Élections fédérales 2015 : le niqab s’invite dans la course

THETFORD. La discussion autour du voile intégral a atteint la circonscription de Mégantic-L’Érable la semaine dernière. En effet, le candidat du Nouveau parti démocratique (NPD), Jean-François Delisle, dans une entrevue accordée à La Presse canadienne, s’était personnellement opposé au port du niqab lors de la prestation du serment de citoyenneté. Il s’est par la suite rétracté sur cette question.

«Thomas Mulcair est prêt à ouvrir la Constitution sur le Sénat, donc pourquoi il ne serait pas prêt à l’ouvrir sur cette question-là», avait d’abord déclaré le candidat néodémocrate.

«La liberté de religion qui était, dans les années 1980, celle qui était prônée par les élus en place (dans la Charte canadienne des droits et libertés), ce n’est plus nécessairement la même liberté de religion qu’on a aujourd’hui», avait-il renchéri.

«Depuis les années 1980, le monde a changé. Il est arrivé beaucoup de mouvements radicaux de toutes sortes. Je n’aimerais pas ça voir le type de religion qui pourrait s’inventer dans les prochaines années si la liberté de religion devenait une liberté plus forte que les droits collectifs des gens», ajoutait-il.

Cette prise de position était contradictoire avec celle de son chef, Thomas Mulcair, et de son parti. Rappelons que le NPD s’était montré en accord avec la décision de la Cour fédérale d’appel autorisant le port du niqab pendant la prestation du serment de citoyenneté canadienne.

À la suite de la sortie de l’article de La Presse canadienne, M. Delisle avait fait parvenir une déclaration dans laquelle il disait avoir tenu des propos «maladroits» et «contradictoires».

Luc Berthold réagit

Il n’en fallait donc pas plus pour que l’un de ses opposants dans la course, le candidat du Parti conservateur Luc Berthold, pointe du doigt le changement de cap du Néodémocrate.

«Vendredi, nous avons appris que le candidat du NPD dans Mégantic-L’Érable, Jean-François Delisle, était en désaccord avec son propre chef concernant les cérémonies de citoyenneté à visage découvert. Et samedi,  il se rétracte en affirmant qu’il a émis des propos maladroits et contradictoires. Quand on fait de la politique, il faut dire ce qu’on fait et faire ce qu’on dit. On ne peut pas souffler le chaud et le froid en même temps», a affirmé M. Berthold par voie de communiqué.

«Aujourd’hui, tous se questionnent encore sur les réelles convictions du candidat du NPD, Jean-François Delisle.  Est-il en train de réaliser que la position de son chef Tom Mulcair  ne respecte pas les valeurs des électeurs de Mégantic-L’Érable? Est-ce que le candidat du NPD mettra ses valeurs personnelles en veilleuse pour se plier aux volontés de son parti, ou se tiendra-t-il debout en démissionnant pour défendre jusqu’au bout les électeurs et électrices de Mégantic-L’Érable», s’interroge le candidat conservateur. 

Selon lui, une majorité de Canadiens estime que les nouveaux citoyens devraient être vus et entendus quand ils prêtent serment. Il ajoute qu’un gouvernement conservateur réélu va introduire et adopter la Loi sur le serment de citoyenneté dans les 100 premiers jours de la nouvelle législature.

«Ma position est claire sur ce sujet et j’espère que M. Delisle se rangera derrière la population de Mégantic-L’Érable en dénonçant la position de son parti qui ne respecte pas nos valeurs», conclut Luc Berthold.

La position prise par ce dernier semble d’ailleurs trouver échos, notamment sur Facebook, où son point de vue sur le port du niqab est devenu viral, dépassant dimanche le million d’utilisateurs atteints et suscitant près de 60 000 mentions «J’aime».  

Berthiaume soutient la liberté des femmes

Invité à partager son point de vue sur la question, le candidat du Parti libéral, David Berthiaume, a tenu à rappeler que les femmes portant le niqab se dévoilent afin d’être identifiées formellement avant la cérémonie et que le débat alimenté par les Conservateurs n’a rien à voir avec la question de l’identification.

«Il est d’abord important de reconnaître qu’il s’agit d’un enjeu émotif et sensible qui suscite les passions. La question ici n’est pas d’être en accord ou en désaccord avec le niqab, ni d’être confortable ou non avec celui-ci. La question est de protéger la liberté des femmes qui décident de le porter», mentionne-t-il.

Selon lui, une société libre ne peut d’un côté prétendre défendre les libertés d’une personne et de l’autre lui dicter quoi porter et ne pas porter.  «Les libertés doivent primer sur l’inconfort personnel», dit-il.

«M. Harper a décidé de diviser les Canadiens sur cet enjeu et d’utiliser ces femmes à des fins politiques, le Parti libéral du Canada fait un choix différent», conclut David Berthiaume.