Crainte d’une double agriculture à l’horizon

La fin du programme d’assurance stabilisation des revenus agricoles (ASRA) pour les productions de maïs et de soya risque de creuser un fossé entre certains producteurs, selon les Producteurs de grains de Chaudière-Appalaches.

Les producteurs du Québec ont récemment voté pour l’abandon du programme de stabilisation. À la demande du ministre de l’Agriculture, Pierre Paradis, les agriculteurs avaient le choix en l’ASRA et les programmes Agri. Ils ont préféré ces derniers.

Ghislain Bélanger, président des Producteurs de grains de Chaudière-Appalaches, craint que les importants producteurs de maïs-grain et de soya du sud du Québec alternent leurs cultures au gré des fluctuations des marchés. Il redoute qu’elles se tournent vers le blé ou l’orge, des céréales toujours admissibles à l’ASRA, avant de retourner à leurs premières cultures, plus payantes.

«Ils vont repartir et laisser les déficits aux plus petits, envisage déjà M. Bélanger. Il faut être responsable à un moment donné.» Le président rappelle que les producteurs plus au nord, comme en Chaudière-Appalaches, n’arrivent pas à produire autant que leurs compatriotes du sud en raison du climat.

Faux dilemme

Pour Paul Doyon, président de l’UPA de Chaudière-Appalaches, déplore de son côté que agriculteurs n’auraient jamais dû choisir entre deux programmes dont ils ont besoin. «C’était un outil de sécurité pour les revenus qui permettait à des fermes de se spécialiser dans les grandes productions», rappelle M. Doyon.

Ghislain Bélanger reconnaît qu’en ce moment, les prix de certaines céréales sont bons. Cependant, si une nouvelle baisse prolongée survient, les producteurs d’ici n’auront plus de programmes, comme c’était le cas avec l’ASRA.

Les producteurs ont maintenant un an pour décider ensemble du sort des 68 millions de dollars provenant de l’assurance stabilisation des revenus agricoles.