Magella Marcoux : comme un bon berger près de ses brebis

Né le 11 août 1936 à Saint-Ferdinand, Magella Marcoux est le quatrième d’une famille de 13 enfants. Il a fêté ses 60 ans de vie sacerdotale le 27 mai dernier. Il avait été ordonné prêtre en 1961 à l’âge de 24 ans par l’archevêque de Québec, Maurice Roy, lors d’une cérémonie qui s’était déroulée à la cathédrale de Québec.

Sa présence chaleureuse et son dévouement continuel auront marqué sa carrière active. Magella Marcoux a été le rayon de soleil de milliers de paroissiens parce qu’il a su rester proche des gens. «J’ai été un pasteur de terrain. Je n’ai jamais été friand des formules. C’est ce qui m’a peut-être rendu original. J’aimais m’occuper du monde», explique-t-il.

Après la réussite de son cours classique, il mentionne qu’il aurait pu tout aussi bien faire un dentiste, un médecin ou un comptable. Toutes les portes de l’Université Laval lui étaient ouvertes. «À cette époque, la religion était à 100 % populaire. Mes parents étaient très croyants et pratiquants. J’ai alors décidé, après mûre réflexion et prière, de me tourner vers la théologie pour être au service des gens.»

Magella a amorcé sa carrière à Beauport. Il a également servi dans plusieurs autres paroisses, dont Loretteville, Thetford Mines et Coleraine (11 ans). Il y a 30 ans, il a obtenu la permission de l’archevêché pour présider dans son village natal les destinées des paroissiens de Saint-Ferdinand-d’Halifax, de Saint-Jean-Baptiste-Vianney et de Saint-Adrien-d’Irlande, où il a terminé sa carrière.

À Loretteville par exemple, où se retrouvaient plus de 6000 familles, il raconte que la traditionnelle visite paroissiale dans les foyers durait huit mois par année tous les jours. «On y confirmait également pas moins de 700 enfants par année. C’était à une époque où la foi était plus active.»

En plus d’officier les cérémonies religieuses, Magella, pendant sa carrière, s’est rendu au chevet de ses paroissiens hospitalisés et a visité régulièrement les personnes âgées dans les maisons de retraite. Il organisait aussi une guignolée avant chaque Noël et faisait lui-même la distribution des denrées reçues, en toute discrétion.

Pendant 25 ans, dit-il, il a été là chaque matin pour accueillir les jeunes du primaire à leur descente d’autobus avant qu’ils n’entrent à l’école à Saint-Ferdinand. Il l’a fait aussi à Loretteville et Coleraine. «J’allais aussi à la rencontre des gens à la cabane à sucre. Ici à Saint-Ferdinand et les environs, c’est 115 cabanes que je visitais dans un mois et demi. J’allais là où les gens étaient, et ils m’ont toujours bien reçu.»

Santé précaire

Officiellement à la retraite en raison de sa santé décroissante, il continue à dire sa petite messe du mercredi et à rendre service occasionnellement à ses collègues prêtres pour des mariages, baptêmes et funérailles dans sa communauté à Saint-Ferdinand.

Après être demeuré toute sa vie sacerdotale dans un presbytère, l’homme de 84 ans (il en aura 85 le 11 août prochain) habite aujourd’hui l’un des nouveaux appartements de la ressource pour personnes âgées, la Villa du versant du lac, située sur la rue Principale à l’emplacement même de l’ancien hôpital Saint-Julien.

Il confie que le fait d’avoir renoncé à son permis de conduire, à cause de sa vision qui décline, l’ennuie énormément alors que ce sont les gens qui doivent se déplacer pour venir le chercher quand ils ont besoin de ses services. «Le Maître trouvait que j’avais assez couru. Il m’a enlevé la moitié de la vue et de mon équilibre. Mais je suis chanceux, il m’en reste la moitié. Je peux fonctionner encore», illustre-t-il dans son langage toujours aussi coloré ajoutant qu’il prend sa marche tous les jours, mais avec l’aide d’une canne.

Il affirme avoir toujours été heureux dans sa carrière de 60 ans de prêtrise. «Je n’ai pas d’ennemi et je n’en veux pas non plus. Et si j’en ai peut-être, je ne le sais pas», ricane-t-il.

Le bonheur est un peu plus tamisé depuis qu’il s’est retiré. Il mentionne que ça lui manque de ne plus pouvoir se déplacer pour visiter les familles et les malades. Même à la retraite, il réussit néanmoins à garder contact avec ses paroissiens alors qu’il poursuit une pratique vieille de près de 30 ans qui consiste à les appeler le jour de leur anniversaire de naissance ou de mariage. «Mon bottin compte à ce jour plus de 4800 noms. C’est un peu plus difficile de le consulter à cause de mes yeux (j’ai besoin d’une loupe), mais je vais continuer d’appeler les gens tant que je le pourrai.»

Magella affirme toujours croire en Dieu, «ce serait scandaleux de penser autrement». Il constate toutefois que l’écoute n’est plus la même autour de lui. «Les valeurs des gens ont changé avec le temps.»

De la cohorte de 28 prêtres qui avaient été ordonnés en même temps que lui, il n’en reste plus que cinq. «Je peux dire que j’ai été très chanceux de me rendre où ce que j’en suis.»

Une centaine de paroissiens, pandémie oblige, lui ont rendu hommage en assistant le 30 mai dernier à la cérémonie tenue en son honneur et présidée par le curé Jean-Luc Laflamme.

Le maire de Saint-Ferdinand, Yves Charlebois, souligne pour sa part que le curé Marcoux est une personnalité très importante au sein de son village parce qu’il soude vraiment les gens ensemble et qu’il n’est pas quelqu’un qui juge les autres. «Quand je suis venu m’installer à Saint-Ferdinand en 1992, il avait trouvé ma date de naissance sur une liste électorale. C’est à partir de là qu’il a commencé à nous appeler, ma conjointe et moi, à chacun de nos anniversaires.»

«Puis de fil en aiguille, j’ai fait de la photo lors d’anniversaires à l’église et je me suis occupé de faire la promotion de sa guignolée et produire aussi divers communiqués de presse en lien avec la paroisse. À la blague, je disais souvent que j’étais devenu son attaché de presse à temps plein», de conclure M. Charlebois.