Des gestes difficiles à comprendre

THETFORD. L’arrestation d’un individu de 22 ans de Thetford Mines pour des voies de fait graves commis à l’endroit d’un bambin de six mois, la semaine dernière, a semé la consternation au sein de la population. Plusieurs citoyens peinent à comprendre ce qui a pu mener l’individu à poser ce geste.

L’enquête s’est amorcée le jeudi 29 janvier dernier. La jeune victime a été transportée à l’hôpital de Thetford Mines pour ensuite être transférée dans un centre hospitalier spécialisé de la région de Québec, mais sa vie n’est pas en danger. Quant à l’individu, il demeure détenu et devait revenir au palais de justice mardi pour son enquête sur remise en liberté.

Plus d’un cas

Il va sans dire que ce n’est pas le premier cas de violence à l’endroit d’une personne d’âge mineur à survenir sur le territoire de la MRC des Appalaches dans les derniers mois. En effet, un homme de 41 ans de Thetford Mines a été arrêté, le vendredi 30 janvier, pour des voies de fait commis à l’endroit de deux personnes d’âge mineur. L’individu doit également répondre à une accusation pour avoir proféré des menaces de mort ou de causer des lésions corporelles à l’endroit d’une de ses présumées victimes. Les faits reprochés seraient survenus entre le 1er janvier et le 30 janvier dernier.

En décembre dernier, un homme de 32 ans de Disraeli a été accusé de voies de fait graves et de voies de fait armées contre son jeune enfant de trois ans. L’acte d’accusation fait mention d’événements s’étant produits depuis la naissance de l’enfant jusqu’à l’arrestation de l’homme. Finalement, Jean Poirier-Perreault a été arrêté en avril 2014 pour une histoire de bébé secoué. Il doit répondre à des accusations de voies de fait graves et de voies de fait causant des lésions corporelles à l’endroit d’un bébé de dix mois qu’il gardait au moment des faits.

Un problème plus profond

Le COURRIER FRONTENAC a tenté de comprendre ce qui peut mener un individu à commettre de tels gestes. La directrice générale de l’organisme Se parler… D’homme à homme de Thetford Mines, Marie-Claude Gagné, croit qu’il s’agit souvent d’hommes qui éprouvent des difficultés dans leur vie en général.

«Ça n’arrive pas comme ça par magie. Ce sont des personnes qui ont peu d’estime de soi. Des gens qui communiquent mal ce qu’ils vivent et ce dont ils ont besoin. Ils sont habitués d’encaisser et de reculer devant rien», mentionne Mme Gagné. «La consommation d’alcool et de drogues, ainsi que la dépendance aux jeux de hasard et d’argent peuvent augmenter le risque d’utiliser ce type de comportement», ajoute-t-elle.

À titre d’exemple, imaginons un individu sans emploi qui n’est pas capable de se trouver du travail et qui se chicane avec son ex-conjointe. Le bébé tombe malade et pleurs constamment. «Il se peut qu’un moment donné, il utilise un comportement violent. Je ne suis pas là pour les déresponsabiliser. Ils sont responsables à 100 % du choix de leur comportement. Par contre, ils ne sont pas toujours responsables du conflit. Il y a une nuance à faire », précise-t-elle.

Reconnaître son comportement

L’an dernier, l’organisme Se parler… D’homme à homme a retenu 65 demandes d’aide. Deux à trois rencontres d’évaluation sont toutefois nécessaires avant qu’un usager soit accepté. «Nous voulons avoir un portrait global de l’individu qui est devant nous. Quels sont les comportements qui ont été posés? Est-ce qu’il a un problème de consommation ou encore un diagnostic de maladie physique ou mentale? Qu’elle est sa situation financière? Comment ça va à son travail et quelle est sa routine de vie?», ajoute la directrice de l’organisme.

L’intervenant tente ainsi de comprendre ce qui fonctionne moins bien auprès de la personne qu’il a devant lui et essaiera de voir si l’individu va reconnaitre ses comportements. «À titre d’exemple, si j’ai un homme qui est judiciarisé et qu’il doit utiliser nos services dans le cadre de ses conditions de probation, mais que pour lui il n’y en a pas de problème, je ne l’accepterai pas. S’il reconnait ses comportements et si je vois qu’il y a une motivation claire, pendant l’évaluation, de vouloir changer et de vouloir travailler sur ce qu’il fuit depuis longtemps, à ce moment-là, on va le prendre dans nos services», indique Marie-Claude Gagné.

Les usagers qui assistent aux rencontres de groupes chaque semaine sont invités à parler de leurs comportements et des facteurs qui précèdent les gestes de violence. Ils apprennent à prévenir et à comprendre les signes qui font en sorte qu’ils peuvent utiliser un comportement violent avec un enfant ou un autre membre de leur famille. Ils acquièrent des techniques qui peuvent empêcher qu’ils aient ces mauvais comportements à nouveau.

Se parler… D’homme à homme

Cet organisme communautaire à but non lucratif existe depuis 1987 et a pignon sur rue au Centre communautaire Marie-Agnès-Desrosiers depuis déjà dix ans. L’organisme est fortement impliqué dans la prévention de la violence conjugale et familiale. Il possède une solide expertise en thérapie de groupe dans le domaine de cette importante problématique sociale. Pour plus d’information, il est possible de contacter l’organisme au 418-335-9717.

Vous l’avez dit sur Facebook

Lise-Andrée Vachon : Pauvre bébé! Il y en a trop qui ne méritent pas d’avoir des enfants. J’espère qu’il sera suivi, car les traumas apparaissent souvent après quelques années. Sortez-moi ce bébé de ce milieu!

Jean Dumas : Moi je considère ça comme une tentative de meurtre. Pourquoi ils se reproduisent ces gens-là? Aucune excuse n’est valable pour commettre des actes aussi barbares. Pauvre petit enfant!

Lisa Mfrenchie : Même si le contexte économique ou social peut être difficile, en tant que parent, rien n’excuse le geste.

Mélanie Grenier : J’espère que le dossier sera traité avec le sérieux qu’il mérite et que l’enfant sera réellement en sécurité. J’espère que l’homme sera jugé sévèrement et qu’il sera assez intelligent pour ne pas avoir d’autres enfants.