Femme entrepreneure : le parcours inspirant de Jennifer Poiré

Rien n’est acquis pour les femmes qui désirent mettre à profit leur talent, leur expertise et leur créativité dans le secteur de l’entrepreneuriat dominé par la gent masculine. Elle-même issue d’une famille d’entrepreneurs, Jennifer Poiré a réussi à saisir les opportunités et à gravir les échelons jusqu’à la présidence du Groupe Castech-Plessitech, une entité qui réalise un chiffre d’affaires de plus de 50 millions $ par année.

L’atelier d’usinage Plessitech à Plessisville et la fonderie Métallurgie Castech à Thetford Mines sont les deux entreprises phares du groupe qui ont été rachetées par son père, Allen, en 1987 (avec d’autres associés) et 1994 (avec le Fonds de solidarité FTQ). Elles emploient quelque 300 personnes.

Les godets (buckets) de pelles à câbles et de pelles hydrauliques sont les produits de niche du groupe. Les pièces de « leur bébé » (comme se plaît à le dire Jennifer) sont coulées à la fonderie à Thetford pour être usinées et assemblées à l’atelier d’usinage à Plessisville. Le groupe fabrique aussi d’autres produits destinés aux alumineries et pour le secteur des pâtes et papiers en plus de posséder trois autres petites entreprises liées à leur business.

La passion de pouvoir développer en plus de poursuivre une histoire familiale

Jennifer est née à Thetford Mines, mais a grandi à Black Lake où elle a fait son école secondaire. Elle est âgée de 38 ans et habite aujourd’hui à Saint-Ferdinand. Elle est également mère de deux enfants.

Elle a fait des études collégiales en commerce international à Drummondville, puis obtenu un baccalauréat en administration des affaires en ressources humaines à l’Université Bishop’s à Sherbrooke.

Après y avoir toujours travaillé comme étudiante à temps partiel, elle a rejoint Métallurgie Castech à plein temps en 2006. En parallèle, elle a ajouté des cordes à son arc avec une maîtrise en gestion des organisations à l’Université Laval en plus de recevoir une formation à l’École d’entrepreneurship de Beauce. Elle accède d’abord à la présidence de Métallurgie Castech en 2007, puis au Groupe Castech-Plessitech en 2014 pendant que son père demeure président de Plessitech.

Le chiffre d’affaires du Groupe Castech-Plessitech se situe à quelque 50 millions $ par année. (Gracieuseté)

« Depuis que je suis toute petite que je m’intéresse aux compagnies. Je suivais mon père partout. C’est d’ailleurs comme ça que j’ai appris mon anglais, notamment lorsqu’il a eu des entreprises en Ontario », raconte-t-elle.

Comme elle l’explique, elle se dit chanceuse d’avoir pu compter sur un père entrepreneur pour suivre ses traces, mais l’élément déclencheur qui l’a incité à persévérer dans ce milieu est sa passion pour le développement organisationnel de l’entreprise et de côtoyer les gens en milieu de travail.

Elle avoue que ça n’a pas été toujours facile pour la femme qu’elle est d’évoluer dans ce milieu masculin. « Je crois que ce qui m’a donné une chance d’être acceptée à l’interne, c’est d’avoir commencé à la base. Les employés m’ont connue quand j’avais quatre ans. J’allais partout. Ensuite comme étudiante, j’ai commencé par laver des murs et des lumières. J’ai ensuite été réceptionniste-téléphoniste. Je passais également mes soirées à suivre les “gars” à la fusion dans la fonderie pour voir comment ça se passait sur le plancher. Ça m’a aidé à comprendre le fonctionnement de l’entreprise et l’environnement de travail du personnel. »

À l’externe, Jennifer souligne que ce fut vraiment plus difficile de faire sa place parmi ses pairs masculins. « Mais quand t’es convaincu, t’es convaincant et c’est de cette façon que j’ai continué à avancer. Je n’ai pas la même expérience que mon père et il me reste beaucoup à apprendre dans ce milieu, mais je suis entourée des bonnes personnes pour m’appuyer tant au niveau de la production et des ventes que du côté des ressources humaines, finances ainsi que recherche et développement. »

Pour Jennifer, il est évident qu’il pourrait y avoir plus de femmes dans les conseils d’administration d’entreprises du secteur manufacturier. « Il faut faire notre place. Nos idées sont aussi bonnes que celles de nos collègues masculins. Il ne faut pas avoir peur de se lancer et de foncer. Si tu crois en ton projet et en tes valeurs, just do it (fais-le) », offre-t-elle à titre de conseil aux femmes.

Elle profite d’ailleurs de cette période liée à la Journée de la femme (8 mars) pour faire un clin d’œil à l’équipe d’Investissement Québec au Centre-du-Québec qui se démarque avec 93% de femmes dans ses rangs, l’impact de cette présence se traduisant par une diversité des points de vue à plus de souplesse dans l’organisation même.

« Investissement Québec est l’une des rares entités qui a toujours soutenu notre groupe même lors de ses périodes orageuses et qui était également présente lorsque nous avons eu des projets d’agrandissement et d’acquisition d’équipements. J’en serai toujours reconnaissante », a-t-elle indiqué.

Impacts de la COVID-19

La présidente du groupe Castech-Plessitech explique que leurs entreprises s’en sont bien tirées depuis le début de la crise du coronavirus. « Nous avons été chanceux parce que les entreprises de nos clients (minières, alumineries, pâtes et papiers) n’ont pas été fermées puisqu’elles sont considérées comme offrant des services essentiels. Par ricochet, les nôtres ont dû rester ouvertes pour satisfaire leurs besoins et livrer les produits dont elles avaient besoin pour la poursuite de leurs opérations. »

Elle précise que le recrutement de main-d’œuvre a cependant posé des difficultés pour son groupe et que la situation liée à la COVID-19 n’a fait qu’empirer les choses. « Comme l’embauche était déjà difficile au Québec, nous avons dû nous tourner vers l’international pour trouver de nouveaux effectifs, mais les travailleurs qui devaient se joindre à nous en mars 2020 n’ont pas pu le faire avant janvier 2021, ce qui a mis passablement de pression sur notre personnel au cours des derniers mois. »

En terminant, la présidente du Groupe Castech-Plessitech assure que ce ne sont pas les contrats qui vont manquer cette année, mais que le recrutement quotidien pour combler les effectifs demeurera le principal défi de l’entreprise.