’y a pas de mesures actuellement pour contrôler l’érosion de ces haldes. Une étude réalisée par l’Université Laval afin de mesurer les sédiments dans le fonds de ces lacs, et principalement depuis la vidange du lac Noir (lac d’Amiante) dans les années 50, a permis de constater une accumulation de manière accélérée par rapport au rythme naturel et à celui qu’il y avait avant les opérations minières », a mentionné au Courrier Frontenac Sandrine Desaulniers, directrice adjointe au GROBEC.

Selon elle, les sédiments découverts sont identiques à des résidus miniers amiantés, ce qui démontre un lien de cause à effet entre l’érosion des haldes et l’ensablement des lacs situés plus bas. « À ce rythme-là, le lac à la Truite va disparaître d’ici quelques dizaines d’années et il va devenir un étang puisqu’il est déjà très peu profond. Un enrichissement s’est produit et nous le voyons. Ce sont des lacs qui subissent des efflorescences de cyanobactéries par exemple, et qui sont envahis de plantes comme le myriophylle à épis en raison de la présence de sédiments frais », a-t-elle expliqué.

Pour tenter de trouver une solution à ce problème, l’organisme sans but lucratif a recours au Service du génie et de l’environnement de la Ville de Thetford Mines dont le mandat est de caractériser les haldes de résidus miniers amiantés de la Haute-Bécancour, en plus d’élaborer un plan de rétention des sédiments qui déterminera et priorisera les mesures d’atténuation appropriées en fonction des sites d’érosion.

Le but est d’aménager un premier bassin de sédimentation au pied d’une halde riveraine de la mine Normandie et de mesurer la quantité de sédiments amiantés transportés par l’eau provenant des sites miniers jusqu’à la rivière Bécancour.

« Pour ce bassin, nous avons déjà les plans et devis. Nous attendons l’autorisation de la direction régionale du ministère de l’Environnement. Nous avons bon espoir de recevoir la réponse assez rapidement afin de pouvoir amorcer les travaux au plus tard à l’automne », a dit Mme Desaulniers qui travaille d’ailleurs dans ce dossier depuis plus d’un an.

Elle a aussi indiqué que plusieurs autres bassins de sédimentation sont à prévoir d’ici les prochaines années. « Nous savons qu’il y a beaucoup d’endroits problématiques, mais il y en a une quinzaine dont l’apport en sédiments est visible à l’œil nu. Nous voulons minimalement un aménagement à proposer pour ces sites. À la fin du projet, nous aimerions que la Ville de Thetford Mines réalise les plans et devis pour l’un d’eux. »

Notons enfin qu’une première rencontre entourant ce projet, dont la valeur totale se chiffre à 267 000 $, a eu lieu le 28 janvier dernier et a permis de regrouper pour la première fois les municipalités concernées, les deux compagnies minières propriétaires des sites visés (Granilake et Mazarin), les députés de la région, la direction régionale du ministère de l’Environnement, le génie-conseil Viridis Environnement, Englobe, ainsi que Miroslav Chum, l’ingénieur à l’œuvre dans des projets de restauration des sites miniers et de la rivière Bécancour.