«C’est comme si on nous séquestrait» – Bianca Binet

La nouvelle mesure empêchant les personnes non reconnues offrant des services de garde en milieu familial de se faire remplacer inquiète beaucoup de gens dans ce milieu.

Le 8 décembre dernier, la Loi sur les services de garde éducatifs à l’enfance a été modifiée par la Loi visant à améliorer la qualité éducative et à favoriser le développement harmonieux des services de garde éducatifs à l’enfance.

De nouvelles obligations ont été ajoutées, soit posséder une assurance civile, suivre un cours de secourisme et obtenir une attestation d’absence d’empêchement de la police pour toutes les personnes résidant à l’adresse du service de garde. On ne peut pas non plus y retrouver plus de six enfants, incluant ceux âgés de moins de 9 ans de la personne offrant le service.

Or, ce ne sont pas là les nouvelles mesures qui dérangent, mais plutôt celle empêchant ces personnes de se faire remplacer. «Les autres obligations, elles sont tout à fait normales, mais là c’est comme si on nous séquestrait», déplore Bianca Binet qui offre à Thetford Mines un service de garde en milieu familial non reconnu.

Cindy Madore soutient que la Loi pourrait aussi affecter les parents des enfants en services de garde non reconnus. (Photo Courrier Frontenac – Claudia Fortier)

Cette maman doit s’absenter de façon sporadique afin d’accompagner ses enfants à des rendez-vous, notamment en orthophonie. «Les parents des enfants de qui j’ai la charge sont très au courant et jamais je ne me ferais remplacer par quelqu’un qu’ils n’auraient pas approuvé. Le plus souvent, c’est ma mère, durant l’après-midi lorsque les petits dorment, qui vient me remplacer. Bien sûr, des membres de ma famille pourraient amener mes enfants à ces rendez-vous, mais je suis leur maman, alors je veux y être», explique-t-elle.

Même son de cloche du côté de Cindy Madore, qui offre aussi ce service à Thetford Mines. «On ne parle pas de s’absenter pour aller chez la coiffeuse ou l’esthéticienne, mais à des rendez-vous qui sont nécessaires pour notre santé et celle de nos enfants. Pour le reste des mesures, ça va de soi, c’est pour la protection des tout-petits. Toutefois, celle de nous empêcher de nous faire remplacer pourrait pas seulement nous brimer nous, mais aussi les parents si nous sommes obligées de fermer une journée à cause de cela», soutient-elle.

«Nous nous sentons toutes attaquées. Nous payons pour les quelques touts croches.» – Cindy Madore

Même si en théorie, ces dernières pourraient se faire remplacer par une autre personne répondant à toutes les obligations rattachées à la nouvelle Loi, en pratique, elles indiquent que cela est très irréaliste. «Il n’y a plus une seule personne qui voudra faire des remplacements dans de telles conditions», affirme Bianca Binet.

Pour la sécurité des enfants

Au bureau de Luc Fortin, ministre de la Famille, on souligne que ces changements ont été adoptés afin d’augmenter la sécurité des enfants puisque le ministère ne possède aucune information sur ces services de garde non régis.

«Nous ne savons pas combien il y en a, où ils se trouvent ou qui ils sont. Il a donc été décidé d’assurer la sécurité des enfants en ajoutant ces obligations. Nous ne pouvons pas faire d’entorse à la Loi pour les remplaçants, c’est pourquoi ils doivent eux aussi se conformer», soutient Karl Filion, attaché de presse du ministre de la Famille.

Notons que les conditions de la Loi visant à améliorer la qualité éducative et à favoriser le développement harmonieux des services de garde éducatifs à l’enfance sont en vigueur depuis le 1er mai dernier pour les personnes qui décideraient de créer leur propre service de garde en milieu familial non reconnu après cette date. Pour celles qui l’offraient avant cela, un droit acquis de transition a été octroyé jusqu’au 1er septembre 2019 afin qu’elles obtiennent tous les documents.