Des niveaux d’eau anormalement bas

Les niveaux anormalement bas des deux étendues d’eau principales de la région, soit le Grand lac Saint-François et le lac Aylmer, causent bien des maux de tête aux riverains et aux commerçants.

Au moment d’écrire ces lignes, le Grand lac Saint-François était un peu plus d’un mètre (trois pieds) en bas de son niveau moyen et à 1 mètre et demi (cinq pieds) en moins qu’habituellement en cette période, tandis que le lac Aylmer était un demi-mètre (un pied et demi) en dessous de la norme. Soulignons que les deux situations sont liées puisque la rivière Saint-François, qui est alimentée par le Grand lac, se décharge dans le lac Aylmer.

Selon des explications obtenues du Centre d’expertise hydrique du Québec (CEHQ) par l’Association des riverains du lac Aylmer (ARLA) et par l’Association du Grand lac Saint-François Secteur Sud (AGLSFSS), en raison du peu de neige accumulée au sol durant l’hiver dans le bassin versant et du peu de précipitations reçues ce printemps, le réservoir tarde à se remplir et à rejoindre la normale. Comme tous les ans, le niveau a été maintenu bas avant la crue printanière pour permettre de recevoir les eaux de la fonte des neiges et des précipitations habituelles en toute sécurité.

Pour satisfaire les exigences, un débit minimum est requis dans la rivière Saint-François, à la décharge du lac Aylmer. Compte tenu des circonstances, ce débit a été réduit légèrement pour éviter d’aggraver la situation.

Par ailleurs, une rumeur mentionne que le niveau de l’eau du lac Aylmer soit maintenu bas volontairement pour faciliter la reconstruction d’un pont. Cette information est toutefois complètement fausse selon l’ingénieur responsable de la gestion du niveau du lac Aylmer au CEHQ.

Une situation exceptionnelle

Le président du AGLSFSS, Michel Lamontagne, souligne que la situation qui prévaut actuellement est exceptionnelle. «Depuis qu’ils prennent les données, soit depuis 1988, c’est un record pour le printemps. En 1985, quand ils ont refait le barrage, c’était aussi arrivé, mais ils n’avaient pas les statistiques comme aujourd’hui. En 1985, si je me souviens bien, le lac était encore plus bas», explique le biologiste de profession.

Même si le ministère de l’Environnement a géré le barrage comme à l’habitude aux mois de janvier et février, le changement est venu en mars et avril. «S’il avait fermé le barrage davantage, aurait-on beaucoup plus d’eau? J’en doute. Peut-être quelque pouces de plus, mais là il nous manque trois pieds. Si on regarde le graphique sur le site Web du CEHQ, on remarque que depuis quelques semaines, les responsables ont vidangé beaucoup moins qu’à l’habitude.»

Il ajoute également que la situation était difficile à gérer puisqu’en ne vidangeant pas assez, ils risquaient des inondations.

Selon M. Lamontagne, en plus des riverains ayant du mal à mettre leur bateau à l’eau, surtout pour les grands voiliers, la situation a aussi des conséquences sur les commerçants. «À Lambton, où il y a une marina et un poste d’essence, ils n’ont pas pu mettre leur quai. C’est la même chose du côté de la marina à Coleraine. Les riverains ayant des quais sur roue peuvent toujours les pousser un peu plus loin, dépendamment de la pente. Ce n’est toutefois pas le cas de tout le monde.»