Aéroport de Thetford : le rendement n’est pas au rendez-vous

RÉGIONAL. Insatisfaite du rendement actuel de l’aéroport de Thetford Mines, la MRC des Appalaches se penchera dans les prochains mois, en concertation avec la Ville, sur l’élaboration d’un plan d’action afin que l’endroit puisse éventuellement répondre aux attentes du milieu.

Le préfet Paul Vachon n’a pas mâché ses mots lors d’une récente entrevue avec le Courrier Frontenac. Il estime entre autres que la population est actuellement beaucoup mieux desservie par l’aéroport de Saint-Frédéric et celui d’East Angus. «Ce n’est pas normal. Nous voulons travailler avec la Ville pour nous donner un aéroport digne de ce nom et des services reliés à la mission de ce type d’installation. Il pourrait éventuellement y avoir un service pour les voyageurs, ainsi que des écoles de parachutage et de pilotage», a-t-il mentionné.

M. Vachon estime que le statu quo est inacceptable. Il avance que la région aura bientôt accès à un centre de congrès accompagné d’un hôtel, ainsi qu’au Centre historique de la mine King, et qu’il faut avoir en place des moyens de développement. «L’aéroport en est un. Je peux vous dire que c’est un dossier qui va prendre un essor considérable dans la prochaine année», a-t-il insisté.

Rapport d’activité

Il faut savoir que l’aéroport est sous la gouverne de la Corporation de l’aéroport de Thetford Mines qui regroupe notamment des représentants de la Ville, de la MRC, ainsi que le gestionnaire. La somme allouée par la Ville est passée d’un peu plus de 72 000 $ en 2010-2011, incluant les taxes, à plus de 90 000 $ en 2015-2016. De ce montant, la MRC rembourse à la Municipalité une somme de 49 000 $ par année pour compenser une partie des pertes en revenus de taxes et des frais d’exploitation.

Le Courrier Frontenac a obtenu en vertu de la Loi d’accès à l’information le rapport d’activité de l’aéroport de Thetford Mines de 2010 à 2015. Dans le document, préparé par la Corporation à la demande de la Ville, nous apprenons qu’il y a eu l’an dernier un total de 128 vols commerciaux et 1553 vols privés, comparativement à 115 et 1504 un an plus tôt. Il ne s’agit pas ici de mouvements de vols comprenant soit un décollage ou un atterrissage et qui sont comptabilisés séparément.

La Corporation de l’aéroport de Thetford Mines n’est toutefois pas en mesure de préciser le nombre d’utilisateurs locaux et ceux provenant de l’extérieur. De plus, celle-ci estime qu’il est difficile d’évaluer les retombées économiques liées aux activités de l’aéroport annuellement. Selon elle, les installations servent surtout pour quelques compagnies, dont DSD International et Gexel. Il est important de savoir qu’aucun coût n’est demandé à l’utilisateur pour avoir accès aux installations, ce qui limite les revenus.

D’après les informations obtenues, les quelque 90 000 $ versés au gestionnaire permettraient entre autres de procéder à l’entretien de la piste, des stationnements, des accès à l’aéroclub durant toute l’année, y incluant l’entretien, le déneigement et le dégagement des feux de piste, l’épandage d’abrasifs, la coupe du gazon, ainsi que le balayage de la piste et des accès et de plusieurs dépenses de fonctionnement.

Changer le modèle de gestion

Au cours de l’été dernier, la Corporation de l’aéroport de Thetford, avec l’aide de la Ville, a lancé un appel d’offres afin de trouver un nouveau gestionnaire. Toutefois, la démarche n’a pas porté fruit. «Nous avons fait une première tentative, mais pour différentes raisons, nous devrons y retourner l’été prochain. Nous voulons obtenir le meilleur rendement possible et le meilleur potentiel de développement économique», a fait savoir le maire Marc-Alexandre Brousseau.

Il a confié que le mandat du gestionnaire actuel a récemment été prolongé d’un an afin de permettre à la Ville de préparer le prochain appel d’offres. «Nous inviterons des gestionnaires potentiels à nous faire part de ce qu’ils sont prêts à faire pour l’aéroport. En ce moment, le potentiel de développement économique est peut-être un peu plus limité. Nous allons voir de quelle façon nous pouvons aider à faire en sorte que nous ayons plus de retombées», a-t-il renchéri.

Aucune reddition de comptes

En entrevue, le maire Brousseau ne semblait toutefois pas très préoccupé par la façon dont les sommes accordées pour la gestion de l’aéroport sont dépensées. «Tout ce que nous faisons, c’est accorder un montant d’argent à un gestionnaire. Concernant ses opérations, ça ne nous regarde pas. Ce n’est pas une question pour nous. Nous investissons de l’argent pour qu’il offre le service pendant l’année», a-t-il affirmé.

L’un des membres de la compagnie à numéro ayant obtenu le contrat de gestion de l’aéroport de Thetford Mines, Érik Guillemette, admet n’avoir aucun compte à rendre aux membres de la Corporation, ni à la MRC des Appalaches, entourant les états financiers annuels, et ce, même si l’argent reçu provient de deniers publics. «Nous sommes une entreprise, nous n’avons pas à faire cela. Nous recevons de l’argent de la Corporation pour entretenir les infrastructures et payer les employés qui sont là six jours semaine. C’est à nous de nous organiser pour être capables d’arriver avec le montant que nous recevons», a-t-il admis.

Selon lui, le but premier n’est pas de faire des profits, mais de s’occuper de l’aéroport et de suivre les normes de Transports Canada. Il doit cependant fournir à la Corporation un rapport de mouvements tous les trois mois, mais absolument rien sur le plan financier.

Érik Guillemette estime qu’il y a actuellement une méconnaissance du dossier de la part des élus de la région. «Ils ne sont pas au courant de ce qui se passe ici. Ils ne viennent pas nous voir et c’est pour cela qu’ils disent n’importe quoi. Nous sommes toujours ouverts à les accueillir», a-t-il partagé.

 

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