Boston : témoignage d’un Thetfordois

Charles Lacroix, un sexagénaire de Thetford Mines, participait au dernier Marathon de Boston. Le marathonien présent lors de ce tragique événement a accepté de livrer un témoignage au COURRIER FRONTENAC. 

Charles Lacroix n’a pas été atteint physiquement par les projectiles des bombes, mais il a tout de même été touché au plan émotionnel. « Tout de suite après que les bombes aient explosé, ma course a été arrêtée. Un homme est venu nous dire quelque chose comme "marathon finished". J’étais très surpris. On nous a ensuite informés que deux bombes avaient explosé. J’étais alors à seulement un kilomètre du fil d’arrivée, à peine à quelques pas du lieu du drame. J’ai donc vu la scène aux premières loges. »

 

Procédures de sécurité

Immédiatement après la fin de la course, d’importantes mesures d’urgence ont été appliquées. « Des barrières ont été dressées. Personne ne pouvait entrer dans le centre-ville et tout le monde devait sortir. Les compétiteurs de mon peloton et moi étions bloqués en plein parcours. La police, l’armée, les ambulances et l’escouade antiémeute sont ensuite arrivées. On ne pouvait pas aller chercher nos effets personnels car on était retenu. J’ai donc eu le temps de voir cet affreux spectacle. »

Selon le coureur, l’application des mesures de sécurité et la vitesse d’exécution ont été exemplaires. « Je voyais passer les civières, ça beuglait, ça criait. Certains cherchaient leur femme, d’autres cherchaient leurs amis, mais toutes les précautions ont été prises. En six minutes, il y avait environ 100 ambulances sur place. Par la suite, un soldat m’a dit "reste ici on va aller te reconduire à ton hôtel quand ce sera le temps". Je n’avais jamais vu une aussi bonne organisation. Les autorités s’étaient préparées au pire. »

Charles Lacroix était alors en sécurité, mais la bonne nouvelle n’était pas encore connue. « Tout le monde était inquiet car je n’étais pas avec mon groupe. C’était le bordel autour de moi. Je voyais des enfants blessés et des gens qui gisaient sur le sol. Grâce aux milliers de personnes chargées de la sécurité, tout s’est bien déroulé. Certaines arrivaient même en hélicoptère. »

 

Fausse rumeur

Le marathonien a enfin pu demander à un agent de sécurité de téléphoner à son hôtel pour prévenir ses comparses. « Je devais le faire, car il y avait des rumeurs qui couraient à l’effet que deux Québécois étaient morts. Tout ce que je voulais c’était sortir de ce marasme et voir mes copains. Il y avait tellement d’émotions, c’était incroyable. »

Les coureurs abasourdis par la tragédie ont été très bien traités pendant l’attente qui semblait interminable. « Certains restaurateurs offraient de la nourriture. Ça a été vraiment bien, malgré l’horreur. On a pris grand soin de nous, mais c’était épouvantable, ça pleurait et il y avait du sang par terre. J’ai vu des gens ramasser des membres et les mettre dans des sacs comme des déchets. Ça n’avait pas de bon sens. Je pensais que je rêvais. »

En fin de compte, le Thetfordois est arrivé à son hôtel près de deux heures trente plus tard. « Mon copain Pierre Bourassa et moi étions les derniers Québécois rentrés. Mon but était alors d’avertir ma famille, ce que j’ai réussi à faire. Mon fils avait déjà été contacté par les médias. Il s’inquiétait, car il n’avait pas eu de nouvelles de moi et, avec les rumeurs de décès, c’était très difficile pour lui. »

Finalement, tout est bien qui finit bien pour notre marathonien. D’après son témoignage, le plus malheureux est que l’attentat de Boston soit un geste gratuit posé envers des athlètes de calibre international et les spectateurs présents.

 

En complément, visionnez la capsule vidéo dans laquelle Charles Lacroix résume ce qu’il a vécu.

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