Implantation d’un Centre de pédiatrie sociale à Thetford Mines

Un Centre de pédiatrie sociale est sur le point d’ouvrir ses portes dans la région de Thetford. Sa mission sera de desservir la clientèle des enfants en situation de vulnérabilité.

Selon des statistiques du dernier recensement du ministère de l’Éducation, 1370 enfants seraient concernés dans la MRC des Appalaches, ce qui représente 24 % de tous les jeunes de la région. L’instigateur de ce projet est Julien Le Beller, un infirmier clinicien de profession. Arrivé dans la région il y a moins d’un an avec sa conjointe, M. Le Beller travaille sur ce dossier depuis quelques mois déjà.

«J’ai pris contact en novembre dernier avec la Fondation du Dr Julien, un médecin pédiatre fondateur de la pédiatrie sociale telle qu’on la connaît aujourd’hui. Sa fille, Maude, est ma mentore dans ce projet», raconte M. Le Beller.

La MRC des Appalaches est le deuxième endroit en Chaudière-Appalaches, après Lévis, où un tel service sera offert. «Quand on dit «situation de vulnérabilité», on insiste sur le mot situation puisqu’on ne traite pas les enfants de vulnérables. On considère qu’ils ont toujours une chance de s’en sortir. Quand on parle de vulnérabilité, ce sont tous les enfants qui sont victimes d’insécurités financière et alimentaire, de l’instabilité parentale, de violence physique, psychologique et sexuelle, ainsi que de plusieurs autres situations négatives», explique l’infirmier clinicien.

La maladie n’est donc pas le seul critère afin d’être pris en charge par le Centre de pédiatrie sociale. «Il faut simplement qu’il y ait un contexte psychosocial de défavorisation. Nous définissons cette situation dans notre jargon comme un stress toxique. C’est là-dessus que nous allons travailler afin de diminuer ou d’éliminer ces stress qui nuisent au développement de l’enfant.»

Disponibilité et suivi

Le cœur de l’équipe clinique du Centre de pédiatrie sociale sera constitué d’un médecin et d’un travailleur social. En plus de M. Le Beller comme infirmier, d’autres spécialistes comme un orthothérapeute ou un physiothérapeute pourraient aussi les joindre.

«Le travailleur social va faire le pont entre les besoins et les services qu’il pourrait aller chercher dans la communauté et les institutions locales. La pédiatrie sociale n’essaie pas d’avoir une exclusivité de la clientèle. Le but est de réintégrer ces enfants qui tombent un peu entre deux chaises dans le système. Nous voulons redonner confiance envers le système aux gens qui l’ont perdu», soutient Julien Le Beller.

Ce dernier ajoute que le but est d’accompagner les parents et leurs enfants et non pas de tout faire à leur place. Le Centre de pédiatrie sociale veut essayer de redonner leur autonomie aux gens pour qu’ils soient fonctionnels dans le système.

Pour l’instant, deux médecins sont associés au projet, soit Dre Paule Donati-Daoust et la conjointe de M. Le Beller, Dre Sindy Faucher. Selon lui, la partie attractive du projet est la présence et la disponibilité de praticiennes.

«Quand quelqu’un va voir son médecin de famille dans un Groupe de médecine de famille, généralement, ce sont des rencontres qui durent de 15 à 20 minutes. Avec nous, il y aura une évaluation initiale, ce qui est la partie la plus importante. Tous les professionnels du centre de pédiatrie y seront. À la fin de la rencontre, il y aura un plan intégré qui se créera avec tous les professionnels et un suivi sera fait. Nous leur offrons la disponibilité et l’intensité nécessaires parce que c’est une clientèle qui en a besoin», souligne l’instigateur du projet.

Prioriser les endroits critiques

Quand le Centre ouvrira ses portes en novembre, trois secteurs de la MRC des Appalaches seront desservis. «Même si notre intention est d’aider tout le monde, nous ne serons pas capables tout de suite de le faire toute de suite. Notre but dans un premier temps était d’identifier, avec l’aide des écoles, les endroits les plus défavorisés de la région», mentionne M. Le Beller, ajoutant que la première année, le Centre a l’intention de prendre 100 enfants en charge, pour se rendre à 400 la troisième année.

La démarche a identifié Thetford Mines avec trois écoles, soit Saint-Noël, Saint-Gabriel et Plein-Soleil, comme le point central des opérations. Un bail a d’ailleurs été signé avec le Centre communautaire Marie-Agnès-Desrosiers situé au centre-ville. Ensuite, il y aura les écoles de Saint-Joseph-de-Coleraine, Disraeli et Beaulac-Garthby. «À la demande des maires, nous avons décidé d’inclure une municipalité située au nord, soit Saint-Pierre-de-Broughton. Ce n’est pas coulé dans le béton, mais pour l’instant c’est ce qui a été choisi.»

M. Le Beller informe que les intervenants du Centre ont l’intention de se déplacer une fois toutes les quatre semaines à l’extérieur de Thetford Mines pour essayer de rejoindre les communautés. «Il faut souligner que 70 % des effectifs médicaux et des pharmacies de la MRC sont centralisés sur le territoire de la ville. Notre but en identifiant les points névralgiques c’est de donner une chance aux gens ayant de la difficulté à se déplacer.»

Financement

Le financement de cet organisme à but non lucratif se fait de trois façons: avec l’aide de la communauté, notamment grâce à la Guignolée du Dr Julien, grâce à l’implication des gens d’affaires et enfin, par l’entremise de la Fondation du Dr Julien. «Le gouvernement a octroyé un financement d’un peu plus de 22 millions $ auprès de la Fondation avec le mandat d’augmenter le nombre de prises en charge dans les centres de pédiatrie sociale. L’objectif est de hausser de 4000 à 20 000 le nombre de prises en charge», indique Julien Le Beller.

Dans la région, les Caisses Desjardins se sont ajoutées comme partenaires alors que la MRC des Appalaches a consenti une aide financière annuelle d’un dollar par habitant pour les trois prochaines années.

«La MRC des Appalaches a autant de prestataires d’aide sociale qu’à Lévis, tout en ayant trois fois moins de population. Le nombre de déclarations à la DPJ va aussi en augmentant depuis 2011-12. En Chaudière-Appalaches, le nombre de signalements retenus a augmenté de 12 %. C’est ce qui justifie notre implantation ici», conclut M. Le Beller.

Quelques statistiques : MRC des Appalaches

–          Le taux de chômage est de 5,6 %. La MRC figure parmi les quatre MRC du territoire affichant les plus hauts taux de chômage.

–          25 % des enfants à la maternelle (5 ans) sont vulnérables dans au moins un domaine.

–          Le taux de décrochage chez les garçons de la région est de 22,5 %. C’est la plus élevée des autres commissions scolaires de Chaudière-Appalaches.

–          7 % des familles vivent sous le seuil de faible revenu. Pour la région de Chaudière-Appalaches, ce taux est de 4,8 %.